Thomas Jacquet, Responsable des relations investisseurs chez Coface : « Nous distribuons 80% de notre résultat net »
Le responsable des relations investisseurs de l’assureur crédit revient sur les performances des neuf premiers mois de l’année et explique pourquoi la politique de distribution devrait rester généreuse.
La lettre de la bourse : Quel bilan tirez-vous de ces 9 premiers mois de l’année au niveau de votre cœur de métier de l’assurance-crédit ainsi que dans les services ?
Thomas Jacquet : Nous avons une nouvelle fois publié des résultats que nous considérons comme excellents. L’assurance-crédit, malgré un net ralentissement au troisième trimestre, progresse de 6,6% à change constants par rapport à des bases 2022 très élevées. Elle maintient un niveau de marge excellent puisque notre ratio combiné (notre indicateur clé, qui rapporte nos coûts et la charge des sinistres à nos revenus) est de 66,0%, bien meilleur que notre objectif de moyenne de cycle.Nos ventes de services d’informations, un métier encore jeune dans lequel nous investissons fortement, progressent pour leur part de près de 15%, enregistrant ainsi une nouvelle année de croissance à deux chiffres et confirmant leur rôle de relais de croissance. Ce métier est important pour Coface puisqu’il permet d’augmenter significativement le nombre d’entreprises clientes. Contrairement à l’assurance, ces activités ne consomment pas de capital réglementaire et offrent également d’importantes synergies avec notre infrastructure d’assurance-crédit. Nous enregistrons enfin un résultat net de 190M€, en hausse de 2%. Cela représente un retour sur fonds propres tangibles annualisé de 14%.
Comment évolue le niveau de sinistralité des clients ainsi que les prix des prestations ?
T.J. : Le coût des sinistres enregistrés en 2023 est revenu au niveau de 2019 après 3 années pendant lesquelles il était tombé à un niveau exceptionnellement bas. Le nombre de sinistres reste cependant inférieur, d’environ 9%, à ce qu’il était à l’époque. Cela reflète l’épisode inflationniste que nous avons connu ces deux dernières années. Nos prix sont quant à eux en baisse de 2%, en ligne avec le rythme de baisse historique. L’assurance-crédit est chaque année plus efficace et nos clients en profitent !
Quel est l’impact des taux d’intérêts élevés sur le portefeuille d’investissement ?
T.J. : Dans un premier temps, essentiellement en 2022, la hausse des taux a provoqué une baisse de la valeur de marché des portefeuilles obligataires qui est le prix retenu pour leur valorisation au bilan. Avec des placements en valeur de marché, nos fonds propres reflètent donc parfaitement cette baisse de valorisation. Il n’y a rien de caché. Dans un deuxième temps, nous bénéficions d’un rendement plus élevé pour nos nouveaux investissements qui viennent progressivement remplacer les obligations plus anciennes. Au dernier trimestre, nous avons par exemple investi à un taux de 3.9% en moyenne, en nette amélioration par rapport à un rendement courant du stock de 1.7%.
Comment envisagez-vous la fin de l’année et avez-vous des prévisions ?
T.J. : Non, nous ne faisons aucune prévision ! Nous nous fixons des objectifs de moyenne de cycle (ratio combiné, retour sur fonds propres tangibles, taux de distribution) mais ne voulons pas faire de prévisions à court terme, exercice périlleux qui amène souvent à prendre des décisions de gestion contraires à l’intérêt de long terme. Nous poursuivons par exemple nos efforts d’investissement malgré le ralentissement du chiffre d’affaires que nous avons connu au troisième trimestre. Sur un plan plus macroéconomique, le monde actuel reste très incertain avec une résurgence forte du risque politique et des banques centrales qui restent très actives. Nous anticipons par conséquent une croissance mondiale qui restera faible, en tout cas en dessous de sa moyenne récente (2,2% en 2024 contre 2,4% en 2023), et un niveau de risque relativement élevé. Mais notre métier est avant tout d’éclairer et d’accompagner nos clients dans cet environnement instable.
Quelle est la politique de distribution de Coface ?
T.J. : Notre politique est de distribuer au moins 80% de notre résultat net, dès lors que notre solvabilité est dans la zone dite « de confort ». Le dividende est donc susceptible de baisser lorsque nos résultats baissent. Mais il a représenté ces dernières années un rendement généreux, principal contributeur à la performance pour nos actionnaires.
La structure financière du groupe vous parait-elle solide aujourd’hui ?
T.J. : En tant que compagnie d’assurance, nous devons respecter un niveau minimum de solvabilité. Notre ratio, qui compare nos ressources au niveau de capital requis, était à fin juin de 192%, confortablement au-dessus de notre zone de confort qui se situe entre 155% et 175%. Lorsque nous simulons l’impact de grands chocs négatifs comme une chute des marchés ou une crise économique, notre ratio reste dans cette zone cible, y compris dans les scénarios de crise dit cinquantenaires. Nous essayons dans ces scénarios de refléter les conséquences d’une crise de crédit avec une probabilité d’occurrence d’une fois tous les 50 ans, soit un événement très sévère. Pour donner un ordre d’idées, le choc simulé est basé sur celui que nous avons connu en 2009 ! Et, même dans ce cas, nos simulations montrent que notre solvabilité resterait dans la zone de confort. L’agence de notation Moody’s a d’ailleurs récemment relevé sa note de crédit sur Coface, notamment en raison du niveau élevé de solvabilité de notre groupe.