Laurent Fiard, président directeur général de Visiativ : « Nous sommes une entreprise de croissance, de rendement, et de long terme! »
Le marché a sévèrement sanctionné les comptes du premier semestre de cet expert de la transformation digitale. Son patron, Laurent Fiard, reste confiant sur les perspectives de l’exercice et nous expose les ambitions du nouveau plan stratégique à cinq ans, baptisé SHIFT5.
Quel regard portez-vous sur les comptes du premier semestre ?
Laurent Fiard : Les comptes du premier semestre 2023 sont globalement de bonne facture avec une progression de 11% de l’activité à 122,6 millions, dont une progression du chiffre d’affaires abonnement SaaS de +85% (+64% en organique), qui témoigne de l’évolution du modèle de Visiativ. Notre marge d’excédent brut d’exploitation s’élève à 6,8%, en léger retrait par rapport au niveau exceptionnel du premier semestre de l’année dernière (8,3% au S1 2022), mais qui reste une très bonne performance compte tenu des investissements réalisés et du travail sur nos fondations pour préparer l’avenir et l’exécution de notre nouveau plan stratégique SHIFT5. En effet, nous avons entamé l’année dernière un important chantier d’uniformisation des marques des filiales de Visiativ sur 5 des pays où nous sommes présents avec des coûts inhérents (de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’euros). Ces dépenses liées au programme All Visiativ dédié aux collaborateurs, non récurrentes, étaient nécessaires pour renforcer le cross-sell (synergies commerciales) et l’identité de marque de l’entreprise en France et à l’international. Nous avons également procédé au changement de modèle d’intéressement de la force commerciale avec une incentive des commerciaux sur la prise de commande et non la facturation. C’était un changement important à opérer pour aligner notre plan avec nos objectifs des commerciaux.
Percevez-vous un certain attentisme de vos clients de petites et moyennes entreprises dans leur projet de transformation numérique ?
L. F : Sous l’effet des profondes mutations, le besoin de transformation des entreprises n’a jamais été aussi important et impérieux. Nous n’avons jamais eu autant de gros projets chez nos clients, qui sont de plus en plus ouverts à une transformation digitale mais aussi à un accompagnement dans leurs enjeux d’impact et de décarbonation. Cependant, du fait de la conjoncture économique, nous observons un ralentissement avec des prises de décisions qui se décalent ou des projets rabotés. Le contexte est plus difficile qu’en 2022 mais rien d’alarmant à ce stade.
Rencontrez-vous de difficultés pour recruter du personnel qualifié, des ingénieurs ?
L. F : Comme pour toutes les entreprises, le recrutement est un challenge quotidien. Depuis plusieurs années, nous concentrons nos efforts pour proposer une expérience collaborateur unique afin de fidéliser nos experts et d’attirer de nouveaux talents. Nous nous différentions d’autres acteurs du secteur grâce à des programmes portant sur l’inclusion, la diversité, l’égalité femmes-hommes, le bien-être, l’équilibre vie personnelle et vie professionnelle, le management ou bien le développement des talents. Parmi les programmes mis en place, nous avons proposés en 2023 un plan d’actionnariat salarié : c’est une manière de permettre à nos collaborateurs de soutenir notre projet d’entreprise, en étant aligné à nos valeurs de partage et de progression collective. À l’issue de la campagne, plus d’un collaborateur sur deux a participé, représentant désormais 6% du capital.
Percevez-vous une forte demande de vos clients en cybersécurité ?
L. F : En 2022, une entreprise française sur deux a été la cible d’une cyberattaque. À l’ère du digital, les points d’entrée des attaques se multiplient, les risques sont réels et les conséquences, en particulier pour les TPE/PME, sont lourdes et parfois même désastreuses (fraude bancaire, rançon, perte d’exploitation, perte de sauvegardes, etc.). Et les petites et moyennes entreprises sont d’autant plus exposées qu’elles sont souvent moins protégées car cela nécessite une expertise, un investissement et un pilotage dédiés.
Au cours des dernières années, nous avons accompagné plus de 300 entreprises dans l’optimisation et la sécurisation de leurs usages digitaux et dans leur cyber-résilience. L’expertise de Visiativ en cybersécurité s’appuie à la fois sur une équipe de 50 experts, une méthodologie de pilotage et une plateforme associée.
Au 1er semestre 2023, notre activité CONSULTING a progressé de +15%, portée par la dynamique d’innovation des entreprises, et les offres de cybersécurité.
