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Renault : des raisons de s’inquiéter ?

Après l’engouement suscité par le redressement des marges de la marque au losange, le titre reperd du terrain sur un secteur en proie au ralentissement conjoncturel et à une concurrence de plus en plus forte de Tesla et des constructeurs chinois.

Le soufflé qui avait porté l’action Renault à plus de 40 euros en début d’année et encore en juillet après la publication des comptes semestriels est retombé. Depuis quelques semaines, le sentiment des investisseurs et des analystes financiers vis-à-vis du constructeur a changé et fait retomber l’action dans la zone des 35 euros. Comment l’expliquer ? Il y a d’abord l’essoufflement de la consommation des ménages après l’euphorie de la période post-covid. Le surcroît d’épargne a nettement diminué alors que les prix des voitures ne cesse d’augmenter (y compris avec les formules de location qui intègrent des conditions de prêt beaucoup moins attractives avec la remontée des taux). Confrontées à l’érosion de leur pouvoir d’achat, les ménages sont de moins en moins disposés à acquérir un véhicule neuf. Ensuite, le contexte concurrentiel sur le marché européen commence à se durcir avec d’une part les baisses de prix répétées initiées par le constructeur américain de véhicules électriques Telsa, et d’autre part le déferlement des constructeurs chinois sur le vieux continent avec des modèles de plus en plus attrayants, dotés des dernières technologies électriques et meilleur marché que ceux des constructeurs traditionnels. Si les ventes actuelles se tiennent encore bien, c’est parce qu’elles résultent des commandes passées il y a plusieurs mois. Mais la chute des commandes actuelles laisse présager des lendemains plus difficiles.

L’introduction en bourse de la division Ampère prévue au printemps

Dans un tel contexte, Renault qui réalise encore l’essentiel de ses ventes sur le vieux continent (70% environ) avec une part de marché de 10% parait le plus menacé. Le constructeur a pourtant bien redressé la barre au niveau de ses performances financière en renouant au premier semestre avec une marge opérationnelle de 7,6%, bien supérieure à l’objectif de 6% du début d’année et relevé à plus de 7% en juin. C’est aussi trois points de mieux qu’il y a un an. Les hausses de prix (+8,8%), le recentrage sur les véhicules les plus rémunérateurs, le rajeunissement de la gamme (y compris chez Dacia) et les réductions de coûts ont porté leurs fruits. Le groupe en a aussi profité pour dégager du cash (1,8 milliards d’euros sur le semestre), ce qui lui permet de disposer à nouveau d’une trésorerie nette de 2,2 milliards d’euros, mais son montant est très inférieur à celle de Stellantis (24 milliards d’euros) ou des constructeurs allemands. Renault a encore d’autres atouts à faire valoir pour la suite. A commencer par la sortie des nouveaux modèle (Espace E-Tech Hybrid, Nouvelle Clio Hybride…). Le groupe espère également mieux valoriser ses actifs en séparant les activités de motorisations bas carbone thermiques et hybrides (Horse) des activités électriques (Ampere), ces dernières devant être introduites en bourse au printemps prochain. Ce montage présente toutefois l’inconvénient d’introduire plusieurs niveaux de décote puisque la structure Horse sera en partie détenue par le chinois Geely et Aramco, tandis que Ampère sera en partie détenu par Nissan et le public. En outre, la valorisation retenue pour Ampère risque de décevoir (certains analystes évoquent 3 à 4 milliards d’euros au lieu des 10 milliards espérés). Enfin, la nouvelle alliance avec Nissan doit de son côté faire ses preuves.

Si les objectifs annuels de Renault visant une marge opérationnelle comprise entre 7% et 8% et un cash-flow libre d’au moins 2,5 milliards d’euros paraissent crédibles, l’inquiétude porte surtout sur les performances de 2024 et au-delà compte tenu de la détérioration de l’environnement sectoriel. Cette incertitude se traduit par une valorisation très faible de l’action Renault (3 fois les bénéfices attendus cette année), mais la marque au losange n’est pas seule dans ce cas et pas meilleur marché que Stellantis qui affiche des multiples comparables, avec pourtant une réserve de cash bien plus importante. Il est vrai que Renault possède de son côté une participation de 43,4% dans Nissan, valorisée autour de 6,7 milliards d’euros sur les niveaux de cours actuels du constructeur nippon. Mais cette participation n’est pas liquide du tout. Un bloc de 15% est conservé en direct et un autre bloc de 28,4 % est logé dans une fiducie qui vendra les titres au fil de l’eau et en concertation avec Nissan.

Notre conseil : nous avons vendu l’action Renault au début de l’été à 32 euros dans l’anticipation d’un durcissement de la concurrence et préférons rester à l’écart du dossier pour le moment. Code Isin : FR0000131900.

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