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Julien Blanchard, président du directoire de Hoffmann Green : « la dynamique commerciale est très encourageante »

Très belle réussite boursière depuis son introduction sur la place parisienne, ce cimentier décarboné monte en puissance et s’impose progressivement auprès de tous grands acteurs de la filière du bâtiment. Son patron, Julien Blanchard fait le point sur ses perspectives.

Julien Blanchard, président du directoire de Hoffmann Green
Julien Blanchard, président du directoire de Hoffmann Green

La crise sanitaire a-t-elle retardé la montée en puissance de la société ?

Julien Blanchard : Effectivement, à très court terme, elle a légèrement décalé l’objectif de production fixé au terme du dernier exercice. Mais dès le premier confinement au mois d’avril, nous avions prévenu le marché en révisant en baisse notre ambition. En revanche et c’est le plus important à notre sens, le plan à long terme (2025-2026) reste d’actualité. Il prévoit une capacité de production de 550.000 tonnes, un chiffre d’affaires de 120 millions assorti d’une marge brute d’exploitation de 40%.

Comment s’est finalement déroulé l’exercice 2020 ?

J. B : il s’est révélé en ligne avec les objectifs ajustés au printemps 2020. Hoffmann Green a  produit un peu plus que prévu avec 1775 tonnes de ciment décarboné sortie de notre usine de Bournezeau en Vendée. Cela a généré un chiffre d’affaires symbolique de 504.000 euros et une perte opérationnelle de 5,88 millions compte tenu des charges engagées pour accélérer notre montée en puissance. Après impôt, la perte s’est élevée à 6,11 millions. Grâce à l’introduction en bourse, la structure financière de la société est extrêmement saine avec une trésorerie nette de 56 millions pour des fonds propres de 65 millions. La dynamique commerciale observée au second semestre malgré la crise sanitaire s’est révélée très satisfaisante et encourageante avec la signature de contrats importants auprès d’acteurs reconnus du monde de la construction comme Eiffage Génie Civil, Cemex, GCC ou KP1 qui nous offrent une excellente visibilité sur les trois à cinq prochaines années. Pour cette année, l’objectif est d’atteindre le point mort opérationnel à partir d’un volume de production de 20.000 tonnes de ciment décarboné.

Votre carnet de commandes continue-t-il d’augmenter ?

J. B : Il a progressé de 18,4% pour s’établir à 190.000 tonnes à livrer à un horizon de 3 à 5 ans. Il représente un chiffre d’affaires de l’ordre de 44 millions. Comme évoqué, les contrats signés avec Eiffage Génie Civil ou Cemex sont très importants. Par exemple, celui remporté auprès du cimentier mexicain Cemex vise à profiter de son réseau de distribution sur l’île de France pour vendre le béton Hoffmann Green sur plusieurs chantiers de nos clients comme celui de logements situé à Saint-Leu-La-Forêt dans le Val d’Oise mené par GCC. Les partenariats sont donc croisés et permettent de faire travailler l’ensemble de la filière du bâtiment, du cimentier au donneur d’ordre. D’autres gros chantiers utilisent nos ciments comme celui de la piscine de Pantin mené par Bouygues.

Où en est la structuration de votre outil de production avec la construction de deux nouvelles usines ?

J. B : Pour l’instant, une seule usine extrêmement moderne de 50.000 tonnes est opérationnelle. Elle se situe à Bournezeau en Vendée. Sur le même site qui dispose d’une grosse réserve foncière, la construction d’une nouvelle unité de production de 250.000 tonnes a démarré depuis le mois d’octobre pour un investissement prévisionnel de 22 millions. Sa particularité est d’être verticale sur 70 mètres de haut avec tout un process de production gravitaire. Eiffage Génie Civile en assure la construction avec bien évidemment du ciment Hoffmann Green. Parallèlement, nous devrions assez rapidement arrêter notre choix sur un terrain situé en grande banlieue parisienne et à proximité des infrastructures de transport (fluviales, ferroviaires et autoroutières) sur lequel sera construit une troisième usine également d’une capacité de production de 250.000 tonnes. Les travaux devraient démarrer en fin d’année, voire début 2022.  C’est très rapide et il est vrai que la présence à notre tour de table de la Caisse de Dépôts et Consignations facilite les démarches administratives.

