Alstom : un contretemps fâcheux
Le spécialiste des équipements de transport ferroviaire doit décaler ses objectifs de rentabilité et de cash-flow en raison de l’environnement plus dégradé et de l’inflation. Sa situation financière reste sous la surveillance des investisseurs et des agences de notation.
Décidément, le retour en grâce d’Alstom auprès des investisseurs prend du temps. Fragilisé en bourse par le récent départ de son directeur financier (remplacé en juin prochain par Bernard Delpit) et par les conséquences incertaines de la catastrophe ferroviaire du 28 février dernier en Grèce, dans laquelle il pourrait être impliqué, le spécialiste des équipements pour le transport ferroviaire ne ménage pourtant pas ses efforts pour redresser ses comptes après le rachat coûteux des activités transport de Bombardier qui se sont révélées bien moins rentables que prévu. Sur l’exercice clos le 31 mars dernier, les ventes relatives à des contrats non performants hérités de Bombardier ayant une marge à terminaison négative s’élevaient encore à 2,3 milliards d’euros sur un total de 16,5 milliards (en croissance organique de 5%). Malgré cela et en dépit de l’inflation sur les composants et matières premières, la marge opérationnelle ajustée s’est améliorée de 0,2 point sur un an pour remonter à 5,2% du chiffre d’affaires. Les synergies obtenues de l’intégration de Bombardier ont en effet doublé pour atteindre 102 millions d’euros. L’exercice 2022/2023 a aussi été marqué par une bonne dynamique commerciale avec des prises de commandes de 20,7 milliards d’euros qui portent le carnet de commandes total à 87,4 milliards, soit plus de 5 années de chiffre d’affaires. Autre progrès notoire, le groupe est parvenu à dégager un cash-flow libre positif de 199 millions d’euros après avoir consommé près d’un milliard de cash sur l’exercice précédent.
Pas de diminution de la dette
Mais ce n’est visiblement pas suffisant pour faire baisser la dette nette qui progresse même un peu à 2,13 milliards d’euros contre 2,08 milliards un an plus tôt en raison des efforts continus de stabilisation des projets, du phasage du fonds de roulement et de l’accélération industrielle. En conséquence, l’agence Moody’s a dégradé la note financière d’Alstom (de Baa2 à Baa3) tout en la maintenant dans la catégorie « Investissement ». Car Alstom a du aussi décaler d’un an ses objectifs à moyen terme compte tenu du nouvel environnement macroéconomique et en particulier de l’effet de l’inflation. Près de 30% des contrats du groupe ne font en effet pas l’objet de clause d’indexation sur la hausse des prix. Le groupe envisage toujours une croissance moyenne annuelle de son chiffre d’affaires de 5%, une marge opérationnelle comprise entre 8% et 10% et une conversion du résultat net ajusté en cash-flow libre supérieure à 80%, mais pas avant l’exercice 2025/2026. Pour l’année en cours, la marge devrait déjà remonter à 6%.
Ce contretemps et la dégradation de la note financière du groupe n’ont pas été du goût des marchés et pourraient faire ressurgir les rumeurs d’augmentation de capital si le redressement des comptes devait prendre encore plus de temps que prévu. Mais la tendance reste pour le moment à l’amélioration et les risques sont déjà intégrés dans la faible valorisation du dossier qui capitalise à peine 12 fois les profits attendus l’an prochain. La visibilité offerte par le carnet de commandes et les perspectives soutenues par un environnement politique favorable axé sur la décarbonation du transport constituent des catalyseurs importants pour le moyen terme.
Notre conseil : Alstom fait partie de notre sélection de valeurs françaises. Nous restons positifs sur le dossier avec un objectif de 35 euros à un horizon de deux ans. Code Isin : FR0010220475.
Conseils sur Alstom
Tous les conseilsAlstom pour jouer la hausse des marges
Les prises de bénéfices depuis un mois dont fait l'objet ce numéro deux mondial de l'industrie ferroviaire paraissent excessives et offrent des points d'entrée. Grâce à un carnet de commandes record, la visibilité est excellente et les marges vont se redresser.
Alstom sous pression après le départ de son directeur financier
Le départ du directeur financier de ce numéro deux mondial de l'industrie financière n'est pas apprécié des investisseurs. Ils craignent la révélation de nouvelles difficultés sur l'intégration de la filiale canadienne, Bombardier Transport.
Alstom remonte la pente lentement mais surement
L’intégration de Bombardier va peser de moins en moins sur la rentabilité du géant du ferroviaire qui dispose d’une belle visibilité au regard d’un carnet de commandes de 85,9 milliards d’euros.
Alstom pour miser sur un retour en grâce
Perturbé depuis plusieurs semestres par l'intégration difficile de la filiale canadienne, Bombardier Transport, ce numéro deux mondial de l'équipement ferroviaire semble entrevoir le bout du tunnel. Peu cher, le groupe dispose d'un carnet de commandes record le rendant peu sensible aux risques de récession.