Larry Abensur, président directeur général de Biosynex :« figurer dans le top 5 des spécialistes français du diagnostic »
Fort du succès de ses tests de diagnostic rapides pendant la crise sanitaire, ce laboratoire fait preuve d’une agilité remarquable pour déployer sa stratégie à d’autres domaines extrêmement porteurs. Son patron, Larry Abensur, nous présente son ambition pour Biosynex.
Spécialisé dans les tests rapides, Biosynex a profité de la pandémie pour enregistrer des résultats records qui lui servent aujourd’hui à élargir sa stratégie. Quelle est l’ambition ?
Larry Abensur : La stratégie de Biosynex a été claire et proactive en réponse à une baisse significative anticipée des ventes post COVID. L’objectif était de garantir un revenu récurrent après la pandémie en utilisant une approche axée sur les acquisitions. Le Groupe devrait atteindre un chiffre d’affaires annuel de 100 millions en 2023, qui n’inclut pas les revenus des acquisitions en année pleine, comparé à 35 millions avant la pandémie. Cette réussite découle d’un programme d’acquisitions soutenu (une dizaine en 2 ans) qui va permettre à court terme de multiplier par quatre les revenus récurrents.
Quelle la spécificité de la branche pharmacie ?
L. A : La Division Pharmacie génère un chiffre d’affaires de l’ordre de 40 millions malgré une conjoncture économique difficile. Elle a su reconstruire son activité en se concentrant sur des domaines tels que la santé familiale, la prévention et les autotests. En investissant dans des marques à fort potentiel comme Parakito pour les anti-moustiques et Innoxa, pour les soins oculaires, le Groupe a complété son portefeuille en vue de conquérir de nouveaux marchés. En parallèle et en s’appuyant sur le plan France Relance 2023, Biosynex a multiplié les initiatives pour développer des produits d’origine française à l’instar du thermomètre rechargeable et d’un tensiomètre made in France qui seront commercialisés début 2024. Pour maximiser le potentiel de nos acquisitions, nous allons tirer parti de nos équipes pharmaceutiques renforcées, composées de 40 commerciaux et de notre vaste réseau constitué de 12 000 points de vente.
Beaucoup d’acquisitions ont été réalisées dans le pôle diagnostic. Avec quel objectif ?
L. A : La Division Diagnostic a renforcé son portefeuille au 1er semestre 2023 grâce aux OPA réalisées sur Theradiag et Chembio Diagnostics, puis la montée à 100% du capital dans Procise Dx aux USA.
Cette dernière acquisition entre en parfaite synergie avec celle de Theradiag en offrant deux solutions complémentaires aux laboratoires centralisés et décentralisés. L’objectif est de devenir leader mondial dans le monitoring des biothérapies, une nouvelle frontière médicale nécessitant une personnalisation des traitements pour chaque patient. Il est impératif de piloter ces traitements tant pour des raisons économiques, d’efficacité et de tolérance.
L’autre axe sur lequel nous avons investi en diagnostic est le Point of Care, c’est-à-dire la biologie hors laboratoire dans des cabinets médicaux, centres de santé, EHPAD, ou services d’urgence des hôpitaux. Nous avons par exemple acquis Avalun en France en 2021 et Qualigen en juillet 2023 aux Etats-Unis qui proposent de petits appareils pouvant être utilisés tant en laboratoire qu’en cabinet médical…
En résumé, des acquisitions stratégiques qui vont nous permettre de déployer dès 2024 une stratégie offensive, avec une offre performante et de fortes marges, sur des marchés porteurs au niveau international et notamment aux USA.
Ce reploiement est-il aujourd’hui achevé ou restez-vous à l’affût de nouvelles acquisitions ?
L. A : Nous n’envisageons pas actuellement de nouvelles acquisitions. Notre objectif principal est de tirer le meilleur parti des entités que nous avons déjà acquises, qu’il s’agisse des marques en pharmacie ou des acquisitions en diagnostic. Notre priorité se concentre désormais sur deux aspects clés : la restructuration pour optimiser notre organisation et nos dépenses d’une part et d’autre part pour conduire une stratégie d’expansion commerciale agressive.
Un exemple concret de cette stratégie est illustré par ProciseDx, société prête à conquérir le marché américain dans le domaine du monitoring des biothérapies par suite de l’approbation délivrée par la FDA. Nous mettons particulièrement l’accent sur les opportunités du marché américain, qui représente 45% du marché mondial de la santé, en proposant des solutions pour des maladies telles que les MICI (maladies chroniques inflammatoires de l’intestin) et notamment la maladie de Crohn.
