Lagardère : à couteaux tirés avec le tandem Vivendi/Amber
Le dossier Lagardère donne lieu à une véritable lutte d’influence entre les plus grands capitaines d’industrie français. Arnaud Lagardère, avec l’appui de Bernard Arnault, le patron de LVMH, vient d’obtenir un nouveau mandat de gérant de quatre ans à la tête de la commandite. De leur côté, Amber Capital et Vincent Bolloré devraient demander la convocation en septembre d’une nouvelle assemblée générale pour obtenir des sièges au conseil de surveillance. Pas sûr qu’ils parviennent à leurs fins.
Branle-bas de combat dans le microcosme du capitalisme parisien. Les deux plus grands patrons français, Bernard Arnault, d’un côté, et Vincent Bolloré, de l’autre, fourbissent leurs armes autour du groupe Lagardère. Avec en arbitre un autre grand capitaine d’industrie français : Marc Ladreit de Lacharrière. Le point commun entre ces trois hommes? Ils ont volé au secours d’Arnaud Lagardère au printemps dernier face à la menace du fonds d’investissement, Amber Capital. Celui-ci, premier actionnaire à l’époque avec 20% du capital, cherchait à fédérer autour de lui suffisamment d’actionnaires lors de la dernière assemblée générale pour placer ses hommes au conseil de surveillance et infléchir la politique du groupe en forçant Arnaud Lagardère, dont le mandat de gérance devait arriver à échéance en mars 2021, à se retirer. Avec l’appui de l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy, Vincent Bolloré et Marc Ladreit de Lacharrière, sont montés au tour de table de Lagardère à hauteur de respectivement 23% et environ 3%, parvenant à faire obstacle au printemps à la tentative de putsch d’Amber à l’assemblée.
Bolloré intéressé par le pôle médias de Lagardère
Sauf que depuis, Vincent Bolloré a retourné sa veste pour s’allier au fonds d’investissement Amber en vue de demander la convocation d’une assemblée générale et entrer au conseil de surveillance (3 membres pour Amber et 1 pour Vincent Bolloré, via Vivendi). L’objet de ce volte-face de l’homme d’affaires breton concernerait la gérance de Lagardère. Il semblerait que la promesse lui avait été faite au printemps par Nicolas Sarkozy qu’Arnaud Lagardère ne poursuivrait pas son mandat au-delà de mars 2021. Autre grief : le pôle édition de Lagardère est également en compétition avec Vivendi pour racheter l’éditeur américain Simon & Schuster. Vincent Bolloré lorgne également la branche médias (édition et Europe 1) de Lagardère. Pour éviter un démantèlement du groupe créé par son père défunt, Arnaud Lagardère est parvenu en début de semaine à faire voter par le conseil de surveillance un nouveau mandat de gérant de quatre ans lui permettant, avec seulement 7,3% du capital, de continuer de contrôler et de diriger son groupe.
Et maintenant?
Il est appuyé dans cette démarche par le patron de LVMH, Bernard Arnault, qui s’apprête à entrer au niveau de la commandite à hauteur de 27% pour l’aider à alléger la pression financière que lui met le Crédit Agricole pour rembourser ses dettes personnelles (160 millions). Visiblement Bernard Arnault partage le même objectif qu’Arnaud Lagardère : conserver l’intégrité du groupe fondé par Jean-Luc Lagardère. Que va-t-il se passer maintenant? Amber Capital et Vincent Bolloré ne devraient pas tarder à contre attaquer en demandant la convocation d’une assemblée générale, une initiative qui sera naturellement refusée par Arnaud Lagardère et ce sera au tribunal de commerce de trancher le litige. Mais il semble que même en parvenant à entrer au conseil de surveillance, Amber Capital et Vivendi ne seraient pas en mesure juridiquement de mettre fin à la commandite par action et au mandat d’Arnaud Lagardère. Raison pour laquelle le lancement d’une OPA ne servirait à rien. Reste aux différentes parties prenantes à s’asseoir autour d’une table pour négocier et faire en sorte que l’action Lagardère efface l’importante décote qu’elle accuse par rapport à la valeur des actifs.
Après être parvenus à renforcer la position détenue dans le cadre du coin du spéculateur à 11,80 euros le 31 juillet, nous recommandons à nos abonnés déjà actionnaires du groupe de conserver leurs titres. Les autres pourront acheter la valeur vers 14,50 euros.
Notre conseil: conservez Lagardère (code : FR0000130213) pour viser un objectif de cours de 20 euros.
Conseils sur Lagardère
Tous les conseilsLagardère : les résultats s’améliorent et la dimension spéculative demeure
Profitant de la reprise du trafic aérien, le groupe spécialisé dans l’édition et les commerces sur les lieux de voyage renoue avec des résultats records. La fin de l’OPA de Vivendi prévue l’an prochain pourrait inciter ce dernier à faire évoluer le périmètre.
Lagardère : un actif stratégique pour Vivendi ?
Le groupe d’édition et de travel retail constituera finalement un des piliers de la stratégie future de Bolloré mais son périmètre pourrait évoluer, tout comme le tour de table aujourd’hui, contrôlé majoritairement par Vivendi. Un retrait de la cote sur les mêmes conditions que la dernière OPA ne peut être exclu à terme.
Lagardère, pas d’OPA de Vivendi dans l’immédiat
Déjà actionnaire de 60% de Lagardère, Vivendi étend jusqu'à mi-juin 2025 la période d'exercice des droits de cession des actions Lagardère à un prix de 24,10 euros. Le reste du capital (18% des titres) ne se verra pas offrir une porte de sortie pour l'instant. Raison pour laquelle le titre Lagardère est décoté.
Lagardère pour le rendement et sa dimension spéculative
Sans que l'on puisse anticiper précisément à quel horizon interviendra le rachat par Vivendi des 18% du capital de Lagardère non encore contrôlés, le groupe n'est pas cher et devrait continuer de verser un dividende généreux offrant un rendement de 6%.