Lagardère, pas d’assemblée générale avant sept mois
C’est avec soulagement que l’hériter de Jean-Luc Lagardère a accueilli la décision du tribunal de commerce de Paris refusant à Vincent Bolloré et au fonds activiste britannique, Amber Capital, la convocation en urgence d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires en vue d’entrer au conseil de surveillance. De quoi laisser le temps à Arnaud Lagardère et Bernard Arnault de continuer à monter au capital du groupe éponyme et d’organiser une riposte. Mais Vincent Bolloré n’a sans doute pas dit son dernier mot….
Surprise pour les uns et soulagement pour les autres…. Le tribunal de commerce de Paris a rendu son verdict à la clôture de la séance du 14 octobre dans l’affaire opposant Arnaud Lagardère, le gérant commandité du groupe fondé par son père défunt et Vincent Bolloré, via Vivendi, ainsi que le fonds activiste britannique, Amber Capital. La justice a rejeté la demande de convocation en urgence d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires de Lagardère exigée par l’homme d’affaires breton et le fonds britannique. Aux motifs que « Vivendi et Amber Capital n’ont pas démontré (avec cette demande) qu’ils poursuivaient un autre but que celui de leurs intérêts propres ». Effectivement, l’objectif des deux plus gros actionnaires (47% du capital à eux deux) en convoquant les actionnaires de Lagardère était d’entrer au conseil de surveillance et d’obtenir quatre sièges afin ensuite d’exiger un audit démontrant les erreurs de gestion commises par Arnaud Lagardère tenu responsable des mauvais résultats de son groupe et de l’effondrement du cours de bourse de l’action. Egalement sur ce dernier point, le tribunal de commerce ne partage pas l’analyse de Vincent Bolloré et du fonds Amber Capital puisqu’il invoque les conséquences de la crise sanitaire.
Pour Arnaud Lagardère, cette décision de justice est un véritable soulagement à la fois parce qu’elle valide le renouvellement pour quatre ans de son mandat d’associé gérant qu’il s’est voté en urgence par le conseil de surveillance en plein 15 août avant que Vincent Bolloré (via Vivendi) n’accélère sa montée au capital de Lagardère SCA et parce que cette décision lui permet de gagner sept mois jusqu’à la prochaine assemblée générale des actionnaires qui se tient habituellement en mai de chaque année. D’ici là, il a le temps avec son chevalier blanc en la personne de Bernard Arnault, le célèbre patron du leader mondial du luxe, qui est venu lui prêter main forte en septembre en entrant à concurrence de 27% dans la commandite par action et en prenant également une participation de 7,26% directement dans la société cotée, Lagardère SCA. A eux deux, ils détiennent de concert 15% du tour de table du groupe et restent largement minoritaires face au duo Vincent Bolloré et le fonds Amber (47%) auquel il est possible d’associer le Qatar (13,7% du capital et 20% des droits de vote) favorable à la requête d’entrer au conseil de Bolloré et du fonds. Arnaud Lagardère et Bernard Arnault disposent donc de sept mois pour organiser une riposte.
La réduction du flottant entretient l’effet de rareté sur l’action Lagardère
Un renforcement de leur participation au capital de Lagardère est très probable et leurs achats devraient continuer de réduire le flottant en Bourse et d’entretenir l’effet rareté sur le titre avec comme conséquence une poursuite de la hausse du cours de bourse. Les deux hommes d’affaires vont également profiter de ces sept mois pour négocier la fin de la structure juridique de la commandite par action qui bloque tout projet d’OPA sur Lagardère. Bernard Arnault avant d’épauler Arnaud Lagardère avait obtenu son accord pour faire sauter ce verrou. Ils doivent désormais négocier un dédommagement sous forme de titres Lagardère qui augmentera la participation d’Arnaud Lagardère.
Mais de son côté, Vincent Bolloré n’a pas dit son dernier mot. Il entend faire appel de la décision du Tribunal de Commerce de Paris et pourrait d’ici le mois de mai 2021 et la prochaine assemblée générale des actionnaires racheter la part de 20% détenue par le fonds britannique Amber Capital, l’obligeant dans la foulée à lancer une OPA sur le reste du capital de Lagardère SCA. Avec l’objectif au final de récupérer le pôle édition de Lagardère pour l’associer à celui de Vivendi. De son côté, Bernard Arnault a promis à Arnaud Lagardère de veiller à l’intégrité du groupe en mémoire de son père défunt. Tiendra-t-il parole alors la branche des boutiques sur les lieux de transport et les actifs médias comme Europe 1, Paris Match ou Elle l’intéressent?
De quoi réserver beaucoup de volatilité sur le titre Lagardère dont il faudra profiter pour se positionner sur le dossier.
Notre conseil : achetez Lagardère à 22,50 euros pour viser un objectif de cours de 30 euros (code : FR0000130213)
Conseils sur Lagardère
Tous les conseilsLagardère : les résultats s’améliorent et la dimension spéculative demeure
Profitant de la reprise du trafic aérien, le groupe spécialisé dans l’édition et les commerces sur les lieux de voyage renoue avec des résultats records. La fin de l’OPA de Vivendi prévue l’an prochain pourrait inciter ce dernier à faire évoluer le périmètre.
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Le groupe d’édition et de travel retail constituera finalement un des piliers de la stratégie future de Bolloré mais son périmètre pourrait évoluer, tout comme le tour de table aujourd’hui, contrôlé majoritairement par Vivendi. Un retrait de la cote sur les mêmes conditions que la dernière OPA ne peut être exclu à terme.
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