Imerys : le début d’année restera difficile
Ce leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie souffre du ralentissement des marchés de la construction et de l’automobile mais démontre une bonne capacité à préserver ses marges. La première partie de 2024 ne devrait pas marquer d’évolution favorable mais le marché semble l’avoir intégré.
Comme il l’avait prévenu en annonçant ses chiffres du troisième trimestre 2023 et en révisant en baisse ses objectifs annuels à cette occasion, Imerys n’a pas connu de reprise au dernier trimestre avec une décroissance organique de ses ventes de 10%, comparable à la tendance des deux trimestres précédents. Sur l’ensemble de l’exercice, le chiffre d’affaires a ainsi reculé de 11,4% et de 9% à périmètre et taux de changes constants malgré un effet prix globalement positif de 2,6%, bien que repassé négatif de 4,4% au quatrième trimestre. Le leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie souffre du ralentissement de la plupart de ses marchés et notamment de la construction résidentielle tant aux Etats-Unis qu’en Europe, ainsi que du déstockage des clients dans un contexte de taux d’intérêt élevés. Il n’a cependant pas démérité puisque la marge d’excédent brut d’exploitation est restée quasiment stable à 16,7% des facturations grâce aux réductions de coûts qui ont porté sur 126 millions d’euros et à une baisse des coûts variables (énergie et fret). Autre sujet de satisfaction, la génération nette de liquidités a accéléré pour atteindre 191 millions contre seulement 20 millions un an plus tôt, ce qui permet une réduction très significative de la dette nette (-33%), retombée à 1,11 milliard d’euros, soit l’équivalent de 1,8 fois l’excédent brut d’exploitation contre un ratio de 2,3 fois en 2022. Ces bons chiffres n’ont toutefois pas empêché l’action de refluer en dessous de 30 euros, avec un repli sur un an désormais proche de 25%. Il faut dire que la dernière ligne du compte de résultat a été amputée par une provision surprise de 175 millions d’euros liée à la dépréciation des activités destinées au marché du papier et dont le groupe cherche depuis plusieurs trimestres à se séparer après l’échec de la vente à Syntagma Capital malgré un engagement ferme de l’acheteur. Cette opération devait s’effectuer sur la base d’une valeur d’entreprise de 390 millions d’euros mais la valorisation a baissé en raison de la conjoncture.
En attendant le développement des projets dans le lithium
La visibilité pour 2024 reste, en outre, limitée, en tout cas pour le premier semestre qui sera marqué par l’atonie des marchés de la construction, mais aussi de l’automobile, toujours freinés par les taux d’intérêt élevés. Heureusement, les marchés des biens de consommation, des sciences de la vie, de l’énergie et de la technologie devraient progresser tandis que le groupe va bénéficier de la mise en place de nouvelles capacités industrielles, notamment sur le segment du noir de carbone utilisée pour la production de batteries électriques. Parmi les autres produits innovants en cours de développement, Imerys a construit en Chine une nouvelle usine de production de talc de haute qualité utilisé pour l’allègement des polymères notamment pour les voitures électriques. Le consensus des analystes financiers table pour cette année sur un bénéfice net courant quasiment stable (hors provisions exceptionnelles de 2023) à 249 millions d’euros. Une prévision capitalisée seulement 10 fois sur la base des cours actuels, alors que le multiple retombe même à 9 fois pour l’année 2025. Cette faible valorisation peut en partie s’expliquer par la faible visibilité sur l’activité en 2024 et par l’interminable procès du talc aux Etats Unis, débuté en 2018 et dont les risques semblent pourtant avoir été largement provisionnés. En revanche, elle ne tient pas compte de l’évolution du profil d’Imerys qui s’est repositionné sur des thématiques d’avenir comme la mobilité verte et qui a conduit à la vente de l’activité de solutions de haute température (HTS) pour 930 millions d’euros en 2022. Les marchés n’intègrent pas non plus les projets dans le secteur du lithium (En Grande Bretagne avec un gisement de 161 millions de tonnes de ressources présumées, offrant une durée de vie de plus de 30 ans et en France, à Beauvoir, avec l’objectif de produire 34000 tonnes de lithium par an à partir de 2028). Certains analystes financiers estiment que les projets dans le lithium représentent jusqu’à 20 euros par action.
Notre conseil : Nous restons à l’achat sur le dossier pour viser 35 euros à un horizon de 18 mois. Code Isin : FR0000120859.
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Le leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie entrevoit une reprise de ses activités en Europe mais ne pourra pas compter autant sur la contribution de ses coentreprises au deuxième semestre. Le dossier est toujours faiblement valorisé notamment au regard du potentiel offert par le relais de croissance dans le lithium.
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