Lagardère : beaucoup de monde au tour de table !
Après Vivendi et Marc Ladreit de Lacharrière, le groupe Arnault fait une entrée remarquée dans le dossier…
Décidément, le groupe Lagardère suscite de nombreuses marques d’intérêt ! La dernière en date vient du groupe Arnault (actionnaire majoritaire de LVMH) qui vient de prendre environ un quart du capital de LCM, la structure avec laquelle Arnaud Lagardère gère son groupe, ainsi que sa participation qui se monte à 7,3% du capital. L’opération qualifiée d’amicale et réalisée à la fois par augmentation de capital et achats de titres LCM, devrait permettre à Arnaud Lagardère de réduire le poids de sa dette personnelle tout en renforçant son pouvoir face à la pression exercée par le fonds activiste, Amber Capital qui n’est pas parvenu à faire voter le renouvellement du conseil de surveillance lors de la dernière assemblée générale du 5 mai. A cette occasion, Arnaud Lagardère avait déjà pu bénéficier du soutien de grands noms du capitalisme français, à savoir Vincent Bolloré (à travers Vivendi) et Marc Ladreit de Lacharrière, venus à la rescousse juste avant l’assemblée. Alors que Marc Ladreit de Lacharrière s’est contenté de prendre une participation d’un peu moins de 5% dans Lagardère, Vivendi s’est montré plus gourmand en montant à 10% du capital, puis 13,3% et 16,4% tout récemment. De quoi contrer les ambitions du fonds Amber qui détient 18% du capital.
Reste que les nouveaux venus au tour de table ne sont généralement pas de simples spectateurs et auront à cœur de valoriser leur participation ou d’obtenir des compensations. Désormais recentré sur l’édition et le travel retail (commerces sur les lieux de voyage), le groupe dirigé par Arnaud Lagardère a encore d’autres activités susceptibles d’intéresser ses nouveaux actionnaires : comme les salles de spectacles ou les médias (notamment la radio Europe1). Vivendi est par ailleurs présent dans l’édition. De là à imaginer un partage des actifs du groupe entre tous ces prétendants, il n’y a qu’un pas que certains observateurs n’hésitent pas à franchir.
Le statut de commandite en question
Mais tant que la société Lagardère jouit d’un statut de commandite, Arnaud Lagardère reste maître à bord avec seulement 7,3% du capital. Cette arme est malgré tout à double tranchant car ne permet pas de valoriser correctement le groupe sur les marchés financiers et fait beaucoup de mécontents parmi les actionnaires. L’action est tombée à des niveaux sans rapport avec la valeur réelle des actifs. D’où l’idée qu’Arnaud Lagardère pourrait accepter d’abandonner la commandite en échange d’une augmentation de sa participation dans son groupe. Auquel cas tout le monde pourrait y gagner.
Sur un plan strictement fondamental, l’activité de Lagardère a été fortement impactée par la pandémie de covid-19, notamment la partie travel retail. Au cours du premier trimestre, le chiffre d’affaires a limité son recul à 12,5%, mais le deuxième trimestre s’annonce beaucoup plus difficile. Pour le seul mois d’avril, la direction anticipait une chute de 45% des ventes dans l’édition et un effondrement de 90% dans le travel retail.
Des mesures ont été prises pour adapter les coûts à cette situation, mais l’impact en termes de résultats opérationnel pour l’ensemble de l’exercice pourrait être de 20% à 25% de la baisse du chiffre d’affaires constaté dans le travel retail et de 35% à 40% de la baisse des ventes dans l’édition.
Il faudra donc attendre 2021 pour retrouver des niveaux de résultats plus conformes à ceux des années passées. Dans cette perspective et au regard de l’attractivité de certains actifs, le dossier apparait toujours faiblement valorisé en bourse. S’ajoute à cela une dimension spéculative évidente liée à l’arrivée de plusieurs actionnaires au capital, dont les motivations peuvent diverger. Reste une inconnue de taille : Arnaud Lagardère aura-t-il besoin de
maintenir une politique de distribution généreuse alors qu’il vient de réduire sa dette à l’occasion de l’entrée du groupe Arnault dans sa holding personnelle ?
Notre conseil : Arnault Lagardère va devoir contenter ses nouveaux actionnaires en accélérant le recentrage de son groupe et en étudiant la suppression du statut de commandite, ce qui devrait être bénéfique pour l’action. On peut encore acheter Lagardère sous 13 euros. Code Isin : FR0000130213.
Conseils sur Lagardère
Tous les conseilsLagardère : les résultats s’améliorent et la dimension spéculative demeure
Profitant de la reprise du trafic aérien, le groupe spécialisé dans l’édition et les commerces sur les lieux de voyage renoue avec des résultats records. La fin de l’OPA de Vivendi prévue l’an prochain pourrait inciter ce dernier à faire évoluer le périmètre.
Lagardère : un actif stratégique pour Vivendi ?
Le groupe d’édition et de travel retail constituera finalement un des piliers de la stratégie future de Bolloré mais son périmètre pourrait évoluer, tout comme le tour de table aujourd’hui, contrôlé majoritairement par Vivendi. Un retrait de la cote sur les mêmes conditions que la dernière OPA ne peut être exclu à terme.
Lagardère, pas d’OPA de Vivendi dans l’immédiat
Déjà actionnaire de 60% de Lagardère, Vivendi étend jusqu'à mi-juin 2025 la période d'exercice des droits de cession des actions Lagardère à un prix de 24,10 euros. Le reste du capital (18% des titres) ne se verra pas offrir une porte de sortie pour l'instant. Raison pour laquelle le titre Lagardère est décoté.
Lagardère pour le rendement et sa dimension spéculative
Sans que l'on puisse anticiper précisément à quel horizon interviendra le rachat par Vivendi des 18% du capital de Lagardère non encore contrôlés, le groupe n'est pas cher et devrait continuer de verser un dividende généreux offrant un rendement de 6%.