Renault : un mal pour un bien ?
L’annulation de l’introduction en bourse d’Ampère, la filiale regroupant les activités électriques du constructeur, n’a pas été sanctionnée par les marchés mais démontre les difficultés du secteur.
Une surprise qui n’en est pas une ? Renault a décidé d’annuler l’introduction en bourse d’Ampere, sa filiale qui regroupe toutes ses activités électriques. L’opération était prévue dans le courant du premier semestre 2024 et le constructeur en attendait une valorisation élevée de l’ordre de 10 milliards d’euros. Mais les conditions de marché ne sont pas visiblement réunies pour assurer le succès de l’introduction en bourse. La nouvelle n’a pas trop perturbé les investisseurs qui avaient déjà émis des doutes sur la valorisation souhaitée par Renault (certains analystes évoquaient seulement 3 milliards pour Ampère) et sur la pertinence de l’opération elle-même dans un contexte de marché automobile tendu, notamment sur le segment électrique où la concurrence bat son plein avec les remises accordées par Tesla et la montée en puissance des constructeurs chinois comme BYD. La politique de subvention des Etats pour les véhicules électriques devient par ailleurs moins généreuse et pourrait réduire l’attractivité de ces véhicules pour les consommateurs. Au cours des derniers mois, les ventes de voitures électriques en Europe ont déjà connu un gros coup de frein. Renault estime toutefois pouvoir financer seul sa stratégie autour de l’électrification des véhicules et donne déjà une indication sur les résultats de 2023 qui seront publiés le 15 février. Ils confirment la capacité du groupe à « générer du cash durablement pour financer son futur, y compris le développement d’Ampere », précise la direction.
Encore 24% de Nissan à Céder
A la fin du premier semestre 2023, Renault avait commencé à rétablir sa structure financière avec une trésorerie nette de sa division automobile de 2,2 milliards d’euros, très inférieure toutefois au trésor de guerre du concurrent Stellantis (29 milliards). La marque au losange devra sans doute compter sur un effort plus important du partenaire Nissan qui prévoyait d’injecter 600 millions d’euros dans Ampere. Renault peut aussi s’appuyer sur l’entrée du groupe saoudien Aramco dans le tour de table de son pôle voitures thermiques. Et il va sans doute continuer d’alléger sa participation dans Nissan pour la ramener à 15%, comme il l’a fait en décembre dernier en cédant 5% du capital pour une valeur de 764 millions d’euros. Il reste encore 24% du capital de Nissan à céder soit une rentrée de cash potentielle de 3,5 milliards d’euros. Mais la principale question est de savoir si la filiale Ampere pourra tenir ses objectifs ambitieux. Ils visent à produire environ 1 million de véhicules électriques en 2031 avec un objectif de chiffre d’affaires de plus de 10 milliards d’euros dès 2025 avec 4 véhicules. A l’horizon le chiffre d’affaires envisagé est de plus de 25 milliards avec 7 véhicules. Dans un premier temps marginale, la marge opérationnelle est attendue à au moins 10% à partir de 2030. Or le chemin sera long et la concurrence qui sévit dans le secteur pourrait compromettre la bonne marche du plan.
Notre conseil : le dossier est faiblement valorisé à moins de 3 fois les profits attendus en 2024 et 2025 mais le durcissement du marché automobile cette année nous incite à rester prudent sur le secteur et sur Renault en particulier. Code Isin : FR0000131906.
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