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Philippe Benacin, président d’Interparfums : « Nous demeurons très confiants»

Le patron de ce fabricant de parfums de prestige sous licences répond aux questions suscitées par la création d’un laboratoire beauté & parfums par le groupe Richemont, propriétaire des marques Montblanc et Van Cleef & Arpels. Il confirme l’objectif de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires pour cette année malgré le ralentissement de certains marchés.

La lettre de la bourse : L’annonce par le groupe Richemont de la création d’une division parfum & beauté a provoqué une chute du titre Interparfums dans la perspective d’une possible remise en cause des contrats de licence sur les marques Montblanc et Van Cleef & Arpels. Qu’en est-il et quels sont les risques ?

Philippe Benacin : L’annonce de Richemont a en effet eu un impact important sur notre cours de bourse, avec une baisse de près de 10% le jour de leur annonce. Le marché semble avoir interprété cette communication comme un potentiel risque que le groupe internalise l’activité parfums. Notre réaction spontanée, ce jour-là, aura été plus une interrogation qu’une véritable inquiétude. Et ce pour deux raisons. La première raison est que nous entretenons avec le groupe Richemont des relations de longue date qui sont très agréables, très amicales. La deuxième raison est que nous avons il y a moins d’un an, prolongé le contrat de licence qui nous lie à la maison Montblanc, et ce pour une durée assez longue, puisque cette prolongation porte jusqu’à fin 2030. Concernant Van Cleef & Arpels, il est vrai que le contrat arrive à terme fin 2024, et nous allons très prochainement entamer les discussions en vue de prolonger cette collaboration. Nous nous sommes, depuis, largement entretenus avec le management du groupe Richemont, ainsi qu’avec celui de Montblanc et de Van Cleef. Tous nous ont confirmé qu’ils étaient ravis de notre collaboration et que ce laboratoire, et non pas cette division, avait vocation à dynamiser les marques que le groupe détient en propre.

Comment évolue le marché du parfum en général et comment s’est passé le premier semestre pour le groupe ?

P.B :Le premier semestre s’est très bien passé comme en atteste la publication de nos résultats. Avec des ventes de près de 400 M€, et une marge opérationnelle de 25%, nous avons atteint un niveau d’activité record pour notre groupe. En revanche, nous constatons, depuis quelques semaines et sur certains marchés, un léger ralentissement au niveau de la prise de commandes. Celui-ci n’a rien d’illogique, cela dit, après trois exercices de croissance soutenue.

Comment s’expliquent les niveaux de marges records dégagés par Interparfums au premier semestre 2023 ?

P.B : En tout premier lieu, l’un des motifs de satisfaction du premier semestre est le bon maintien de notre marge brute, et ce malgré une hausse significative des couts de production. Comme nous l’avions annoncé, nous avons passé auprès de nos distributeurs une hausse de prix de 5%, qui nous a pratiquement permis de compenser cette augmentation du prix des matières premières. Par ailleurs, notre premier semestre est traditionnellement toujours plus profitable que le second. Cela s’explique par des dépenses moindres en termes de publicité sur la première partie de l’année. Et plus encore qu’habituellement, nous aurons été assez peu dépensiers au cours des six premiers mois. La parité euro-dollar nous a également été favorable et a contribué elle aussi à cette excellente rentabilité.

Etes-vous toujours confrontés à la hausse des prix des matières et aux problèmes d’approvisionnement ?

P.B : Si la hausse des couts de production a donc été palliée sur le premier semestre il est probable qu’elle pèse davantage sur le second. Nous pensons que l’impact devrait être de l’ordre d’un à deux points de marge brute. Un facteur de plus pour expliquer notre moindre rentabilité sur le S2…

En revanche et c’est également l’un des motifs de satisfaction de l’exercice, la situation en matière de supply chain s’est nettement améliorée avec un retour à la normale, ou presque, en ce qui concerne nos délais de livraison.

Quels sont vos objectifs pour l’ensemble de l’exercice et avec quelles hypothèses et quels lancements ?

P.B : Comme je vous le disais un peu plus tôt, nous avons constaté un léger ralentissement sur certains marchés mais nous demeurons très confiants et devrions réaliser un chiffre d’affaires de l’ordre de 400 millions d’euros sur le second semestre, soit environ 800 millions sur l’ensemble de l’exercice.

Les bonnes performances de nos marques fortes (Montblanc, Jimmy Choo, Coach…) devraient nous permettre d’atteindre notre objectif. En matière de rentabilité, nous anticipons une marge opérationnelle autour de 18% sur l’ensemble de l’exercice.

Que représente le marché américain pour Interparfums et faut-il redouter une baisse de régime de ce marché ?

P.B : Le marché américain demeure bien sûr notre premier marché avec 40% de notre chiffre d’affaires sur le premier semestre et nous ne voyons pas de motif particulier d’inquiétude.

Comment se passe l’intégration des parfums Lacoste et quel est le potentiel de cette nouvelle licence ?

P.B : Très bien ! les équipes ont bien travaillé depuis la signature et nous sommes prêts et motivés pour un premier lancement en 2024. Difficile de quantifier le potentiel de cette marque mais ce dont nous sommes surs, c’est que Lacoste est une marque de dimension mondiale.

Quelle est la situation financière du groupe et permet-elle de nouvelles acquisitions de licences ?

P.B : Notre situation financière est toujours saine avec un endettement contenu et une trésorerie disponible de près de 180 M€. Nous disposons de plusieurs leviers de financement si nous avions l’opportunité d’une nouvelle acquisition

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