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 Benoît Hennaut, Président du Directoire d’Herige : « Notre objectif est de maintenir cette dynamique de croissance en capitalisant sur nos forces »

Ce acteur vendéen des métiers de la construction tourne une page de son histoire en cédant son pôle de distribution de matériaux pour se recentrer sur les activités de béton prêt à l’emploi et des menuiseries. Une décision saluée en Bourse. Son patron, Benoît Hennaut, nous expose les ambitions du groupe et ses perspectives.

Quel regard portez-vous sur les comptes annuels de Herige ?

Benoît Hennaut : De nouveau, HERIGE a fait preuve en 2023 d’une résilience remarquable, témoignant de l’engagement et de l’agilité de nos équipes face à un marché de la construction particulièrement difficile. Notre chiffre d’affaires a ainsi progressé de 5,4%, atteignant 835,6 millions, une croissance portée par nos initiatives de croissance externe en 2022 et par l’innovation, notamment à travers nos gammes de bétons à empreinte carbone réduite, telles que Vitaliss®. Malgré un contexte économique tendu, nos activités dans les métiers de la menuiserie et du béton ont affiché une hausse de 2,1% et 1,9% respectivement, à données comparables, tandis que le négoce a connu un recul de 8,2%.

La mise en place rapide de mesures de performance nous a permis d’atténuer les effets de la dégradation du marché de la construction neuve. Ainsi, pour l’exercice 2023, notre marge brute a atteint 338,2 millions, en hausse de 25,2 millions par rapport à 2022, représentant un taux de marge brute de 40,5% du chiffre d’affaires, soit une amélioration d’un point sur un an. Notre EBITDA s’est élevé à 46,8 millions, avec un recul limité de 8,7 millions, ce qui se traduit par une marge d’EBITDA de 5,6%, en baisse de 1,4 point par rapport à 2022. Le résultat d’exploitation s’établit à 25,6 millions, correspondant à un taux de marge d’exploitation de 3,1%. Enfin, le résultat net part du Groupe pour 2023 s’élève à 9,3 millions.

Dans quelle mesure le groupe a-t-il été pénalisé par la crise du logement neuf ?

B. H : Le groupe a été affecté par la crise du logement neuf, comme en témoigne la forte dégradation du secteur du neuf individuel en 2023, illustrée par les statistiques en baisse de 23,7% pour les autorisations de construction de logements. Cependant, certains signaux suggèrent que le marché du logement neuf a peut-être atteint un point bas et qu’une reprise pourrait être en vue. La légère baisse des taux d’intérêt et une plus grande disposition des banques à accorder des prêts en sont des indicateurs. De plus, l’épargne des Français demeure élevée et le dispositif Pinel est encore en vigueur jusqu’à la fin de l’année, ce qui pourrait stimuler l’investissement dans le logement neuf.

Il faudra cependant attendre quelques mois pour évaluer si l’intérêt renouvelé des Français se traduit par une amélioration des statistiques du secteur. Par ailleurs, il est à noter qu’une partie du marché semble s’être tournée vers les travaux de réhabilitation à grande échelle, ce qui pourrait constituer une opportunité pour le Groupe dans ce segment.

Les lourdeurs administratives autour du dispositif de ma PrimeRénov’ ont-ils pesé sur le segment de la rénovation ?

B. H : Effectivement, les lourdeurs administratives entourant le dispositif de MaPrimeRénov’ ont probablement exercé une certaine pression sur le segment de la rénovation en 2023. Cependant, malgré ces défis, nous avons enregistré une croissance positive de +2,1% dans les activités de Menuiserie Industrielle à périmètre comparable.

Pour l’année 2024, nous anticipons un contexte réglementaire plus favorable qui devrait soutenir notre activité. En particulier, le doublement du dispositif MaPrimeRénov’ et le prolongement du Prêt à Taux Zéro jusqu’en 2027, avec des conditions d’éligibilité élargies, offrent des perspectives encourageantes. Forts de ces changements et de notre solide structure financière, nous sommes bien positionnés pour naviguer à travers ce cycle de marché. Notre programme de performance industrielle et de gestion des coûts renforce encore notre résilience et notre capacité à saisir les opportunités qui se présentent.

