Jean-Claude Maillard, président-directeur général de Figeac Aéro : « Nous sommes en position d’atteindre nos objectifs »
Fragilisé par la crise sanitaire, cet équipementier aéronautique a reçu le soutien financier de Tikehau Capital et retrouve de la visibilité avec la résolution progressive des goulets d’étranglement sur la chaine des approvisionnements et la montée en charge des cadences de production. Son patron-fondateur et principal actionnaire, Jean-Claude Maillard, affiche sa confiance dans les qualités intrinsèques de son groupe.
Quel regard portez-vous sur le chiffre d’affaires du deuxième trimestre du groupe ?
Jean-Claude Maillard : Nous réalisons sur le trimestre une croissance organique de près de 8,9% de chiffre d’affaires, tirée par les activités aéronautiques, en progression organique de 10,5%. Il faut noter que cette période est traditionnellement la plus faible de l’exercice, compte tenu des mois d’été. Elle est par ailleurs marquée par un effet de base défavorable puisque l’an dernier nous avions dû reporter environ 7 millions de chiffre d’affaires du premier trimestre vers le deuxième trimestre lié à la bascule vers le nouvel ERP, et par un effet défavorable du change de 5,2 millions. La croissance sous-jacente est en réalité de plus de 19%.
Ainsi, sur le premier semestre, notre chiffre d’affaires atteint 181,2 millions en hausse organique de +24,9%, porté par la poursuite de la reprise du secteur aérien. Nous réalisons donc une performance solide parfaitement en ligne avec nos ambitions 2023/2024 de réaliser un chiffre d’affaires compris entre 375 et 390 millions.
Le groupe reste-t-il pénalisé par des difficultés dans sa chaine d’approvisionnement ?
J-C. M : L’industrie dans son ensemble semble s’accorder sur un apaisement très progressif des tensions d’approvisionnement. Ces tensions persisteront donc sur l’exercice en cours. Pour autant, l’ensemble de la chaîne de valeur est pleinement mobilisé. De notre côté, nous bénéficions d’ores et déjà d’une meilleure visibilité et nous avons généralement su nous adapter, afin d’assurer le ramp-up industriel nécessaire à l’augmentation des cadences de nos clients. 2024 devrait ainsi voir une certaine normalisation des conditions d’approvisionnement.
Rencontrez-vous toujours des problèmes de recrutements ?
J-C.M : Sur le recrutement, les besoins sont forts, et la situation reste tendue, principalement en France. Nous continuons de travailler sur la valorisation de nos métiers et du Groupe afin de maximiser l’attractivité et la rétention de nos talents. Par ailleurs, nous bénéficions d’autres implantations industrielles fortes, notamment au Maghreb, où nous avons des viviers de recrutement importants.
Avec quelle facilité parvenez-vous à répercuter l’inflation auprès de vos donneurs d’ordre ?
J-C.M : Au vu du contexte actuel de la supply chain, à savoir une demande très forte et des capacités contraintes, nos clients sont plus attentifs à nos demandes en la matière. Avec certains de nos clients importants, une logique de réel partenariat s’est ainsi s’installée.
Ces conditions sont d’une manière générale plus propices au transfert des hausses de prix, même si les clients ne sont pas tous sensibles au même degré à des arguments liés à l’inflation.
Sur le semestre nous avons répercuté une partie majeure de l’inflation mais le point important pour nous est surtout que depuis la sortie de crise, nous sommes désormais en mesure d’avoir des discussions constructives à ce sujet avec nos clients afin de permettre une meilleure adéquation entre structure de coût et prix de vente. C’est avant tout notre capacité à adapter nos méthodes et nos contrats qui permettront de juguler l’inflation sur le long terme, quelle qu’elle soit.
Une montée en puissance de Tikehau Capital au tour de table de votre groupe est-elle envisageable ?
J-C.M : Comme vous le savez, Ace Aero Partenaires, le fonds actionnaire géré par Tikehau Capital souhaite être un investisseur minoritaire constructif dans la gouvernance et ne prévoit pas de prendre le contrôle du Groupe qui reste une entreprise que je contrôle toujours. Par ailleurs, nous n’avons pas de besoin et ne prévoyons donc pas de nouveau tour de table à ce stade.
Conserver l’indépendance capitalistique de Figeac Aero constitue-elle une priorité ?
J-C.M : Ma priorité est celle du Groupe, c’est-à-dire un retour à un niveau d’activité d’avant crise en mars 2025, accompagné d’une amélioration de notre rentabilité et surtout de nos free cash flows. Atteindre cette première étape sera déjà un élément décisif pour notre valorisation.
Livrez-vous des perspectives financières pour cette année ?
J-C.M : Avec un premier semestre particulièrement encourageant, tant en termes d’activité que de perspectives de développement commercial, nous sommes parfaitement positionnés pour atteindre l’ensemble de nos objectifs 2023/2024, et ce, pour la 3ème année consécutive avec un chiffre d’affaires compris entre 375 et 390 millions, un EBITDA courant entre 48 et 53 millions et des free cash-flows entre 16 et 20 millions.
A plus long terme ?
J-C.M : Nous poursuivons une stratégie qui est focalisée sur la montée en charge de notre outil industriel, d’ores et déjà dimensionné pour la croissance, l’optimisation de notre rentabilité autant au travers de nouvelles affaires que du travail de fond sur nos contrats existants, et enfin bien sûr une discipline financière marquée par la maîtrise des investissements et du besoin en fonds de roulement. Cette stratégie va nous permettre de développer durablement la génération de cash flows du Groupe et d’accélérer notre désendettement.
D’où cette première étape à mars 2025, à savoir le retour sur notre CA d’avant-crise, une marge d’EBITDA autour de 16% et des free cash flows importants, entre 20 et 28 millions.
Cela dit, 2025 pour nous, c’est du très court terme compte tenu de nos cycles, et donc nous prévoyons de dévoiler prochainement nos nouvelles orientations à l’horizon de mars 2028. Ce sont ces perspectives qui sont révélatrices de la vraie valeur de notre Groupe.
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