L’intelligence artificielle est-elle un atout supplémentaire pour une société comme Visiativ ?
L. F : Oui totalement. Elle est tout à fait intégrée dans nos solutions PIM (Product Information Management) par exemple notamment pour les catalogues de produit et fiches marketing, en étant assistés par des moteurs de recherche tels que Chat GPT. Dassault Systèmes a apporté ses outils pour la conception générative. Nous intégrons également en interne nos propres moteurs de recherche, permettant d’associer l’IA dans tous nos produits. Nous sommes au cœur de l’action sur ces sujets futuristes.
Quel succès rencontre votre plateforme Visiativ Innovation Engine ?
L. F : La singularité de Visiativ réside dans notre accompagnement global de nos clients à travers notre proposition de valeur Visiativ Innovation Engine. Cette dernière permet d’offrir une continuité de services de proximité aux entreprises pour accélérer leur innovation, améliorer leurs situations concurrentielles, et respecter leurs engagements en matière de développement durable.
Cette proposition de valeur repose sur l’architecture technique Visiativ Agora, un socle technologique nativement cloud, ouvert (full API), modulaire, sécurisé, robuste et totalement évolutif. L’objectif est de simplifier la mise en place des services chez le client et d’assurer une continuité numérique en vrai cohérence autour de la donnée, ce qui est très apprécié de nos clients.
Comment abordez-vous la fin de l’année ? Délivrez-vous des perspectives chiffrées ?
L. F : Je tiens tout d’abord à rappeler que la saisonnalité de notre activité joue en notre faveur au 2nd semestre, avec un excédent brut d’exploitation traditionnellement bien meilleur sur l’année. Nous n’avons pas communiqué d’objectif défini pour 2023 mais nous sommes dans un état d’esprit de conquête. Notre ambition est de garder un modèle d’Excédent brut d’exploitation à deux chiffres (supérieur à 10%) qui permet de bien gérer l’entreprise. Dans le cadre de notre nouveau plan SHIFT5, nous avons choisi de ne pas donner d’objectif d’EBITDA pour ne pas freiner notre stratégie offensive. Toutefois, SHIFT5 doit nous emmener sur un chiffre d’affaires de 500 millions en 2028, soit une croissance annuelle en moyenne de 12% par an conjuguée entre organique et croissance externe et nous permettre à terme de tendre vers une rentabilité normative de 15% en terme d’EBITDA.
Quelle est l’essence de votre nouveau plan stratégique à horizon 2028 baptisé SHIFT5 ?
L. F : C’est un plan ambitieux de croissance en 5 ans et transformant dans la façon dont nous devons exécuter notre business model. Il vise à doubler la taille de Visiativ avec une accélération à l’international, mais également un plan de transformation de notre modèle par abonnement pour atteindre 100 millions de revenu annuel récurrent -ARR abonnement SaaS- à cet horizon. Un des indicateurs de la performance sera l’ARR (100 millions (contre 30 M€ aujourd’hui). Il est basé sur 5 piliers : Expérience, Expertise, Exécution, Expansion et Excellence. Notre vision : 100% des clients Visiativ abonnés à la plateforme Agora pour faire de Visiativ une « All-in-one Software & Consulting partner ». Ce plan est construit avec un capital de 23 000 clients nous permettant d’aller chercher des leviers de croissance cross sell.
Le bilan tendu de Visiativ avec un endettement net supérieur aux fonds propres ne constitue-il pas un handicap au moment d’accélérer son développement ? Solliciter les actionnaires est-elle une solution envisageable ?
L. F : Nous sommes équipés et avons négociés avec nos banques un large refinancement fin 2022 avant l’augmentation des taux. Nous avons réalisé un gros travail sur la maturité de la dette et disposons d’une poche de 60 millions pour nos investissements futurs dans de la croissance externe. Nous n’avons pas prévu d’augmentation de capital dilutive pour l’exécution de notre plan.
Notre bilan est sain, avec un endettement net attendu en fin d’exercice d’environ 70% des fonds propres, proche de celui de l’année dernière.
Rappelez-nous les principes de votre politique de distribution ?
L. F : Nous conserverons notre politique de dividende initiée il y a 2 ans. L’an dernier nous avons ainsi versé un dividende de 1,10 € par action au titre de 2022. Visiativ est une entreprise de croissance, de rendement, et de long terme !
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