Voltalia : le compte n’y est pas !
Le producteur d’énergies renouvelables doit revoir à la baisse ses objectifs de rentabilité cette année en raison d’une coupure généralisée d’électricité survenue au Brésil mais maintient sa feuille de route à l’horizon 2027. Les marchés restent dubitatifs.
Après avoir été très chahuté en début d’année à la suite de la publication de résultats plus mauvais que prévu au titre de l’exercice 2022, Voltalia s’est à nouveau attiré les foudres des marchés en annonçant une révision à la baisse de son objectif annuel d’excédent brut d’exploitation normatif, désormais attendu autour de 275 millions d’euros contre une fourchette comprise entre 275 et 300 millions précédemment. En cause, une montée en puissance de la production au Brésil rendue difficile par une coupure d’électricité généralisée survenue le 15 août et dont les cause n’ont toujours pas été identifiées. En attendant les conclusions de l’enquête, les autorités du réseau électrique ont adopté des mesures restrictives pour les centrales en exploitation. Cet événement revêt une importance d’autant plus particulière que Voltalia était sur le point de mettre en service deux nouvelles centrales au Brésil (Cadunos dans l’éolien et SSM3-6 dans le solaire) d’une capacité totale de 359 MW. L’atteinte du nouvel objectif implique donc que la situation au Brésil s’améliore rapidement alors que la base de résultat au premier semestre est assez faible avec un excédent brut d’exploitation qui progresse certes de 18,6% à 56 millions d’euros grâce à l’augmentation des ventes d’énergie (+41%) permise par la mise en service des nouvelles centrales, mais reste loin des 275 millions attendus sur l’année. Pour combler l’écart, la direction mise sur une saisonnalité plus favorable au second semestre en termes de ressources (vent et soleil) qui se traduit généralement par une production 70% plus élevée en deuxième partie d’année au Brésil. La montée en puissance des centrales mises en services au premier semestre et l’installation de nouvelles centrales au deuxième semestre doivent aussi jouer un rôle d’accélérateur dans la production d’électricité et des résultats, de même que des cessions de capacités envisagées au Brésil pour plus de 500 MW.
Un pipeline de 16,1 GW
Les difficultés rencontrées au Brésil ne remettent pas en cause la feuille de route à l’horizon 2027 qui prévoit toujours une capacité en exploitation et en construction détenue en Europe de plus de 5 GW, une capacité exploitée pour compte de tiers de plus de 8 GW et un excédent brut d’exploitation normatif d’environ 475 millions d’euros, sachant que l’objectif fixé pour 2023 de 2,6 GW de puissance en exploitation et en construction avait été atteint avec un an d’avance fin 2022. Le portefeuille de contrats sécurisés atteint actuellement 4GW, en hausse de 45% sur un an et le portefeuille de projets en développement destinés à être conservés en propre ou vendus avec des services de construction et de maintenance atteignait 16,1 GW au 30 juin soit une hausse de 18% sur un an. Tout l’enjeu est maintenant de délivrer ces projets dans les délais et sans surcoûts ce qui n’a rien d’évident. Le consensus des analystes financiers table sur un bénéfice de 60 millions d’euros pour cette année puis 66 millions en 2024, 71 millions en 2025 et 86 millions en 2026, si bien que les niveaux de valorisation peuvent paraitre raisonnables à 20 fois les profits attendus en 2025 et 17 fois ceux espérés pour 2026. Si la croissance dans le secteur va rester soutenue, notamment grâce aux politiques gouvernementales en faveur des énergies renouvelables et à la volonté des entreprises d’accéder à des sources d’énergie décarbonées, l’expérience montre toutefois que les contretemps dans le secteur sont nombreux. Le maintien de taux d’intérêts élevés peut en outre retarder certains projets et renchérir le coût du crédit. Enfin sur une activité très capitalistique, voltalia aura sans doute encore besoin de faire appel au marché à moyen terme pour ne pas trop dégradé son bilan (dette nette de 1,33 milliard d’euros au 30 juin face à 1,27 milliard de fonds propres) avec un effet potentiellement dilutif sur son résultat par action.
Notre conseil : la performance semestrielle est décevante, tout comme le nouvel objectif annuel d’excédent brut d’exploitation. Malgré une valorisation devenue raisonnable, il est trop tôt pour envisager de se renforcer et l’on se contentera de conserver dans l’espoir de signaux plus positifs. Code Isin : FR0011995588.
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