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Xavier Huillard, président-directeur général de VINCI : « le groupe aborde l’année 2024 avec confiance »

A son record historique en Bourse, ce leader mondial des travaux et des concessions vient de dévoiler des comptes annuels une nouvelle fois d’excellente qualité. Son président directeur général, Xavier Huillard, nous livre son analyse et nous fait part de sa confiance sur le long terme.

Quel regard portez-vous sur les résultats annuels du Groupe ?

Xavier Huillard : Dans un contexte économique et géopolitique tendu – marqué par une inflation importante à l’échelle mondiale, des taux d’intérêt qui ont grimpé en flèche et des conflits en Ukraine, au Moyen-Orient, au large du Yémen – VINCI a démontré en 2023 la résilience de son modèle économique, l’efficacité de son organisation décentralisée et l’adéquation de ses métiers aux tendances durables, observées partout dans le monde, que sont l’urgence climatique, la transition énergétique et la révolution numérique.

L’inflation représente-t-elle encore une menace pour vos activités de contracting ?

X. H : Nous sommes entrés dans une ère nouvelle. Les comportements et les pratiques contractuelles évoluent. Nos contrats de temps moyen ou long doivent désormais prévoir des mécanismes permettant de protéger économiquement nos entreprises et nos clients.

Sur l’énergie, la hausse des prix est générale et touche de façon comparable l’ensemble des acteurs de nos secteurs d’activité. Il n’y a donc pas de distorsion de concurrence à attendre qui pourrait impacter négativement le Groupe.

Cette tendance de hausse des prix de l’énergie nous conforte également dans notre choix stratégique d’acquisition de Cobra IS qui nous permet de devenir producteur d’électricité.

Le Groupe a-t-il récupéré un niveau de trafic passagers d’avant la crise sanitaire sur ses plateformes aéroportuaires ?

X. H : L’année 2023 a été caractérisée par une croissance de trafic record, permettant un retour – et dans certaines géographies un dépassement – des niveaux de trafic de 2019 dans de nombreuses plateformes. Ce retour à la normale s’est opéré à un rythme sensiblement plus marqué que ne le prévoyaient les projections des institutions du secteur au moment de la crise sanitaire. Ainsi, de nouveaux records ont été atteints au Portugal (+ 12 % par rapport à 2019), en Serbie (+ 29 %), au Mexique (+ 16 %), en République dominicaine (+ 17 %) et au Costa Rica (+ 35 %). Au Royaume-Uni et au Japon, il se rapproche de son niveau de 2019.

Quels sont les enseignements que vous tirez des deux premières années d’intégration de la nouvelle filiale espagnole Cobra IS ?

X. H : Deux ans après la finalisation de l’acquisition, l’intégration de Cobra IS au sein du groupe VINCI s’avère être un remarquable succès et bénéficie toujours de forts leviers de croissance, à l’heure où les enjeux énergétiques montent en puissance à l’échelle planétaire.

Cobra IS s’appuie sur un fort ancrage local dans la péninsule Ibérique et en Amérique du Sud grâce à son réseau d’entreprises pour réaliser environ les deux tiers de son chiffre d’affaires en « flow business ». Au total, le chiffre d’affaires de Cobra IS a atteint 6,495 milliards d’euros en 2023, en hausse de 17,7 %. Ses prises de commandes ont par ailleurs été exceptionnelles l’an dernier, en hausse de 29 % par rapport à 2022 à 10,3 milliards d’euros. 

Facteur clé de réussite pour toute acquisition, VINCI et Cobra IS partagent une culture similaire, fondée sur la décentralisation, l’ancrage local, l’autonomie de leurs entreprises, le fonctionnement en réseaux et l’importance des facteurs humains et managériaux.

L’ambition du Groupe est-elle de faire émerger un nouveau pôle de concessions dans les énergies renouvelables ? À quel horizon et quels sont les objectifs ?

X. H : L’acquisition de Cobra IS marque une accélération de la stratégie de VINCI, visant notamment à développer des projets d’énergie renouvelable, pour enrichir et diversifier son portefeuille d’actifs long terme et allonger sa maturité moyenne.

Cobra IS dispose d’un portefeuille d’actifs d’énergie renouvelable d’une capacité totale, en exploitation ou en construction, de 2 GW en fin d’année 2023. Celle-ci sera portée à 5 GW en 2025 et à plus de 12 GW en 2030 selon nos estimations.

Espérez-vous du nouveau gouvernement français qu’il renonce au projet de surtaxe sur les infrastructures de transport ?

X. H : VINCI conteste cette loi contraire à la lettre et à l’esprit des contrats de concessions, notamment ceux signés entre l’État concédant et les sociétés concessionnaires d’autoroutes – lesquels comprennent des clauses de neutralité fiscale – et entend utiliser toutes les voies de recours possibles contre cette mesure.

