Olivier de Langavant, directeur général de Maurel & Prom : «le groupe se rapproche d’une position de trésorerie nette positive ».
Le dirigeant de cette pétite compagnie pétrolière confirme la robustesse des résultats en 2023 qui permet de financer de nouveaux développements et de réfléchir à des acquisitions. Il revient sur le potentiel retrouvé des activités au Venezuela et n’exclue pas des rachats d’actions.
La lettre de la bourse : Quel regard portez-vous sur les résultats de 2023, marqués par une baisse de l’EBITDA mais aussi par une hausse de du résultat net ?
Olivier de Langavant : Les résultats de 2023 reflètent avant tout la très bonne performance opérationnelle du Groupe, avec une production en part M&P en hausse de 10% et des coûts maitrisés, dans un environnement de prix du brut en recul de quasiment 20%. Dans ce contexte, la baisse de l’EBITDA en raison de l’effet prix est contenue, et la génération de trésorerie reste tout à fait conséquente avec un free cash-flow de 157 M$. Notre résultat net consolidé est lui en augmentation grâce à la reconnaissance de nos activités au Venezuela à la suite de la levée des sanctions qui touchaient jusque-là le pays et aux accords signés avec PDVSA.
La lettre de la bourse : Comment évolue la situation financière du groupe ?
OL : La situation financière de M&P est toujours très saine, et le Groupe se rapproche d’une position de trésorerie nette positive, laquelle devrait être atteinte au cours du premier semestre 2024. L’endettement net a été réduit de 80 M$ en 2023, avec une dette nette de 120 M$ au 31 décembre 2023, et ce malgré le versement d’un dividende (0,23€ par action payé en juillet 2023 pour un total de 49 M$) et la poursuite des opérations de croissance et de développement (133 M$ d’investissements en 2023)
La lettre de la bourse : Comment envisagez-vous la poursuite des activités au Gabon depuis le droit de préemption exercé par le gouvernement sur le rachat de Assala ?
OL : La préemption de l’acquisition d’Assala est un droit souverain de l’Etat gabonais, qui ne remet absolument pas en cause la présence de M&P dans le pays. Le Groupe confirme et réitère sa volonté de demeurer un partenaire de confiance de la République du Gabon, comme en témoigne sa présence et l’ensemble de ses projets dans le pays depuis près de vingt ans.
La lettre de la bourse : Quels sont les projets de développement en cours ?
OL : Le Groupe va continuer les forages de développement sur l’actif d’Ezanga au Gabon pour les années à venir, afin de supporter la phase de plateau de production. Des opportunités de nouveaux forages existent également en Tanzanie sur le permis gazier de Mnazi Bay où M&P a récemment augmenté sa participation à 60%. Le Groupe dispose par ailleurs de prospects d’exploration au Gabon, en Tanzanie ainsi qu’en Italie et en Colombie.
La lettre de la bourse : Quel type d’acquisitions recherchez-vous ?
OL : Le Groupe a une veille attentive sur les opportunités de croissance externe dans ses zones de prédilection en Afrique subsaharienne et en Amérique latine. M&P recherche en priorité des cibles actuellement en production, onshore ou en offshore peu profond, de préférence opérées ; avec un potentiel de développement ou de redéveloppement significatif. Le Groupe a par ailleurs démontré sa capacité à mettre en place des financements à des conditions favorables, avec si besoin le soutien de son actionnaire majoritaire Pertamina.
La lettre de la bourse : Quelles sont les opportunités offertes par le redémarrage de l’activité au Venezuela ?
OL : Le Venezuela a un potentiel de croissance très important, avec une ressource en place considérable et une capacité de production bien supérieures au niveau actuel. Dans un premier temps, l’objectif pour 2024 est d’augmenter la production du champ d’Urdaneta Oeste à 25 000 barils par jour (b/j) – (contre 14 251 b/j en 2023) grâce à diverses interventions sur les puits et les installations de production. Dans un second temps, de nouvelles opérations de forage seront nécessaires pour augmenter significativement et durablement la production.
La lettre de la bourse : Quelles sont vos prévisions pour 2024 ?
OL : En 2024, le Groupe prévoit une production en part M&P d’environ 29 500 barils équivalent pétrole par jour (bep/j) et un de flux de trésorerie généré par les opérations entre 230 M$ et 280 M$ avec une hypothèse de Brent entre 70$/b et 80$/b. A ceci s’ajoutent les dividendes à recevoir des participations du groupe dans Seplat au Nigeria et de PRDL au Venezuela, pour un total estimé à 90 M$. Les investissements attendus pour l’année s’élèvent quant à eux à 145 M$.
La lettre de la bourse : Quelle est la politique de distribution du groupe ?
OL : Le dividende proposé au vote des actionnaires pour 2023 est inchangé par rapport à l’exercice 2022 (0,23€ par action). Bien que la situation financière du Groupe ait continué de s’assainir et que le Groupe dispose de liquidités importantes, ceci traduit le souhait du Conseil d’administration de maintenir une flexibilité maximale afin de réaliser des opérations de croissance importantes. En outre, le Groupe n’exclut pas la possibilité d’effectuer des rachats d’actions relutifs de manière opportuniste.