Eramet : un environnement de prix compliqué
Le groupe minier débute l’année 2024 avec des niveaux de prix des métaux peu favorables. La demande chinoise reste une variable incontournable pour les performances du groupe. Une sortie de la filiale SLN en Nouvelle Calédonie constituerait une bonne nouvelle.
L’exercice 2023 a été difficile à plus d’un titre pour Eramet. Le groupe minier a rencontré des incidents logistiques importants au Gabon qui ont fait stagner sa production de manganèse à 7,4 millions de tonnes alors que la production mondiale d’acier au carbone, principal débouché de ce métal, est resté stable l’an dernier du fait du ralentissement économique en Chine. Dans le nickel, la situation est bien meilleure grâce à la montée en puissance de la mine de Weda Bay en Indonésie, dont la production a bondi de 85%, compensant une faible activité en Nouvelle Calédonie où la rentabilité est par ailleurs mise à mal par des difficultés en termes d’autorisation d’exploitation et d’accès à une énergie compétitive. Mais ce sont surtout les effets de prix négatifs qui ont pesé sur les performances du groupe avec un impact négatif de 1,37 milliard d’euros sur l’excédent brut d’exploitation par rapport à l’exercice 2022 (dont 933 millions pour le manganèse et 392 millions pour le nickel). L’indice de prix du minerai manganèse a chuté l’an dernier de 20%, tandis que les cours du nickel au London Metal Exchange ont dévissé de 16% pour atteindre au dernier trimestre leur plus bas niveau depuis 2020. Cette situation s’explique en grande partie par la faiblesse de la demande chinoise. La Chine représente à elle seule plus de 50% de la production mondiale d’acier au carbone, principal débouché du manganèse et plus de 60% de la production mondiale d’acier inoxydable, principal débouché du nickel. Or le pays traverse une passe difficile en raison de la crise de son secteur immobilier. Au regard de ces éléments, la baisse de 59% de l’excédent brut d’exploitation en 2023 (772 millions d’euros) parait logique. La chute de 85% du bénéfice à 109 millions d’euros a été accentuée par une dépréciation de la valeur des actifs de la filiale SLN (56% du capital) en Nouvelle Calédonie.
Vers un premier semestre difficile
Eramet conserve malgré tout un bilan relativement solide en dépit des investissements conséquents dédiés à son nouveau site de lithium, exploité en Argentine avec le chinois Tsingshan (522 millions d’euros pour la part d’Eramet). Ce dernier devrait débuter sa production dans le courant de l’été. L’endettement net de 614 millions d’euros reste ainsi contenu à 0,8 fois l’excédent brut d’exploitation, ce qui permet au groupe de proposer un dividende de 1,50 euro par action, en baisse de 57%. L’exercice 2024 s’annonce encore difficile alors que la demande en manganèse et en nickel reste atone dans l’attente d’un éventuel plan de relance en Chine et que les prix demeurent à des niveaux faibles. Les anticipations de prix moyen pour 2024 sont inférieures aux niveaux de l’an dernier (-4% pour le manganèse et -20% pour le nickel). Malgré une nouvelle hausse attendue de la production de nickel à Weda Bay, la direction table en première approche sur un excédent brut d’exploitation compris entre 650 et 800 millions d’euros après 772 millions en 2023 (avec un premier semestre très faible et un deuxième plus consistant). Le principal défi consistera à gérer la trésorerie dans une période d’investissement soutenue (encore 750 millions d’euros en 2024 dont 250 millions pour le site du lithium en Argentine et 150 millions pour la production et le transport du manganèse au Gabon). Des discussions sont par ailleurs encours avec l’Etat Français concernant le sort de la filiale SLN en Nouvelle Calédonie qui a encore consommé 140 millions d’euros de trésorerie l’an dernier. La dette de la SLN dans les comptes d’Eramet atteint désormais 320 millions d’euros et l’objectif est de neutraliser durablement le poids de cette dette. Deux scénarios semblent envisageables qui profiteraient à Eramet : soit une annulation de la dette de SLN par l’Etat Français, soit une transformation de la dette en capital qui verrait l’Etat devenir majoritaire dans SLN, permettant à Eramet de déconsolider cette filiale dans ses comptes. En attendant, le dossier reste faiblement valorisé au regard des actifs miniers détenus par le groupe. Le titre capitalise un peu plus de 12 fois les profits attendus cette année mais le multiple retomberait autour de 5 fois en 2025 dans un scénario économique plus favorable.
Notre conseil : Nous restons positifs sur le dossier avec un objectif de 68,20 euros à un horizon de 18 mois. Code Isin : FR0000131757.
Conseils sur Eramet
Tous les conseilsEramet : le manganèse au secours du Nickel
Malgré un premier semestre moins bon que prévu, le groupe minier relève ses prévisions annuelles grâce à la forte hausse des prix du manganèse dont il est le premier producteur mondial. La faible valorisation ne tient pas compte des relais de croissance dans le domaine du lithium.
Eramet : le contexte redeviendra plus favorable au deuxième semestre
Malgré une forte baisse de ses ventes au premier trimestre, le groupe minier a pu relever ses objectifs annuels dans la perspective d’un rebond des prix et des volumes. Le secteur est en effervescence après l’annonce du projet de rachat d’Anglo American par BHP Billiton.
Eramet : les activités au Gabon menacées ?
Le groupe minier est contraint de suspendre ses opérations au Gabon après le coup d’Etat mené par un groupe d’officiers. L’agence Fitch menace par ailleurs de dégrader sa note financière en raison de performances opérationnelles plus faibles que prévu.
Eramet : en attendant le réveil de la Chine
Le groupe minier va logiquement souffrir cette année d’une base de comparaison défavorable par rapport à 2022, notamment au niveau des prix de vente mais il devrait rester porté à moyen terme par les avantages que procurent ses produits dans la transition écologique. La valorisation parait perfectible quand bien même l’activité reste très cyclique.