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Claude Tempe, vice-président de Freelance.com : « le groupe va atteindre cette année le milliard de chiffre d’affaires avec deux ans d’avance »

Cet acteur du freelancing connait depuis sept ans maintenant un développement impressionnant et rentable. Son vice-président, Claude Tempe, nous livre les secrets de cette réussite et ses ambitions pour le moyen terme. Avec l’espoir que la Bourse finisse par reconnaître la qualité des fondamentaux du groupe.

Quel regard portez-vous sur le chiffre d’affaires du premier semestre ?

Claude Tempe : Le chiffre d’affaires a augmenté de 10% en organique pour s’établir à 419,4 millions d’euros. Une performance qui s’inscrit dans la continuité de ce que Freelance.com parvient à générer depuis que l’actionnaire de référence, le Groupe CBV Ingénierie  repris la société fin 2015. Depuis maintenant 15 semestres consécutifs, le groupe connaît une croissance de ses revenus à deux chiffres en étant rentable, ce qui est important car peu de nos concurrents ont trouvé leur modèle de rentabilité sur un marché encore jeune du freelancing répondant parfaitement au bouleversement du monde du travail. Nous prouvons depuis sept ans notre capacité non seulement dégager des profits et à délivrer une forte croissance avec un chiffre d’affaires passé de 37,5 millions fin 2015 à 820 millions l’an dernier.

Percez-vous un ralentissement au deuxième trimestre ou un certain attentisme des entreprises dans leur intention de faire appel à des consultants ?

C. T : Effectivement, la dynamique a tendance à ralentir au deuxième trimestre (+ 5%) mais par rapport à une base de comparaison exigeante l’an passé à la même époque. Deux raisons majeures expliquent un plus grand attentisme des entreprises à confier des projets à des consultants indépendants. D’abord, un contexte géopolitique et économique compliqué, marqué depuis trois ans par le covid, la guerre en Ukraine et l’inflation. Ensuite, Freelance.com connait une petite crise de croissance avec l’intégration un peu plus difficile que prévue de la nouvelle filiale suisse, Helvetic Payroll. La capacité de l’équipe managériale à absorber la croissance a été sans doute surestimée et des mesures ont d’ores et déjà été prises pour renouer avec les niveaux de performance requis. Mais compte tenu de l’effet décroissance embarquée, un retour à la normale n’est pas attendu avant début 2024. Par ailleurs, la typologie de la clientèle de Helvetic Payroll composée notamment de laboratoires pharmaceutiques qui souffrent d’un ralenrissement  de leur dynamique après des années de forte croissance liées au covid contribue aussi à la baisse de régime de Freelance.com en Suisse au deuxième trimestre.

Diriez-vous que le monde du travail est aujourd’hui plus flexible ? Dans quelle mesure cela profite-t-il à une entreprise comme Freelance.com ?

C. T : Oui bien sûr. Nous assistons à un véritable changement sociétal du rapport au travail avec des jeunes davantage soucieux de trouver un équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée et qui priorisent l’intérêt des projets à l’identité de l’entreprise dans laquelle ils vont travailler. Le salarié change beaucoup plus d’employeurs qu’auparavant. Raison pour laquelle les sociétés éprouvent aujourd’hui des difficultés à recruter. Une véritable mutation du monde du travail est en train d’émerger vers davantage de freelancing permettant aux salariés de choisir lieu de travail, leur temps de travail et le client avec lequel ils souhaitent collaborer. Les entreprises commencent à le comprendre et plutôt que d’embaucher du personnel, la tendance est maintenant de recruter des experts sur des missions bien particulières. Le modèle est gagnant-gagnant. Plus de liberté pour les consultants et plus de flexibilité pour les sociétés avec une meilleure gestion de leur base de coûts et une garantie d’expertise car pour être indépendant, un consultant doit forcément avoir démontré ses compétences. Raison pour laquelle le marché du freelancing se développe depuis une dizaine d’année à l’instar de l’essor qu’a connu auparavant le travail temporaire. Mais aujourd’hui, peu de concurrents dans le freelancing sont parvenus à trouver le bon modèle pour être rentable et notre ambition de continuer à nous développer pour acquérir une taille et une part de marché suffisante. Le groupe souhaite devenir le Randstad ou l’Adecco du freelancing.

Le groupe a démontré un réel savoir-faire en matière de croissance externe pour devenir un acteur de référence de l’intermédiation de consultants indépendants. Comment fait-il pour financer les acquisitions en conservant un bilan solide ?

C. T : Nous faisons un mix entre le recours à nos fonds propres, le levier de la dette et l’échange de titres. Notre structure financière demeure saine avec un passif limité en fin d’année dernière à 21% des fonds propres. Nos banques nous font confiance en nous allouant des lignes de crédit et le rachat en cours d’OpenWork doté d’un chiffre d’affaires de 70 millions est déjà financé. En cas d’opérations de croissance externe de taille plus importante, le groupe pourrait lancer une augmentation de capital.

Quels sont les objectifs du rachat en cours d’OpenWork ?

C. T : L’opération avec OpenWork permet de consolider le marché du Freelancing et d’acquérir des outils technologiques intéressants pour répondre à certains besoins de nos clients et nos consultants. En reprenant l’équipe managériale de la société, nous structurons également nos compétences humaines avec des personnes de qualité. Enfin, nous renforçons à la fois notre portefeuille de clients et de consultants.

Visez-vous des zones géographiques ou des secteurs d’activité en particulier ?

C. T : Nous n’avons pas d’approche sectorielle dans la mesure ou le Freelancing s’adresse à tous les univers. Sur un plan géographique, la stratégie est de procéder par cercle concentrique depuis la France pour progressivement étendre notre périmètre aux pays frontaliers comme l’Allemagne, la Suisse, l’Italie ou l’Espagne. Les synergies sont plus facilement mises en place lorsque les sociétés sont à distance raisonnable.

Quelles sont les perspectives de Freelance pour cette année ? A plus long terme ?

C. T : Avec presque deux ans d’avance sur le calendrier prévu, le groupe devrait cette année approcher le milliard de chiffre d’affaires. L’objectif sera désormais de viser entre 3 et 5 milliards , ce qui est envisageable en réalisant des opérations de croissance externe structurantes. Différents dossiers sont à l’étude. Concernant la profitabilité, la stratégie est de continuer à extérioriser un EBITDAde l’ordre de 3%. Des variables d’ajustement existent au niveau des dépenses pour absorber les difficultés ponctuelles de la filiale suisse Helvetic Payroll.

N’êtes-vous pas frustré par la performance décevante du cours de bourse de Freelance qui semble décorrélée de la trajectoire de croissance des indicateurs financiers ? Comment y remédier (élargissement du flottant, politique de dividende) ?

C. T : Nous sommes effectivement très déçus du parcours boursier du titre Freelance qui ne nous paraît pas refléter la qualité des fondamentaux du groupe. Nous sommes revenus à une valorisation que nous avions à l’époque où nous réalisions 400 millions de chiffre d’affaires. Aujourd’hui notre taille a doublé. La faiblesse de notre flottant en Bourse limité à 15% du capital constitue sans doute un des freins à l’attractivité de la valeur mais il est vrai que le compartiment des valeurs moyennes et des petites capitalisations peine depuis quelques années à séduire les investisseurs. Espérons que la tendance s’inverse et que Freelance.com soit à nouveau perçu comme une vraie valeur de croissance rentable.

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