Les capacités financières de Hoffmann Green seront-elles suffisantes pour financer à la fois l’augmentation des capacités de production et son besoin en fonds de roulement ?

J. B : Oui. Grâce à l’introduction en Bourse de la société en novembre 2019, nous disposons aujourd’hui de la surface financière suffisante pour réaliser l’intégralité de notre projet industriel 2025-2026. Une fois l’outil de production financé, la monté en puissance de l’activité prendra le relais.

Quelle est la finalité du récent partenariat noué avec le distributeur régional Herige ? D’autres opérations du même ordre pourraient-elles être annoncées ?

J. B : Situé à 40 minutes de notre usine de Bournezeau en Vendée, Herige est un groupe familial que nous connaissons bien et le partenariat a été signé avec sa filiale de béton prêt à l’emploi, Edycem, dotée d’un réseau de 35 centrales à béton reparties dans le grand ouest de la France. L’objectif est de proposer aux clients d’Herige le ciment bas carbone de Hoffmann Green. D’autres partenariats seront annoncés très prochainement et visent à renforcer notre maillage géographique sur tout l’ouest du territoire et l’Ile de France à partir des réseaux de distribution des acteurs du secteur de la construction.

Le groupe compte parmi ses clients des grands groupes internationaux comme Eiffage ou Cemex, le numéro deux mondial du ciment. Est-ce que les accompagner à l’étranger constitue une ambition à moyen terme pour Hoffmann Green ?

J. B : Tout à fait. Dans notre plan stratégique à horizon 2025-2026, il est prévu des revenus liés au licencing de nos brevets à l’international. Plusieurs acteurs étrangers nous ont d’ores et déjà approché pour bénéficier de notre technologie et nous allons approvisionner un beau chantier situé en Suisse en ciment bas carbone. De ce point de vue, l’introduction en Bourse a été pour notre société un vrai accélérateur en matière de visibilité et de crédibilité.

Travaillez-vous à d’autres brevets et à l’amélioration de votre offre de ciment décarboné ? Existe-t-il beaucoup de concurrence ?

J. B : Effectivement. Pour l’instant, Hoffmann Green dispose de trois technologies de ciment bas carbone (H-P2a, H-EVA, H-UKR) et notre recherche pilotée par David Hoffmann, mon associé, qui est le scientifique du groupe, a pour objectif d’identifier d’autres co-produits susceptibles d’être utilisés pour produire du ciment décarboné. La performance de notre gamme de ciment permet aujourd’hui de répondre aux différentes applications visées dans les métiers de la construction et avec une empreinte carbone extrêmement faible de moins de 200 kilos d’émission de CO2 par tonne de ciment produite qui nous place sans véritable concurrence à ce jour. Les ciments les moins polluants tournent autour de 400 kilos d’émission de CO2 à la tonne et les standards dépassent les 700 kilos. Vous le voyez, Hoffmann Green possède une confortable avance avec de fortes barrières à l’entrée, ce qui ne nous empêche pas de continuer à innover.

Quel bilan tirez-vous de l’introduction en Bourse de Hoffmann Green ?

J. B : Il est très positif à la fois pour nos actionnaires qui ont vu leur cours de Bourse fortement progresser par rapport à un prix d’introduction de 18 euros. Pour notre groupe aussi, sa cotation en Bourse de Paris nous a apporté de la crédibilité et nous sert de vitrine auprès des grands acteurs de la filière de la construction et du BTP. Les moyens financiers nous permettent également d’accélérer notre montée en puissance, ce qui aurait été plus difficile par les circuits plus traditionnels avec les établissements bancaires. Enfin, être présent sur les marchés financiers oblige les équipes à se dépasser pour atteindre les objectifs et entretient une dynamique très stimulante.

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