Guillaume Demulier, Président du Directoire de Roche Bobois : « Pour cette année, le groupe a pour ambition de réitérer le record de 2023 ».
Sur un marché de l’ameublement en crise, Roche Bobois tire son épingle du jeu de façon remarquable. Son patron, Guillaume Dumelier, nous livre les secrets de cette réussite et affiche sa confiance pour cette année.
Quel regard portez-vous sur les comptes annuels de Roche Bobois ?
Guillaume Dumelier : 2023 est à nouveau une année record à la fois en termes de chiffre d’affaires (429,6 millions en croissance de +5,2% à changes courants et +6,2% à changes constants) et de marge d’EBITDA (21,1%). Avec des résultats très solides, Roche Bobois démontre à nouveau sa capacité de résilience alors que le marché reste moins favorable. L’EBITDA courant est de 90,5 millions au 31 décembre 2023, en hausse de +8,8% à changes courants (+9,8% à changes constants). La trésorerie disponible reste élevée à 65,3 millions (contre 75,8 M€ au 31 décembre 2022).
Comment le groupe parvient-il à tirer son épingle du jeu sur un marché du meuble dégradé ou de grandes enseignes font faillite ?
G. M : Roche Bobois s’appuie sur un positionnement haut de gamme en France et luxe à l’international, avec une clientèle moins affectée par la crise inflationniste. Nos magasins, qui ont un positionnement premium, et notre notoriété de marque permettent d’ouvrir en propre des boutiques dans des villes plus petites.
En 2023, la croissance a été particulièrement forte en Amérique du Nord (150,2 millions) et en Europe (105,9 millions) mais aussi dans notre marque milieu de gamme, Cuir Center (43,4 millions) permettant au Groupe d’être résilient sur ses marchés et de ne pas dépendre d’une seule zone ou marque.
Notre stratégie est également d’investir sur l’avenir dans un marché moins porteur pour élargir et “premiumiser” notre réseau en propre.
L’inflation reste-elle un défi pour le groupe ? De quelle manière parvenez-vous à la répercuter au client ?
G. M : En 2023, nous n’avons pas ou peu appliqué de hausse de prix. Nous avons très bien tenu nos commission fournisseurs et nos achats de matières premières.
Le groupe est-il handicapé en amont dans sa chaîne d’approvisionnement par la fragilité de ses sous-traitants ou des pénuries de matière ?
G. M : La plupart de nos charges sont variables, d’un niveau proportionnel à notre niveau d’activité (loyers, logistique, ou encore publicité locale qui dépend d’un pourcentage de chiffre d’affaires).
Nous avons investi cette année sur la logistique aux États-Unis pour être également plus réactif.
Le groupe se montre très actif dans la gestion de son réseau de magasins détenus en propre. Avec quelle ambition ? Quels sont les pays cibles ?
G. M : 2023 a été une année record avec 21 nouveaux magasins en propre.
Pour 2024, le Groupe Roche Bobois prévoit 4 nouveaux magasins en propre sur la zone États-Unis/Canada dont l’ouverture imminente d’un second magasin à Toronto (Canada). D’autres projets sont à confirmer sur les autres marchés. Le Groupe entend en parallèle poursuivre son rythme régulier d’ouvertures de 5 à 10 franchises par an.
En parallèle, des discussions ont été engagées avec le franchisé Roche Bobois en Chine pour élargir la présence en propre du Groupe sur ce nouveau territoire. La Chine a représenté un volume d’affaires de 23 millions d’euros en 2023, avec un niveau élevé de marge brute et de rentabilité.
Quelle est la pertinence de conserver la marque Cuir Center ? La déclinez-vous aussi à l’international ?
G. M : Cuir Center a un positionnement milieu de gamme. La marque, référente en France, a réalisé un chiffre d’affaires de 43,4 millions en croissance de +8,9% en 2023 et a également affiché une des plus fortes progressions d’EBITDA à +15,8%. Nous sommes très satisfaits des résultats de Cuir Center et continuons à la développer. Par ailleurs cela offre également des synergies dans le Groupe.
Peu présent sur internet, le groupe souhaite-t-il accélérer sur ce segment ?
G. M : Il est inexact de dire que nous sommes peu présents sur Internet. Nos collections sont largement disponibles à l’achat en ligne.
Le fait est que, pour des paniers élevés (3 500 € en moyenne en France, plus de 7 000 € aux USA), les clients sont peu nombreux à concrétiser leurs achats 100% en ligne. Ce n’est pas spécifique à Roche Bobois mais à l’ensemble du marché de l’ameublement haut de gamme.
Il y a une dimension importante de personnalisation et de composition dans le choix d’un produit par un client et qui fait que la visite en magasin reste facilitatrice.
Comment abordez-vous l’exercice 2024 ? De quelle visibilité disposez-vous ?
G. M : Nous avons eu un mois de février plutôt dynamique, ce qui a permis au volume d’affaires des magasins en propre d’afficher une croissance à fin février 2024 de +1,8% toutes enseignes confondues et à +2,3% sur le seul périmètre Roche Bobois.
L’opération promotionnelle « Les Tentations » en France a également démarré dans de bonnes conditions et devrait afficher une croissance à un chiffre. Nous restons toutefois prudents dans le contexte actuel qui reste moins porteur.
Délivrez-vous des objectifs financiers ?
G. M : Sur 2024, le Groupe Roche Bobois a pour ambition de réitérer le record de 2023. Le Groupe anticipe un léger repli du chiffre d’affaires au premier semestre avant une reprise de la croissance sur la seconde partie de l’année.
Rappelez-nous les principes de la politique de distribution du groupe ?
La politique de distribution de dividende est significative chez Roche Bobois.
Le Groupe proposera à la prochaine Assemblée Générale un dividende élevé de 2,25 € par action, comme l’an dernier (dont un acompte de 1 € par action a déjà été versé en novembre 2023). En termes de montant cela a représenté 22,5 millions l’an dernier.
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