Renault : une stratégie de valeur payante pour le moment
Le constructeur automobile récolte les fruits de sa stratégie commerciale axée sur la valeur qui lui permet de maintenir des prix élevés. La concurrence continue cependant de s’intensifier sur le segment des voitures électriques.
Sur un marché automobile mondial globalement stable depuis le début de l’année, Renault est parvenu à tirer son épingle du jeu en augmentant son chiffre d’affaires de 5,9% à données comparables au premier trimestre (11,7 milliards d’euros). Une évolution permise par la très bonne tenue de l’activité de financement (+27,9%) qui profite de la hausse des taux d’intérêts, mais aussi par une activité automobile correcte marqué certes par un recul de 4,6 points des volumes mais surtout par un effet prix positif de 4,1 points. Renault a en effet concentré ses ventes sur les segments les plus rentables en se tournant davantage vers les particuliers (66% des ventes) que vers les loueurs et en privilégiant les segments supérieurs (segment C et au-delà) ainsi que les véhicules hybrides et électriques qui représentent désormais la moitié des ventes. Ce bon début d’année permet pour le moment de confirmer les objectifs annuels visant une marge opérationnelle au niveau du groupe supérieure ou égale à 7,5% (7,9% en 2023) et un cash-flow libre d’au moins 2,5 milliards (3 milliards en 2023). Si les ambitions ne sont pas plus élevées, c’est parce que le marché automobile commence à se durcir en Europe sous l’effet d’une conjoncture peu favorable mais aussi de plus en plus d’une concurrence accrue sur le segment des véhicules électriques. Face au déferlement des voitures électriques chinoise, Tesla vient une nouvelle fois de baisser le prix de ses voitures en France (de l’ordre de 7% pour le Model 3), en Allemagne et en Chine.
Rumeurs de concentration dans le secteur
Pour faire face à cette concurrence, Renault peut compter sur le rajeunissement de sa gamme avec 7 nouveaux lancements prévus d’ici la fin de l’année (Scenic E-TECH et Renault 5 électriques, Rafale E-TECH et Symbioz sur le segment hybride et 2 nouveaux véhicules sur des marchés hors d’Europe) ainsi que le restylage de Captur et le lancement de Renault Duster pour les marchés internationaux. Il n’est cependant pas certains que cela suffise à maintenir la dynamique du groupe à un niveau aussi élevé. Ce manque de visibilité n’a pas empêché l’action Renault d’effectuer le meilleur parcours de son secteur depuis le début de l’année avec un gain proche de 30%. Les marchés ont logiquement salué le redressement des comptes en 2023 et le retour à une position de trésorerie nette largement positive de 3,7 milliards d’euros qui va augmenter avec la vente d’actions Nissan (2,5% du capital vendu le 28 mars pour 358 millions d’euros). Mais le secteur profite aussi d’un regain de spéculation depuis les déclarations de Carlos Tavares, le patron de Stellantis, en faveur d’une consolidation du secteur en Europe face à la menace chinoise. Renault pourrait constituer une cible pour Stellantis mais aussi pour Volvo avec lequel il coopère dans les utilitaires. D’un point de vue strictement fondamental, le dossier est toujours très peu valorisé à 4 fois les profits attendus cette année, mais la faible visibilité sur la dynamique du marché et sur l’intensité de la concurrence incite toujours à une certaine prudence.
Notre conseil : nous préférons rester à l’écart du dossier Renault (code Isin : FR0000131906) en privilégiant Stellantis dont l’assise financière est beaucoup plus importante.
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