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Sébastien Clerc, directeur général de Voltalia : « Nos ambitions à l’horizon 2027 sont confirmées »

Le dirigeant de ce producteur d’énergies renouvelables revient sur les causes de la révision en baisse de ses objectifs pour cette année et explique pourquoi les ambitions de Voltalia restent intactes à moyen terme.

La lettre de la bourse : Voltalia vient de revoir en baisse son objectif d’ebitda normatif pour cette année à environ 275 millions d’euros contre une fourchette précédente comprise entre 275 et 300 millions d’euros. Comment l’expliquez-vous ?

Sébastien Clerc : Nous avons fixé en 2019 deux objectifs pour 2023. Le premier, obtenir une capacité de 2,6 gigawatts, a été atteint avec 12 mois d’avance. Cet objectif sera donc dépassé à la fin de l’année, et ceci malgré tous les défis opérationnels qu’a suscité le Covid qui n’était pas anticipé quand nous avons fixé nos objectifs.  Par ailleurs, nous avions aussi annoncé en 2019 un objectif d’EBITDA normatif pour 2023 compris entre 275 et 300 millions d’euros. Il est maintenant situé en bas de cette fourchette à environ 275 millions d’euros, intégrant notamment la coupure d’électricité généralisée au Brésil survenue en août dernier, et qui a pour effet indirect de ralentir les connexions de nouvelles centrales de SSM3-6 (260 mégawatts, désormais connectée) et de Canudos (99 mégawatts, en attente du feu vert du réseau).  Par rapport à la date d’annonce de 2019, les 2,6 gigawatts représentent une multiplication par 2,9 et les 275 millions d’euros reflètent une multiplication par 3,6.

L’écart entre ce nouvel objectif annuel et le réalisé sur le premier semestre reste malgré tout très important. Comment comptez-vous le combler ?

S.C : Tout d’abord, pour notre activité Vente d’énergie, nous allons bénéficier des facteurs suivants : La saisonnalité de la production (avec par exemple un vent qui souffle plus fort au Brésil pendant la deuxième partie de l’année), l’effet semestre plein des centrales mises en service au premier semestre (qui ont été nombreuses notamment en France, au Portugal et au Brésil), la contribution des centrales mises en service depuis le 1er juillet (surtout au Brésil et en France) et celles qui le seront prochainement (principalement en Albanie et au Brésil) et enfin, l’effet temporaire mais positif sur le second semestre de ventes d’électricité en amont du démarrage du contrat de vente à long terme. Les renégociations pendant la période du Covid ont permis d’obtenir des reports du début des contrats long-terme afin de bénéficier de prix de vente souvent deux fois plus élevés pendant quelques mois. Concernant le Développement dans les services, Voltalia a annoncé le 9 octobre la vente de 420 mégawatts de sites prêts à construire au Brésil. Pour mémoire, nous avons un portefeuille de projets en phase de développement de 16,1 gigawatts au 30 juin 2023. Développeur de projets, Voltalia conserve habituellement environ 50% des sites, le solde étant cédé en même temps que des services de construction et de maintenance. Dans le domaine de la construction et la maintenance pour nos clients tiers, les contrats en cours sont beaucoup plus actifs au deuxième semestre.

 Votre feuille de route à l’horizon 2027 est-elle toujours valable et quels en sont les moteurs ?

S.C : Nos ambitions 2027 sont confirmées grâce à des avancées rapides : concernant l’Objectif d’un portefeuille de centrales détenues (en exploitation ou en construction) de 5 gigawatts, nous avons d’ores et déjà atteint les 4 gigawatts sécurisés par des contrats de vente d’électricité remportés. Concernant l’objectif de 8 gigawatts exploités pour nos clients tiers, nous évoluons rapidement également avec déjà 3,9 gigawatts en portefeuille en croissance de 30% par rapport à l’année dernière. Les mises en services de 2023, les nouveaux contrats de vente d’électricité remportés depuis 12 mois, ainsi que la croissance en cours des services aux clients tiers nous confortent sur l’objectif d’environ 475 millions d’euros d’EBITDA normatif. Enfin, l’impact de toutes nos activités permettront d’atteindre 4 millions de tonnes de CO2 évité pour nos clients. C’est d’ailleurs notre mission.

Quel est l’impact de la hausse des taux d’intérêt et du coût des composants sur les décisions d’investissements dans votre secteur ?

S.C : Notre stratégie, depuis plus de 10 ans, repose sur la signature de contrats de vente d’électricité à très long terme, habituellement 20 ans. Ils permettent de lever des financements de projets eux même très longs. Ces derniers sont presque toujours entièrement amortissables pendant la durée des contrats de vente d’électricité, donc sans risque de refinancement, et à taux d’intérêts fixés ou couverts. Dans ce contexte, la hausse des taux n’affecte que les levées de dettes futures pour des nouveaux projets. Dans ce cas, nous tenons compte des taux long-terme du moment quand nous établissons la proposition de prix de vente long-terme de l’électricité.

Il en va de même pour les nouveaux prix des composants. Ces prix sont sur un plateau élevé dans le secteur éolien, à cause surtout du prix de l’acier, et en baisse dans le secteur solaire, grâce aux progrès technologiques et au retour à la normale des processus industriels et des transports maritimes qui avaient été impactés par le Covid.

Pouvez-vous rappeler la sensibilité de vos performances à l’inflation et aux prix mondiaux de l’électricité ?

S.C : Les contrats de vente d’électricité que nous avons en portefeuille contiennent des clauses d’indexation de leur prix sur des indices d’inflation. Concrètement, sur 100 euros de ventes d’électricité en 2022, 78 euros bénéficient de cette indexation – pendant les 20 ans des contrats.

L’inflation affecte aussi le coût des équipements éoliens et solaires que nous achetons lorsque nous construisons nos centrales. Mais cette inflation sur les coûts de nos investissements est répercutée à nos clients, à qui nous offrons des prix plus élevés lorsque nous leur proposons de signer un contrat de vente d’électricité à 20 ans. Au total, la hausse de l’inflation a un effet positif sur nos performances financières.

La saisonnalité de vos résultats d’un semestre à l’autre peut-elle être corrigée dans le temps ?

S.C : Tant qu’il y aura des saisons, les volumes de production de nos centrales solaires et éoliennes seront saisonniers ! Cette saisonnalité pourrait diminuer progressivement avec l’évolution de notre portefeuille de centrales détenues, par exemple une autre répartition de nos centrales solaires entre le nord et le sud de l’Equateur. Mais ce n’est pas un objectif, car c’est la rentabilité de chaque centrale qui est déterminante plus que la saisonnalité de sa météo locale.

Quelle part de votre chiffre d’affaires peuvent représenter à terme les activités récurrentes de maintenance ?

S.C : Les équipes assurent pour nos clients tiers des services couvrant des centrales solaires mais aussi éoliennes. Au total, nous travaillons pour nos clients tiers sur 3,9 gigawatts de centrales. C’est une activité en forte croissance : +30% par rapport à 2022.  Pour autant, les autres activités de Voltalia grandissent elles aussi rapidement. Nous pensons que, même si la croissance de la maintenance continuait d’être très dynamique à moyen terme, son chiffre d’affaires devrait rester à moins de 10% du total.

Vos ressources financières actuelles sont-elles suffisantes pour mener à bien la feuille de route à l’horizon 2027 ou bien faudra-t-il à nouveau faire appel au marché d’ici là ?

S.C : Les besoins en fonds propres requis pour atteindre les ambitions 2027 sont couverts par l’augmentation de capital qui a été finalisée en décembre 2022 pour 490 millions d’euros.

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