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Dominique Pautrat, directeur général de Pharmagest Interactive : « Des acquisitions dans les 8 à 10 prochains mois »

Cet acteur européen de la e-santé a dévoilé un chiffre d’affaires semestriel de qualité. Son directeur général, Dominique Pautrat fait le point et nous livre les ambitions de la société dotée d’une trésorerie nette de 64 millions.

Dominique Pautrat, directeur général de Pharmagest Interactive
Dominique Pautrat, directeur général de Pharmagest Interactive

Comment analysez-vous le chiffre d’affaires du premier semestre ?

Dominique Pautrat : Nous en sommes satisfaits. En hausse de 20,49%, il s’est élèvé à 93,9 millions d’euros et a profité tout naturellement de la base de comparaison favorable du deuxième trimestre. Les effets de la crise sont globalement effacés : la forte reprise de l’activité commerciale dès le mois de juin 2020 a permis de rattraper la quasi intégralité du manque à gagner du premier confinement et d’afficher un net rebond du chiffre d’affaires sur le second semestre de l’exercice. Et les six premiers mois de cette année s’inscrivent dans le prolongement de cette forte dynamique de croissance observée sur la seconde partie du dernier exercice. Nos activités se portent bien en Italie et se révèlent, en revanche, plus difficiles en Belgique pour des raisons propres au pays.

C’est-à-dire ? Comment expliquer cet environnement moins favorable chez nos voisins belges ?

D. P : Plus petites qu’en France (avec un chiffre d’affaires moyen de 1,2 million d’euros contre 1,6 million d’euros dans l’hexagone), les pharmacies belges n’ont pas bénéficié comme chez nous d’une rémunération par la sécurité sociale des tests et des vaccins contre le covid qui se sont révélés être des activités très rentables pour les officines et leur ont permis de se redresser beaucoup plus rapidement que leurs homologues belges. Mais nous ne sommes pas inquiets sur la capacité du secteur des pharmacies belges à redémarrer. Cela fait 14 ans (2007) que nous nous sommes implantés sur ce marché et nous continuons de renforcer notre force commerciale. Un contrat très intéressant avec un groupement de 25 officines situées dans les Flandres a ainsi pu être gagné.

Comment se passe la structuration de votre offre en Italie ?

D. P : Très bien. Voilà trois ans, a été acquise une société informatique spécialisée auprès des grossistes-répartiteurs que nous avons développée de façon organique en créant notamment un réseau de 5 agences appelé encore à être étoffé l’année prochaine avec l’ouverture de 6 à 8 nouvelles implantations régionales. Parallèlement, un autre éditeur de logiciels pour les officines doté d’un portefeuille de 800 pharmacies a rejoint il y a deux ans le périmètre italien (SVEMU) et nous disposons aujourd’hui d’une offre complète et performante. De nombreuses synergies avec nos activités françaises sont mises en œuvre, que ce soit dans les étiquettes électroniques, dans la mise en place de la plateforme de gestion centralisée des achats des pharmaciens ou la Préparation de Doses Administrées (PDA) avec les piluliers MultiMeds que nous nous apprêtons à lancer sur ce marché.

D’autres partenariats comme celui signé au printemps avec Elsan, le leader de l’hospitalisation privée en France, pourraient-ils voir le jour ?

D. P : oui et d’ailleurs nous en avons noué un autre avec le groupe Colisée qui est le quatrième acteur européen d’accompagnement et de soins avec un portefeuille de 288 établissements et un chiffre d’affaires de 1,04 milliard. Nous déployons nos solutions informatiques sur leurs sites en Belgique, en France et sans doute en Espagne. D’autres discussions sont menées avec d’autres partenaires potentiels.   

Quels sont les retours des passerelles numériques de santé mises en place au sein des hôpitaux de Marseille et du Grand Est de la France dans la région de Nancy ?

