Didier Brédy, président d’Ekinops « Nous visons une ou plusieurs acquisitions dans les prochains mois ».
Le patron de ce spécialiste des solutions de transport optique et d’accès voix et données revient sur les difficultés rencontrées en 2023. Il explique les raisons de sa confiance pour les prochaines années et se dit ouvert à des opérations de croissance externe.
La lettre de la bourse : Comment expliquez-vous la stagnation du chiffre d’affaires et le recul des résultats en 2023 ?
Didier Brédy : Après une année 2022 particulièrement dynamique, Ekinops a évolué dans un environnement de marché plus complexe en 2023, avec une véritable inversion de tendance à compter de l’été, sur fonds de ralentissement macroéconomique et de tensions inflationnistes qui ont affaibli la santé financière des opérateurs et affecté leur politique d’investissement. Notre ligne d’activité Accès, étroitement liée à la conjoncture économique, a été fortement pénalisée, notamment en raison d’un niveau de stock très élevé au sein des grands opérateurs après la période post-pandémie, et d’une frilosité de leur part dans l’engagement de leurs dépenses d’investissement avec un accès au financement plus difficile et coûteux. En revanche, nous avons largement surperformé le marché du Transport optique, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, avec une croissance annuelle de +27%, grâce au gain de nouveaux clients majeurs, notamment en Europe, et au succès de nos solutions WDM.
La lettre de la bourse : Comment évolue la génération de cash et la trésorerie du groupe ?
D.B : En 2023, en dépit du contexte économique adverse, Ekinops a démontré sa capacité à générer de la trésorerie à travers ses activités, avec un cash-flow opérationnel historique de 13,5 millions d’euros, contre 9,4 millions un an plus tôt et une trésorerie disponible en progression de +7,8 millions par rapport à 2022. Notre bilan est très solide à l’issue de l’exercice avec des fonds propres désormais de près de 120 millions et une trésorerie nette excédentaire de 26 millions, En outre, nous avons contracté en 2023 une ligne de financement de 100 millions, encore non utilisée à ce jour, pour accompagner notre développement et notamment notre stratégie de croissance externe, témoignant de la confiance de nos partenaires financiers.
La lettre de la bourse : Où en êtes-vous dans le travail de structuration de la société ?
D.B : En dépit du retournement de tendance au second semestre, Ekinops a choisi de maintenir la majeure partie de ses investissements (salons professionnels et déplacements professionnels, matériels dédiés à la R&D, etc.). Les effectifs ont continué à croître, avec 47 recrutements nets sur l’exercice dont les 2/3 dédiés à la R&D, afin de préparer la croissance à venir.
La lettre de la bourse : Comment envisagez-vous l’exercice 2024 ? Quels sont les catalyseurs pour un rebond de l’activité ?
D.B : Nous entamons l’année 2024 dans le sillage du 2nd semestre 2023, dans un marché désormais stabilisé mais qui à ce stade ne témoigne pas encore de signaux de redémarrage. Concernant notre activité de Transport optique, avec le besoin croissant de bande passante de nos clients, nous envisageons de maintenir le cap d’une bonne dynamique des ventes, avec la sortie en 2024 de trois nouveaux produits très performants, dont un nouveau produit majeur doublant la capacité des liaisons optiques, qui suscitent déjà un fort intérêt de la part de nos plus grands clients. Quant à l’Accès, nous escomptons un rebond de l’activité au fur et à mesure de la reprise économique, et prévoyons de voir les premiers retours sur nos investissements en Logiciels et Services dans ce segment, avec de larges déploiements de nos solutions de virtualisation des fonctions réseau et de SD-WAN.
La lettre de la bourse : Quelle est votre politique d’investissement et de croissance externe pour les prochaines années ?
D.B : Nous sommes entièrement mobilisés pour concrétiser une ou plusieurs acquisitions dans les prochains mois. Nous sommes en discussion avec plusieurs cibles qui présenteraient de belles opportunités de croissance pour le groupe, afin de massifier sa force de frappe en matière de R&D, étoffer son portefeuille de clients et gagner de plus en plus de parts de marché. Nous favorisons bien entendu des moyens de financement non dilutifs et disposons des ressources nécessaires pour ce faire. En termes d’investissements, nous allons continuer d’œuvrer pour concevoir de nouvelles plateformes plus poussées et optimisées, pour les fournisseurs de services et les entreprises, moins consommatrices d’énergie afin de contribuer aux politiques de développement durable de nos clients en leur apportant, une réduction de leurs coûts. Nous allons nous appuyer sur notre savoir-faire en matière logiciel et intégrer des couches d’intelligence artificielle dans nos solutions, notamment en matière de gestion des réseaux.
La lettre de la bourse : Vous considérez-vous comme une cible ou un consolidateur du marché et êtes-vous ouvert à une prise de contrôle extérieure ?D.B : Même si nous n’avons pas pu réaliser d’opération de croissance externe en 2023, malgré plusieurs dossiers très avancés, nous restons mobilisés afin de concrétiser des acquisitions afin de massifier notre R&D et de compléter notre base clients. Nous l’avons déjà démontré par le passé lors de l’acquisition de OneAccess : nous sommes avant tout un consolidateur de notre marché. Pour ce faire, nous disposons d’un bilan extrêmement solide et de lignes de financement importantes ouvertes par nos partenaires bancaires pour satisfaire nos ambitions. Nous entendons nous appuyer sur cette force de frappe financière afin de privilégier des opérations sans dilution pour nos actionnaires.