LVMH : Une baisse de régime à exploiter ?
Face à une demande moins soutenue aux Etats-Unis et aux difficultés économiques de la Chine, les valeurs du luxe ont perdu de leur superbe depuis plusieurs semaines. Les tendances de leur marché restent cependant structurellement porteuses sur le long terme et le numéro un mondial du secteur dispose d’atouts majeurs pour en profiter.
Que se passe-t-il sur l’action LVMH ? Après avoir réalisé un début d’année époustouflant pour atteindre un record historique de 904 euros le 24 avril, elle accuse depuis quelques semaines une nette baisse de régime, au point d’être repassée sous les 800 euros. Les résultats du premier semestre sont pourtant ressortis meilleurs que prévu et n’ont pas marqué d’inflexion particulière entre le premier et le deuxième trimestre puisque la croissance organique des ventes s’est maintenue à un niveau très élevée de 17% sur six mois, tandis que la marge opérationnelle est restée proche de ses meilleurs niveaux à 27,4% (en repli limité de 0,5 point du fait des effets de change défavorables). Il faut chercher dans les détails pour trouver quelques sujets de préoccupation. Tout d’abord, on constate un essoufflement des ventes du pôle vins et spiritueux (-3%) provenant surtout du cognac (-11%) qui souffre d’une base de comparaison très élevée avec un contexte économique moins porteur et des stocks élevés aux Etats-Unis, alors que le champagne et les vins se tiennent bien (+8%). Ensuite, le rebond constaté en Chine au premier semestre ne manque pas de soulever un certain nombre de questions alors que l’économie chinoise montre des signes inquiétants de ralentissement depuis plusieurs semaines. Enfin, le groupe a dégagé deux fois moins de cash-flow disponible au premier semestre par rapport à l’an dernier sur la même période (1,8 milliard d’euros contre 4 milliards), mais il a investi dans de l’immobilier de prestige en rachetant très probablement, pour un montant estimé autour de 800 millions d’euros, l’immeuble situé au 101 Champs-Elysées qui abrite actuellement le magasin vaisseau amiral de Louis Vuitton.
Une valeur également sensible aux taux d’intérêts
Le géant du luxe a-t-il pour autant mangé son pain blanc et va-t-il connaitre une période de fort ralentissement ? Rien n’est moins sûr. S’il parait effectivement difficile de maintenir un taux de croissance de 17% des ventes sur la durée, les fondamentaux du marché du luxe restent solides dans un optique à moyen et long terme, avec toujours en toile de fond, la montée en puissance des classes moyennes dans les pays émergents, l’engouement des jeunes pour les produits de luxe et l’essor des ventes en ligne. Avec un portefeuille de produits très large, allant des spiritueux à la mode en passant par la joaillerie et avec une répartition géographique de ses ventes très équilibrée, LVMH est par ailleurs très bien armé pour profiter de cette tendance et amortir un éventuel trou d’air dans une région. Sa force de frappe financière (la dette reste contenue à 21% des fonds propres qui eux même représentent 43% du bilan) lui permet par ailleurs de saisir des opportunités en profitant de la faiblesse de certains concurrents, comme ce fut le cas avec le joaillier américain Tiffany qui connait une nouvelle jeunesse depuis son entrée dans le périmètre du groupe.
Le consensus des analystes financiers table pour cette année sur un bénéfice de 16,6 milliards d’euros, en progression de 18% par rapport à 2022 et capitalisé 24 fois sur la base des cours actuels, ce qui traduit une prime de plus de deux points par rapport à la moyenne des 8 dernières années avant la crise sanitaire, mais il faut reconnaitre que les fondamentaux du groupe ont depuis continué de se renforcer et que la base du marché du luxe s’est élargie. Le multiple de capitalisation retomberait d’ailleurs à 20 fois à l’horizon 2025, ce qui redeviendrait très raisonnable.
Reste que les nouvelles mitigées à très court terme concernant le marché du cognac aux Etats-Unis et la demande chinoise peuvent entretenir une certaine nervosité sur l’action. Tout comme la forte remontée des rendements obligataires qui pénalise surtout les valeurs de croissance comme LVMH que les investisseurs valorisent en actualisant les cash-flows futurs. Il faudra alors savoir profiter de tout accès de faiblesse pour acheter le titre ou se renforcer.
Notre conseil : on pourra commencer à se renforcer sur LVMH dans la zone des 770 euros. Code Isin : FR0000121014.
Conseils sur LVMH
Tous les conseilsLVMH : c’est grave ?
Le numéro un mondial du luxe poursuit son atterrissage après les deux années euphoriques de l’après-covid. La demande ne ralentit malheureusement pas qu’en Chine.
LVMH : un ralentissement logique
Le numéro un mondial du luxe continue de faire progresser ses activités malgré une base de comparaison exceptionnellement élevée et un contexte économique incertain. Le premier trimestre pourrait marquer un point bas dans la dynamique du groupe.
LVMH rassure les marchés
Le numéro un mondial du luxe a réussi à accélérer l’allure au dernier trimestre, prouvant la résilience de ses marques dans un contexte de normalisation de la consommation. Message reçu cinq sur cinq par les marchés. En une seule séance, la capitalisation boursière de LVMH a grossi de la taille d'un groupe comme Kering.
LVMH : c’est grave ?
Comme prévu, la croissance du numéro un mondial du luxe ralentit par rapport à une base de comparaison extrêmement élevée. Après la baisse des cours, la valorisation du dossier revient dans sa moyenne historique.