Mathias Hautefort, directeur général de Netgem : « Notre retour à l’équilibre est durable».
Le patron de cette entreprise spécialisée dans les services grand public pour l’ultra haut débit revient sur les dernières évolutions intervenues dans le périmètre de Netgem et explique comment les résultats vont progresser à l’avenir.
La lettre de la bourse : Quelles sont les principales évolutions survenues dans le groupe depuis le début de l’année ?
Mathias Hautefort : Nous avons été particulièrement actifs afin de simplifier les activités de notre groupe tout en assurant les relais de notre croissance future. Concrètement, en mars dernier, Netgem a procédé à un recentrage de son activité en finalisant la cession de son activité fibre B2C, à Nordnet. C’est une page de l’histoire du groupe qui s’est tournée. Elle nous a permis d’asseoir notre savoir-faire et notre crédibilité dans la gestion des parcs d’abonnés d’opérateurs télécom mais, au regard des relais de croissance qui s’offrent aujourd’hui à nous, nous nous devions de tenir un cap et une discipline dans notre développement. Après cette première opération de recentrage réussie, Netgem a finalisé en juillet l’acquisition de deux entreprises issues de l’ex-groupe Eclair, offrant services et solutions aux éditeurs de contenus. La première de ces deux sociétés (Eclair
Preservation) est spécialisée dans la préservation, physique et numérique, d’oeuvres audiovisuelles (films, émissions, publicités, etc.). Elle compte parmi ses clients les plus grands studios et ayants-droit français qui lui font confiance depuis de très nombreuses années. Tout en retenant son savoir-faire original de conservation sécurisée des supports physiques (bobines originales ou disques durs), elle développe depuis plusieurs années ses compétences dans le domaine du numérique, ce qui permet à ses clients de valoriser leurs catalogues d’oeuvres. Cette activité a pour spécificité de fonctionner avec des relations clients de long terme, conférant ainsi une visibilité supplémentaire sur les revenus récurrents du groupe. La seconde (Eclair Digital Services) fournit des services de vérification et de traitement numériques aux éditeurs de contenus. Elle est en fait très complémentaire de la première. Sa base clients est toutefois différente dans la mesure où, par la nature même de son métier, cette entreprise est en mesure de répondre aux besoins des éditeurs du monde entier et notamment nord-américains.
Ces deux nouveaux métiers viennent conforter notre axe de développement auprès des éditeurs de contenus, dans la continuité de ce que nous menons depuis plusieurs années (avec Gaumont par exemple). C’est une voie de valorisation supplémentaire de notre plateforme, de nos solutions et de nos savoir-faire, par l’amont de la chaîne de valeur production – distribution de contenus.
Enfin, nous avons procédé, presque simultanément, à l’acquisition plus technique des actions de notre filiale Vitis encore détenues par la CDC et le groupe Océinde (de l’ordre de 47% du capital). Ces trois acquisitions ont représenté un investissement global de 7,4 millions d’euros. Elles ont été financées d’une manière que je considère très vertueuse, c’est à dire en majorité par un placement privé de 5 millions souscrit par la CDC elle-même et par le principal cédant des sociétés issues du groupe Eclair (la société Manco). Ce placement s’est effectué à un prix de 1,20 € par action, soit une prime de 12,7% par rapport au cours de bourse. C’est conforme à notre souhait de préserver les intérêts des actionnaires minoritaires du groupe.
Last but not least, notre objectif demeure que ces acquisitions soient relutives pour nos actionnaires dès 2024, avec un impact attendu sur le bénéfice par action supérieur à 10% après prise en compte des synergies.
Quelle est la base d’abonnés aujourd’hui et comment évolue le revenu récurrent annuel ?
M.H : Nous continuons à faire progresser ces deux indicateurs et nous venons d’ailleurs de renouveler notre objectif de croissance de 30% de notre base d’abonnés et de notre revenu récurrent annuel pour l’année 2023.
Le retour à l’équilibre au premier semestre est-il durable et permet-il d’envisager des bénéfices croissants à l’avenir ? Quels sont les relais de croissance ?
M.H : Effectivement, il s’agit d’un retour à l’équilibre que nous estimons être durable car il s’appuie sur une croissance de notre revenu récurrent annuel. Il y a donc une composante de croissance future embarquée, qui se traduira de plus par un effet positif sur nos fondamentaux financiers : EBITA, EBIT et résultat net. Au-delà de la croissance d’ores et déjà embarquée dans nos chiffres, nous avons pris soin de développer des relais de croissance concrets tels que le pôle media services, constitué autour des deux entreprises que nous venons d’acquérir.
Quelle est la situation financière de Netgem et comment entendez-vous utiliser la trésorerie ?
M.H : Avec une trésorerie brute s’élevant à 8,9 millions d’euros à fin juin 2023 (post-placement privé et versement du dividende annuel) et un endettement IFRS limité à 1,1 million, je qualifierais notre situation financière de saine voire très saine. Nous avons ainsi pu régler en toute sérénité l’acquisition des sociétés issues du groupe Eclair que je vous ai décrite, intervenue en juillet dernier. Cette situation nous permet notamment de financer notre stratégie de croissance et d’innovation, comme par exemple le développement de notre offre ImmersiveTV, intégrant contenus audiovisuels et Cloud Gaming, déjà en test chez nos clients et qui séduit de nombreux prospects potentiels.
Quelle est votre stratégie en matière de développement durable ?
M.H : Notre stratégie consiste à progresser par des plans d’actions précis sur les plans environnemental, social et gouvernance. Nous insistons particulièrement à ce stade sur la parité hommes – femmes car notre monde du développement logiciel revient de loin à ce sujet. Notre objectif est de parvenir à une proportion de 33% de femmes dans nos effectifs, sachant que nous sommes déjà au-delà de ce seuil au sein du Conseil d’administration et du Comité de Direction du groupe. Concernant notre Conseil d’administration, vous aurez sans doute noté que celui-ci a été remanié en profondeur récemment avec une équipe plus resserrée à cinq membres et l’entrée de deux personnes représentant les deux nouveaux investisseurs significatifs que sont la CDC (7% du capital) et la société Manco. (5% du capital).
Ceux-ci nous semblent apporter une garantie d’implication et d’équilibre dans notre processus décisionnaire. Nos actions concrètes nous ont valu d’obtenir pour la première fois la notation Ethifinance Or (note 73/100) au titre de l’année 2022. Nous nous classons ainsi au 9ème rang des 205 sociétés de notre secteur d’activité et nous espérons encore progresser !