Etes-vous candidat à la poursuite de la concession du Stade de France ?

X. H : La procédure est confidentielle et nous n’avons donc pas le droit de nous exprimer sur le sujet. Le seul point que nous pouvons souligner est que le concept d’un stade national a été un formidable succès, au-delà des espérances de ses concepteurs. Aucun autre stade au monde n’aura accueilli cette densité et cette diversité de grands événements qui ne seraient sans doute pas passés par la France sans lui : depuis sa livraison, l’enceinte a accueilli plus de 560 événements et 35 millions de spectateurs, c’est plus d’un Français sur deux qui est venu au Stade de France ! Il fait désormais pleinement partie du patrimoine national, c’est le stade préféré des Français, et en tant que constructeurs et exploitants depuis plus de 25 ans nous en sommes particulièrement fiers. 

Quelle analyse faites-vous de la crise immobilière ? Est-elle durable ?

X. H : La crise immobilière que nous connaissons actuellement a été exacerbée par la forte hausse des taux d’intérêts ces 18 derniers mois, mais les ingrédients de cette crise étaient là bien avant. Cela fait déjà plusieurs années que nous alertons les pouvoirs publics sur la bombe sociale que constitue l’effondrement de la filière du logement. Nous y sommes ! Et nous espérons que des décisions seront prises afin de libérer le foncier, motiver les maires à construire, accélérer les procédures, simplifier les normes et solvabiliser les candidats à l’accession.

VINCI Immobilier – dont les chiffres sont modestes à l’échelle du groupe VINCI – a ainsi vu en 2023 un recul de 30 % de ses réservations de logements en France. En revanche, la division continue à développer son réseau de résidences de service pour les étudiants ou les séniors pour lesquelles la demande reste forte. Elle va prochainement avoir ses deux premières résidences de co-living. Par ailleurs, je profite de cette question pour vous rappeler que VINCI Immobilier s’est engagé depuis trois ans dans un plan environnemental très ambitieux, visant 50 % de son chiffre d’affaires sur des projets de renouvellement urbain et 100 % de son chiffre d’affaires en zéro artificialisation nette en 2030, soit 20 ans avant l’échéance prévue dans la loi climat et résilience. Ce virage stratégique important nous permet de réinventer nos métiers de la promotion immobilière et de nous positionner sur le créneau porteur des rénovations, réhabilitations, réversibilités d’usages de l’existant. 

Votre sentiment sur les marchés de la construction et de l’énergie ?

X. H : La transition énergétique est bien installée dans le monde entier et est en train de prendre de l’ampleur sur les marchés. Il nous suffit de regarder la vitesse de croissance organique de VINCI Energies et de Cobra IS pour nous en convaincre. Pour 1 euro investi dans une unité de production d’énergie renouvelable, il faut compter 1 euro à dépenser dans l’adaptation ou la création du réseau de transport qui va permettre la consommation de l’énergie produite. Ce sont des sommes colossales qui sont en jeu.

De son côté, VINCI Construction enregistre une part croissante de ses prises de commandes sur des projets liés à la transition environnementale, à la décarbonation des mobilités ou à l’adaptation au changement climatique.

Nos métiers de bâtisseurs n’ont jamais eu autant d’actualité !

Délivrez-vous des perspectives pour cette année ?

X. H : VINCI aborde l’année 2024 avec confiance, en dépit d’un contexte géopolitique et macroéconomique incertain. Hors événements exceptionnels, le Groupe prévoit un trafic en légère hausse par rapport à 2023 sur le réseau de VINCI Autoroutes ; sur les plateformes de VINCI Airports, un trafic passagers légèrement supérieur au niveau de 2019 (avec des disparités géographiques) ; une nouvelle croissance organique du chiffre d’affaires de VINCI Energies, même si elle devrait être de moindre ampleur qu’en 2023, en conservant l’excellent niveau de marge opérationnelle ; une nouvelle hausse du chiffre d’affaires de Cobra IS et une marge maintenue au très haut biveau atteint en 2023 ; et pour VINCI Construction une stabilisation de son activité à un niveau proche de celui de 2023 avec une amélioration de la marge opérationnelle.

Rappelez-nous les grands principes de la politique de dividende du groupe Vinci ?

X. H : La politique de dividende est décidée par le Conseil d’administration de VINCI en fonction des résultats du Groupe, de sa situation financière et de tout autre facteur jugé pertinent. Au cours des dix derniers exercices, le ratio de distribution du dividende rapporté au résultat net consolidé du Groupe a été, en moyenne, légèrement supérieur à 50 %.

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