Eric Hémar, Président directeur général de ID Logistics : « Devenir un acteur incontournable dans les pays où nous sommes »
Reputé pour sa capacité à dégager chaque année une performance régulière de ses principaux indicateurs financiers, ce leader de la logistique contractualisée tisse sa toile dans plusieurs pays stratégiques. Son patron et fondateur, Eric Hémar nous livre les secrets de sa réussite et son ambition pour son groupe.
Quel regard portez-vous sur le chiffre d’affaires annuel du groupe ?
Eric Hémar : Nous avons deux motifs particuliers de satisfaction. D’abord, une croissance de notre chiffre d’affaires à 2 chiffres (+10,7%) qui correspond à notre ambition générale depuis le lancement de notre entreprise. Ensuite, notre diversification géographique, avec notre fort développement aux Etats-Unis mais également en Pologne, porte ses fruits. La France représente 30% de notre chiffre d’affaires (contre plus de 50% il y a encore quelques années), ce qui nous permet de mieux mutualiser les écarts de conjonctures.
Comment expliquer la moins bonne performance de l’activité en France par rapport à celle observée dans d’autres pays européens dans un contexte globalement dégradé ?
E. H : L’impact de l’inflation a conduit en France, plus qu’ailleurs, à une réduction significative des volumes de grande consommation, y compris dans des secteurs qui étaient considérés comme très stables (la distribution alimentaire par exemple). De plus, dans cette conjoncture, certains lancements de gros projets ont été décalés. Avec le retour d’une certaine stabilité de prix et les démarrages programmés, l’année 2024 devrait nous permettre de renouer avec la croissance en France.
Quels ont été les secteurs d’activité les plus dynamiques et ceux les plus pénalisés par la conjoncture ?
E. H : C’est très inégal selon les pays. De plus, il y a souvent des écarts importants à l’intérieur d’un même secteur d’activité, l’exemple le plus frappant est celui de la mode où certaines enseignes marchent très bien (Inditex, H&M…) alors que d’autres souffrent fortement. De façon plus générale, on peut dire que les enseignes très professionnels en e-commerce ont vu leur part de marché progresser, à l’inverse, le secteur de biens plus durables avec une distribution plus traditionnelle (équipement de la maison, ameublement, plus généralement le non alimentaire) traverse une période plus difficile après deux années de forte hausse portée par le contexte lié au Covid.
Le groupe souffre-t-il encore de l’inflation ?
E. H : Je ne crois pas que l’on puisse dire que nous « souffrons» particulièrement de l’inflation. Nos contrats font l’objet d’indexation et nous devons en contrepartie mettre en place des plans de re-ingeniering pour amortir l’augmentation de coûts pour nos clients, ce que nous avons fait à grande échelle en 2023. L’inflation a surtout pour nous un impact sur les volumes de nos clients et sur les comportements moins prévisibles des achats des clients finaux.
Comment se déroule l’intégration de Kane Logistics aux Etats-Unis ? Pouvez-vous nous rappeler vos ambitions outre-Atlantique ?
E. H : Nous sommes très heureux de notre acquisition aux Etats-Unis et l’intégration de Kane Logistics est entièrement achevée. Nous avons eu la chance de mettre la main sur une très bonne équipe, très professionnelle, qui délivre les résultats attendus et qui comprend le rôle de pilier qu’elle joue dans le développement du groupe. Les clients de Kane Logistics non seulement sont restés mais nous ont confiées des opérations supplémentaires. Enfin nous avons déjà mis en œuvre plusieurs synergies commerciales avec des clients européens qui nous ont donné des opérations aux Etats-Unis et inversement des clients américains qui nous ont confiés des projets en Europe.
Le groupe a également pris pied en Grande-Bretagne. Quelle est la stratégie ?
E. H : La Grande-Bretagne était le dernier pays européen significatif qui manquait à notre couverture géographique. En raison des désorganisations induites par le Brexit, nous avons préféré attendre quelques temps avant d’y lancer notre développement. C’est le plus grand marché logistique externalisée d’Europe avec une très forte maturité. Nous devons d’abord démontrer notre capacité sur ce marché, notamment à travers notre savoir-faire et notre innovation.
D’autres pays ou zones géographiques vous intéressent-elles ?
E. H : Nous avons déjà beaucoup à faire avec la Grande-Bretagne et l’Italie ouverts récemment, ou notre développement aux Etats-Unis… De plus, nous souhaitons devenir, dans les pays où nous sommes déjà présents, un acteur incontournable, comme nous le sommes aujourd’hui en France, en Pologne ou en Espagne. Enfin nous pensons que notre couverture géographique est aujourd’hui bien adaptée… Cependant, notre ADN est d’abord de servir et d’accompagner nos grands clients selon leurs besoins géographiques spécifiques. C’est ce que nous avons toujours fait et c’est ce qui fait notre marque.
De quelles marges de manœuvre financières dispose le groupe pour réaliser de nouvelles opportunités de croissance externe ?
E. H : Nous avons pour objectif de réduire notre ratio d’endettement à 1,6 fois l’EBITDA à fin 2023 (contre 2,6 après l’acquisition de Kane Logistics). Nous devrions poursuivre cette tendance d’ici fin 2024 tout en maintenant un effort d’investissement important en raison de la mécanisation des entrepôts. Ainsi nous retrouvons une réelle capacité financière pour de nouvelles acquisitions.
Livrez-vous des perspectives pour cette année ? A plus long terme ?
E. H : C’est une année qui retrouve un cycle de nombreux démarrages dans plusieurs pays, dont la France. C’est une année qui doit confirmer notre percée dans les secteurs du fashion, de l’industrie des biens de consommation et du e-commerce. Enfin c’est une année où nous mettons en œuvre une nouvelle politique RH groupe afin de développer nos propres talents nécessaires à notre croissance dans le monde entier.
L’instauration d’une politique de dividende pour les actionnaires est-elle envisageable ?
E. H : C’est envisageable mais étroitement corrélée à nos ambitions de développement et d’investissement.
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