D. P : Le déploiement a pris du retard à Marseille depuis un an sans doute en raison des élections municipales. Nous en sommes encore à la mise en place des process. Sur Nancy, c’est plus récent et nous avons déjà déployé les solutions de transfert des ordonnances des maisons de retraite vers les pharmacies et déployons le transfert des ordonnances de ville vers les hôpitaux. Les passerelles se mettent donc en place progressivement et nous disposons des parts de marché suffisantes auprès des professionnels de santé pour avoir un accès plus facile à la mise en œuvre des échanges. L’objectif est de fluidifier le parcours de soins du patient à travers un échange d’informations entre tous les professionnels de santé (pharmacien, médecin, infirmière, hôpital, maison de retraite, établissement médico-social…).

Où en est le déploiement de la solution Dossier Patient Informatisé (DPI) par votre filiale AXIGATE auprès des groupements hospitaliers ?

D. P : Plusieurs déploiements territoriaux ont été remportés. Le dernier en date est celui de La Ciotat. L’offre de la solution Dossier Patient a été élargie aux établissements psychiatriques, ce qui constitue un atout important pour répondre aux appels d’offre lancés par les groupements hospitaliers qui attendent souvent une réponse intégrée et complète des prestataires.

Quel est le montant de la trésorerie nette de Pharmagest à fin juin et dans quel domaine le groupe est-il à l’affût d’opérations de croissance externe ?

D. P : La société a bouclé son semestre avec une trésorerie nette de 64 millions d’euros et dispose donc de moyens importants pour étudier des acquisitions. Nos recherches se focalisent sur deux domaines bien précis. Le premier concerne les logiciels de médecins et d’infirmières de ville, un segment sur lequel nous sommes jusqu’à présent absents et que nous devons investir. Deuxième axe de recherche : les pharmacies dans d’autres pays européens. Nous voulons nous servir de nos petites filiales situées en Allemagne et en Grande-Bretagne dans le domaine des piluliers pour adresser les pharmacies de ces pays. L’Espagne est également un pays qui nous intéresse et notre partenariat signé avec le groupe Colisée peut constituer une opportunité de s’implanter. Des initiatives devraient pouvoir être annoncées dans les huit à dix prochains mois. Le problème est que les potentiels de rapprochement identifiés sont rares et souvent très chers.

Quelles sont les perspectives de l’exercice ? Des objectifs à moyen terme ?

D. P :  La base de comparaison sera forcément moins favorable au second semestre, mais nous restons très confiants sur notre capacité à maintenir une dynamique de croissance rentable sur chacun de nos différents métiers. Nous n’avons pas pour habitude de chiffrer nos perspectives mais le groupe dispose d’un business model vertueux qui a fait ses preuves au gré des cycles économiques. Il n’y a pas de raisons pour que cette trajectoire de performance ne soit pas poursuivie. La visibilité demeure donc excellente.

L’action Pharmagest Interactive marque le pas en Bourse depuis le début de l’année. Comment l’expliquez-vous ?

D. P : En pleine crise sanitaire, le titre Pharmagest Interactive a profité auprès des investisseurs de l’attractivité de son profil défensif. Au point que des fonds américains et européens se sont intéressés à notre société. Nous en sommes flattés. Cet élan s’est un peu tassé depuis le début de l’année, sans doute avec le retour d’appétit des investisseurs pour le risque et pour des valeurs plus cycliques que Pharmagest Interactive. Mais là encore, nous restons confiants sur le potentiel du titre. Sa valorisation demeure raisonnable au regard du prix que les fonds d’investissement sont prêts à payer pour acheter des éditeurs de logiciels de santé.

Rappelez-nous la politique de distribution du groupe ?

D. P : Notre actionnaire de référence est La Coopérative WELCOOP et il est important d’offrir à nos actionnaires de la visibilité sur notre politique de rémunération. Raison pour laquelle notre dividende augmente chaque année et cette tendance sera poursuivie. 

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