Le bout du tunnel est-il en vue pour le titre Compagnie des Alpes? Le marché y croit au regard du formidable rebond de 40% du cours de bourse du titre de cet acteur mondial de l’industrie des loisirs observé depuis le 9 novembre, jour où le laboratoire américain, Pfizer a communiqué sur un taux d’efficacité de plus de 90% de son futur vaccin contre le covid. Il est vrai qu’à l’instar des secteurs des loisirs et de l’hôtellerie, cette filiale, contrôlée à 39% par la Caisse des Dépôts et Consignations, paie un lourd tribut à la crise sanitaire. En raison de son exercice fiscal décalé (octobre à septembre) et d’une saison hivernale réussie pour son portefeuille de 11 domaines skiables gérés, le groupe a relativement bien tiré son épingle du jeu au premier semestre, n’étant pénalisé que sur les 15 derniers jours du mois de mars. A partir d’un chiffre d’affaires en décroissance de 5,6% à 470,5 millions, le résultat opérationnel s’est contracté de 29,6% à 74,5 millions et le bénéfice net s’est replié de 26,2% à 47,7 millions. Mais c’est au troisième trimestre que le plein effet de la crise sanitaire s’est fait sentir avec la fermeture à la fois des domaines skiables et des 13 parcs d’attraction. Compagnie des Alpes a ainsi vu ses revenus chuter de 92,5% à seulement 12,95 millions. Le dernier trimestre (la période d’été de juillet à septembre) a marqué un redressement de l’activité avec un repli « limité » de 28,2% à 132,2 millions. Avec la levée du confinement, le groupe a profité de l’attirance des ménages pour passer leurs vacances d’été à la montagne. Le chiffre d’affaires a ainsi progressé de 9,7% mais sa faible contribution à l’activité globale de la société à cette époque de l’année n’a pas permis de peser sur la tendance du dernier trimestre. Dans les parcs de loisirs, les limitations du nombre de visiteurs (en Belgique, au Pays-Bas et en Autriche) et les mesures de distanciation ailleurs se sont logiquement traduites par un recul de 30,2% des revenus de la branche à 118,9 millions. Une performance moins mauvaise qu’espérée par la direction qui tablait sur un recul de l’ordre de 40%. Pour autant, l’exercice se solde au final par une contraction de 27,9% des revenus à 615,6 millions.

Vers une saison hivernale encore difficile

Sans attendre, la publication prévue le 8 décembre des comptes annuels, Compagnie des Alpes anticipe une marge brute opérationnelle de 32% pour le pôle des domaines skiables grâce à une bonne maîtrise de la structure de coûts. Par contre, pour la branche des parcs de loisirs, l’excédent brut opérationnel sera en perte. Le consensus de marché recueilli par Factset table au final sur un excédent brut d’exploitation de 75 millions, sur une perte opérationnelle de 58 millions et de 57 millions après impôt. Bien évidemment, l’arrivée des vaccins et la vitesse à laquelle les mesures du reconfinement seront levées impacteront directement la qualité de l’exercice 2020/2021 de Compagnie des Alpes. Il faut aller vite sachant qu’elle dépend en grande partie de la fréquentation des domaines skiables pendant la saison hivernale qui devrait, sauf bonne surprise, être amputée par le maintien des mesures de confinement pendant les fêtes de Noël. Compagnie des Alpes devrait redevenir malgré tout rentable avec un retour à un bénéfice opérationnel de 40 millions et un profit net de 21 millions. Il faudra véritablement attendre 2022 pour que le groupe renoue avec son plein potentiel.

A23,1 et 8,6 fois les profits estimés pour cette année et 2021/2022, le titre n’est pas très cher. En témoigne la décote de 40% sur les fonds propres de la société. Pour autant, le dossier manque encore de visibilité et apparaît risqué.

Notre conseil : Restez à l’écart de Compagnie des Alpes (code : FR0000053324).