Bolloré : les grandes manœuvres se poursuivent
Fort de la trésorerie récupérée de la vente de ses activités logistiques en Afrique, le conglomérat va racheter près de 10% de son capital ce qui devrait renforcer la participation du holding Compagnie de l’Odet avec lequel une fusion parait envisageable.
Les très bons résultats publiés par Bolloré au titre de l’exercice 2022 ont été en partie éclipsés par l’annonce concomitante d’un projet d’offre publique d’achat simplifiée du groupe sur ses propres actions à hauteur de 9,78% du capital. Le prix envisagé pour cette opération serait de 5,75 euros par action, soit une prime de 12% par rapport au dernier cours coté avant la révélation du projet. Logiquement, l’action Bolloré a bien réagi d’autant que la société Compagnie de l’Odet qui détient 66,83% du capital de Bolloré (76,72% des droits de vote) a indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de participer à l’offre pour en laisser l’entier bénéfice aux autres actionnaires. Si bien que l’offre va finalement porter sur 29% de la partie flottante du capital. Pourquoi une telle opération ? Seule la famille Bolloré peut répondre à cette question, mais le scénario d’une simplification des structures de la galaxie Bolloré semble se préciser un peu plus.
Plusieurs opérations sont en effet en cours au sein des activités du groupe. Il y a d’abord Vivendi (filiale à 29,4% de Bolloré) qui s’apprête à avaler le groupe Lagardère et sa filiale Hachette dès que la cession d’Editis aura été conclue. Par la suite, Vivendi va se donner la possibilité, à l’occasion de sa prochaine assemblée générale, de racheter ses propres actions pour les annuler, ce qui ferait mécaniquement franchir le seuil de 30% du capital par Bolloré, ainsi contraint de lancer une offre publique d’achat sur la totalité du capital. Mais la simplification de la structure de contrôle de Bolloré passe aussi par une possible fusion entre Bolloré et sa maison mère la Compagnie de l’Odet. Une opération d’autant plus aisée qu’en cas d’annulation des actions Bolloré issues du projet d’offre publique d’achat simplifiée sur 9,78% du capital, la participation de Compagnie de l’Odet dans Bolloré passerait mécaniquement à 74,2%. Rappelons à cet égard que la Compagnie de l’Odet a acquis 103 millions d’actions Bolloré (3,5% du capital) pour 485 millions d’euros en 2022. La famille Bolloré conserverait largement le contrôle de l’ensemble.
Réduction des décotes en vue
Une telle fusion aurait pour mérite d’effacer une grande partie des décotes supportées par les titres Bolloré et Compagnie de l’Odet (entre 30 et 50% sur l’actif net réévalué) et de mieux apprécier les différentes activités dont les résultats ont fortement rebondi l’an dernier. Les activités logistique (hors Afrique) ont en effet vu leur chiffre d’affaires et leur résultat opérationnel bondir de respectivement 36% et 71% dans un environnement de marché exceptionnel (hausse des taux de fret dans la commission de transport et des volumes dans l’aérien). Le pôle distribution d’énergie a de son côté bénéficié de la forte hausse des cours des produits pétroliers avec un chiffre d’affaires et un résultat opérationnel en hausse de respectivement 45% et 141%. Enfin le pôle communication développé à travers Vivendi a été porté par les bonnes performances de la filiale Havas dans la publicité et de Canal+ dans les médias. Seule le pôle industrie qui regroupe notamment les activités de batteries électriques et de stockage d’électricité continue de perdre de l’argent (125 millions d’euros en 2022).
Le résultat net part du groupe de Bolloré en 2022 n’est pas très représentatif dans la mesure où il intègre une plus-value de 3,1 milliard d’euros liée à la cession des activités logistiques en Afrique mais aussi l’impact négatif de la déconsolidation de la participation de Vivendi dans Telecom Italia (-1,5 milliard) et c’est surtout la progression de 47% du résultat opérationnel ajusté qui témoigne de la bonne santé du groupe. Il faut noter que grâce à la vente des activités logistiques en Afrique pour 5,7 milliards d’euros, le bilan de Bolloré s’est considérablement renforcé en faisant ressortir une position de trésorerie nette de 1,2 milliard d’euros qui financera une grande partie du projet d’offre publique d’achat simplifiée sur 9,78% du capital.
Notre conseil : Nous restons positifs sur les titres Bolloré (code Isin : FR0000039299) et Compagnie de l’Odet (code Isin : FR0000062234) pour jouer la réduction de la décote sur ces deux sociétés à travers la simplification des structures de contrôle, avec des objectifs de 6,50 euros sur Bolloré et 1800 euros sur Compagnie de l’Odet.
Conseils sur Bolloré
Tous les conseilsBolloré se donne du temps pour avaler Vivendi
Contre toute attente, le groupe de la famille Bolloré a revendu des titres Vivendi pour éviter de franchir le seuil de 30% du capital et des droits de votre qui l’obligerait à lancer une OPA. La simplification de l’organigramme du groupe n’est pas non plus prévue à court terme.
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