Sébastien Clerc, directeur général de Voltalia : « 83% de nos ventes d’électricité sont indexées sur l’inflation »
Le dirigeant de ce producteur d’énergies renouvelables renouvelle sa confiance dans ses objectifs à moyen terme et condidère l’inflation plutôt comme un avantage au niveau de la rentabilité.
La lettre de la bourse : Quel bilan tirez-vous de ce premier semestre ?
Sébastien Clerc : Nous avons connu une belle dynamique de notre activité malgré un effet volume négatif sur notre production d’électricité lié à des ressources éoliennes et solaires moins favorables que la moyenne dans plusieurs pays et à un effet de base élevé avant la cession prévue de deux centrales au Brésil. Ce facteur a été plus que compensé par un effet prix remarquable favorisé d’une part par l’amélioration de taux de change entre le real brésilien et l’euro et surtout l’exercice des clauses contractuelles nous permettant d’augmenter nos prix en fonction de l’inflation. A cet égard, il faut rappeler que 83% de nos revenus de vente d’électricité sont indexés sur l’inflation, ce qui nous procure un avantage certain par rapport à d’autres producteurs. Notre deuxième activité consistant à vendre des services de développement, de construction et de fourniture d’équipements à des tiers a également fortement progressé sur un secteur en plein développement. Au final, notre chiffre d’affaires s’est inscrit en hausse de 26% au deuxième trimestre et de 38% sur l’ensemble du premier semestre, à 209,3 millions d’euros.
La lettre de la bourse : les avantages procurés par l’indexation de vos contrats sur l’inflation pourraient-ils être remis en cause ?
Nous ne sommes pas les seuls à appliquer ces clauses qui sont présentes dans de nombreux secteurs et en aucun cas cette situation ne peut être assimilée à une rente. Malgré ces clauses, on note que nos clients peuvent bénéficier de la hausse des prix de l’énergie, c’est par exemple le cas de l’Etat en France qui achète l’électricité au prix contractuel long terme aux producteurs d’énergies renouvelables pour la revendre à des prix beaucoup plus élevés aux grands opérateurs nationaux.
La lettre de la bourse : dans quelle mesure êtes-vous impactés par l’augmentation des coûts des composants et les problèmes d’approvisionnement ?
Ces facteurs constituent en effet des freins et peuvent causer des retards sur décisions d’investissements dans de nouveaux projets tant pour notre compte propre que pour les clients tiers. Nous avons par exemple retardé des projets de construction de 300 MW de capacité à cause de ces problèmes, mais cela ne nous empêche pas de croitre fortement. A la fin du premier semestre, nous avions ainsi 2,1 GW en exploitation et en construction, soit 42% de plus qu’un an auparavant, dont 0,9 GW en construction. Les cadences de mise en service de nouvelles capacités sont historiques. Il en est de même pour les clients tiers qui profitent aussi de la bonne dynamique du secteur. Voltalia gagne toutefois des parts de marché en devenant un acteur de plus en plus reconnu.
La lettre de la bourse : Les ressources financières du groupe sont-elles suffisantes pour poursuivre un développement aussi rapide ? Envisagez-vous un appel au marché ?
Nous disposons d’une faculté de croissance soutenue grâce à notre autofinancement, mais il faut aussi garder à l’esprit que le secteur se caractérise par une forte intensité capitalistique. Si nous décidons de croître plus vite que notre capacité d’autofinancement, il faudra évidemment faire appel au marché à un moment donné. Nous le ferons si l’on trouve que l’investissement dans les centrales continuent de créer de la valeur. En tout cas, nous disposons de projets de qualité pour nourrir notre croissance: nous avons un pipeline de projets en développement de 11,1 gigawatts dans les trois continents où nous sommes implantés (Europe, Afrique et Amérique Latine)
La lettre de la bourse : confirmez-vous vos objectifs à moyen terme ?
Tout à fait. Notre ambition est toujours d’atteindre 2,6 GW de capacités en exploitation ou en construction d’ici fin 2023, sachant que nous avons un stock de 0,6 GW de contrats remportés et dont la construction n’a pas été encore lancée. Nos centrales détenues en propre produisent un résultat brut d’exploitation régulier qui offre une bonne visibilité. A l’inverse, il y a toujours des impondérables sur les dates de mise en service des nouvelles capacités du groupe et des tiers. Globalement, les clauses d’indexation sur nos contrats nous permettent d’absorber certains surcoûts, de sorte que nous prévoyons toujours un excédent brut d’exploitation normatif compris dans une fourchette de 275 à 300 millions d’euros fin 2023.
La lettre de la Bourse : le groupe Voltalia doit-il être considéré comme une proie ou un prédateur sur un secteur en pleine concentration ?
Nous sommes clairement aujourd’hui un consolidateur de notre secteur car nous disposons d’un historique d’acquisitions très favorable et d’un actionnaire majoritaire qui réfléchit davantage à la création de valeur à long-terme qu’à la plus-value à court terme.
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