Michelin : stratégie payante dans le haut de gamme
Malgré une chute des volumes, le pneumaticien a dégagé l’an dernier un résultat opérationnel record grâce à son pricing power et à la priorité donnée aux offres à forte valeur ajoutée. La belle génération de cash va permettre un programme de rachat d’actions de 1 milliard d’euros sur la période de 2024 à 2026.
L’époque où Michelin luttait pour sa survie sur un marché très concurrentiel et avec un bilan très fragile est désormais très lointaine. Malgré des marchés et des effets devises très défavorables, le géant français du pneu a dégagé l’an dernier un résultat opérationnel record de 3,6 milliards d’euros alors que les volumes de pneus vendus ont chuté de 4,7% principalement à cause d’un déstockage massif sur le segment du remplacement aussi bien dans les véhicules légers que dans le poids lourd. Cette performance, Bibendum la doit à d’une part à sa capacité à augmenter ses prix pour compenser la hausse de ses coûts (pricing power) et d’autre part à la priorité donnée aux offres à forte valeur ajoutée ainsi qu’à la croissance des ventes en pneus tourisme d’au moins 18 pouces, sur lesquels la concurrence chinoise n’a pas de prise. L’effet combiné des prix et du mix a donc été positif de 5,7% et a plus que compensé le déclin des volumes, si bien que la marge opérationnelle s’est améliorée de 0,7 point en un an pour atteindre 12,6% du chiffre d’affaires avec toutefois des disparités selon les segments puisque si la rentabilité progresse de 1,6 point dans l’automobile et dans les activités de spécialités (mines, pneus agricoles, pneus avions, bandes transporteuses), elle recule en revanche de 2,1 points dans les pneus poids lourd où le déstockage a été violent et où la base de comparaison était élevée. Il faut aussi noter que si l’effet matières premières est redevenu favorable à hauteur de 115 millions d’euros, les effets de change ont impacté négativement le résultat d’exploitation de 294 millions. Quant au bénéfice, il a stagné à 2 milliards d’euros, mais uniquement en raison des charges liées aux restructurations en Allemagne qui vont permettre au groupe de rester compétitif.
Hausse de 8% du dividende
Autre point de satisfaction, la baisse significative du besoin en fonds de roulement s’est traduite par une génération de cash très soutenue de 3 milliards d’euros avant acquisitions et de 2,3 milliards après, permettant de réduire la dette nette de plus de 1 milliard d’euros. Elle ne représente plus que 18,3% des fonds propres. La position financière de Michelin est si confortable que la groupe va augmenter son dividende de 8% pour le porter à 1,35 euros (il procure un rendement de 4%) mais aussi lancer un programme de rachat de ses propres actions pour un montant pouvant aller jusqu’à 1 milliard d’euros entre 2024 et 2026. Pour 2024, la direction de Michelin s’attend à un contexte de marchés mondiaux stables avec un objectif de résultat opérationnel supérieur à 3,5 milliards d’euros qui correspond au niveau de performance de 2023. Cette hypothèse peut paraitre prudente dans la mesure où le groupe supportera sans doute des effets de changes moins défavorables et devrait récolter les premiers fruits de ses restructurations de sites en Allemagne et aux Etats-Unis. De nouvelle mesures d’optimisation restent possibles sachant qu’une dizaine d’usines seulement sur 45 que compte aujourd’hui Bibendum serait pleinement efficientes. De quoi compenser l’impact jugé raisonnablement marginal des perturbations logistiques liées aux attaques de conteneurs en mer rouge. En attendant, le consensus des analystes financiers table pour cette année sur un bénéfice de 2,32 milliards d’euros, capitalisé seulement 10 fois, avec une nouvelle perspective de progression en 2025 à 2,48 milliards qui ferai retomber le multiple à 9,5 fois.
Notre conseil : Michelin fait partie de notre sélection de valeurs françaises. Nous restons positifs sur le dossier compte tenu du pricing power qui permet de maintenir les marges à un niveau exceptionnellement élevé pour le secteur, ainsi que pour la robustesse du bilan. Code Isin : FR001400AJ45.
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