Nous ne limitons pas notre vision au seul marché américain, mais nous avons un regard global sur la géographie. Nous considérons nos acquisitions comme extrêmement prometteuses. Parmi elles, Chembio, spécialisé dans les tests rapides, et Innoxa dans la pharmacie sont des exemples significatifs. Notre stratégie se caractérise par une approche globale et offensive qui concerne les produits, les technologies et l’expansion géographique. Notre volonté est d’exprimer pleinement le potentiel de chacune des entités acquises.
Comment analysez-vous la performance de Biosynex au premier semestre ?
L. A : L’entreprise a été affectée par d’importants frais d’ajustement des stocks après la pandémie de COVID-19, qui ont nécessité des dépréciations, ainsi que par les coûts importants liés notamment aux deux OPA réalisées sur Theradiag et Chembio Diagnostics. Cela se traduit par un résultat négatif au premier semestre, mais il s’agit d’une situation non récurrente. Le second semestre présente une perspective plus positive, bien qu’il reste quelques dépenses à prévoir, notamment liées à des dépenses de recherche aux États-Unis. L’objectif est d’améliorer la performance opérationnelle, avec l’objectif de se rapprocher de l’équilibre financier à court terme.
Le retour à la rentabilité est prévu pour 2024, une fois que la stratégie commerciale mise en œuvre commencera à porter ses fruits. L’année 2023 est une période de transition, marquée par les ajustements nécessaires liés à la fin de la pandémie et à nos frais et investissements liés à notre intense activité d’acquisition.
Quelle est la stratégie commerciale ?
L. A : Dès 2024, nous envisageons une expansion commerciale aux États-Unis par une action de vente directe ou en établissant des partenariats avec des acteurs majeurs de l’industrie du diagnostic et de la pharmacie dans le segment des biothérapies. De manière similaire, en Europe, nous utiliserons nos réseaux commerciaux, distributeurs et filiales, pour dynamiser les activités Avalun et Theradiag .
Qu’attendez-vous de l’autorisation donnée par la FDA aux tests ProciseDx ?
L. A : Les tests ProciseDx sont la seule solution de monitoring des biothérapies approuvée aux Etats-Unis, ce qui exclut toute concurrence de prix pour les deux prochaines années. Ces tests devraient nous permettre de générer à court terme un chiffre d’affaires annuel de 5 à 10 millions avec des marges comprises entre 80 et 90%. Nous préparons actuellement une campagne de lancement de cette gamme avec des activités marketing et commerciales, et une forte présence dans tous les grands congrès de gastroentérologie.
On imagine votre stratégie ambitieuse en matière de recherche & développement. Quelle part de votre chiffre d’affaires y consacrez-vous ? Quels sont les projets en gestation ?
L. A : La R&D représente 10% de notre chiffre d’affaires. Le Groupe dispose désormais de six centres de recherches à San Diego, New-York, Berlin, Croissy-Beaubourg, Grenoble et à Strasbourg spécialisées dans les tests rapides, le Point of Care, le monitoring des biothérapies et la biologie moléculaire. Ces centres vont permettre de développer de nouveaux tests de diagnostic dans différents domaines ainsi que des tests rapides de dépistage de masse. Les directives récentes de l’OMS concernant la prévention, des maladies sexuellement transmissibles, tropicales, etc., offrent d’importantes opportunités pour nos tests, d’autant plus que nous disposons de certifications OMS pour certaines applications
Quelle est la part de vos solutions remboursées par les autorités sanitaires des pays concernées ?
L. A : Tous les tests utilisés dans hôpitaux et laboratoires ouvrent droit à un remboursement. Les produits n’étant pas remboursées touchent à la division pharmacie du Groupe.
Délivrez-vous des perspectives à moyen terme ?
L. A : Absolument, notre objectif est d’atteindre 100 millions de chiffre d’affaires en 2023, plus de 120 millions en 2024.
D’ici 5 ans, nous visons 200 millions de revenus.
L’indépendance de Biosynex est-elle un impératif ?
L. A : Oui, c’est une volonté forte même si nous n’excluons pas de nous adosser à un investisseur pour assurer tous les moyens nécessaires à notre développement. L’ambition de Biosynex est de créer un groupe dans le domaine du diagnostic qui figure dans le top 5 français. Pour y parvenir, cela nécessite un certain degré d’indépendance.
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