L’inflation demeure-t-il un handicap pour le groupe ? Parvenez-vous à la répercuter aux clients malgré un environnement peu favorable ?

B. H : L’inflation représente effectivement un défi pour le groupe, mais nous avons réussi à le surmonter en le répercutant sur nos ventes. Notre stratégie a été axée sur la préservation de la rentabilité plutôt que sur l’augmentation des volumes, ce qui nous a permis de maintenir nos positions malgré un environnement économique difficile. En conséquence, nous avons réussi à faire face à l’inflation tout en maintenant nos marges bénéficiaires.

Pourquoi le groupe a-t-il choisi de céder son activité historique de distribution de matériaux de construction à son concurrent, Samse ?

B. H : Le choix de céder notre activité historique de distribution de matériaux de construction a été le fruit d’une réflexion approfondie visant à réorienter HERIGE vers ses domaines industriels stratégiques. En concentrant nos efforts sur le renforcement de nos développements dans les secteurs de la menuiserie et du béton industriel, nous cherchons à consolider notre position dans ces activités. C’est pourquoi, au cours des trois dernières années, nous avons mis l’accent sur la dimension industrielle du groupe en réalisant plusieurs acquisitions stratégiques.

Notre objectif est de capitaliser sur les métiers où nous pouvons assurer un leadership grâce à nos produits, nos innovations et notre démarche RSE. Ainsi, toutes nos équipes sont désormais pleinement mobilisées autour d’une ambition commune : devenir un acteur industriel de qualité, de proximité et engagé sur le plan environnemental.

Quelle sera la situation financière de la société à l’issue de l’opération ?

B. H : À l’issue de l’opération, la situation financière de la société sera considérablement renforcée. En se concentrant sur les activités poursuivies, le Groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 460,8 millions en 2023, soit une progression notable de 19,7% (+2,3% à périmètre comparable). Cette croissance s’est accompagnée d’une solide marge brute de 228,1 millions, représentant un taux de marge de 49,5%. La marge d’EBITDA s’est établie à 7,8%, témoignant d’une bonne rentabilité opérationnelle, tandis que la marge d’exploitation a atteint 4,7% du chiffre d’affaires. De plus, le désendettement du Groupe sera très significatif, avec une réduction de plus de 90 points de gearing. Enfin, la cession de l’activité devrait générer une plus-value d’environ 24 millions, renforçant ainsi davantage la situation financière globale de la société.

Votre stratégie vise-t-elle à développer de nouveaux relais de croissance ou renforcer les métiers existants de la menuiserie et du béton prêt à l’emploi ?

B. H : Notre stratégie vise à la fois à développer de nouveaux relais de croissance et à renforcer nos métiers existants dans la Menuiserie et le Béton. Nous cherchons à saisir des opportunités de croissance et de rentabilité importantes, en nous orientant vers de nouveaux segments, avec des produits répondant aux enjeux de la transition écologique pour les domaines des infrastructures et des collectivités.

Dans le domaine du béton, nous prévoyons de nous concentrer sur le développement de produits répondant aux besoins actuels, tels que les pavés drainants pour gérer les stress hydriques croissants et favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol, ainsi que des solutions perméables permettant l’installation de végétation pour des applications sur les parkings, les cours d’école, et autres espaces urbains.

En ce qui concerne la menuiserie, nous identifions le Canada comme un relais de croissance prometteur, en lien direct avec notre filiale Atlantem, bénéficiant d’une dynamique de marché plus soutenue qu’en France. Cette approche nous permet de nous positionner sur des marchés en croissance, tout en consolidant nos activités existantes pour assurer notre leadership dans ces domaines.

Livrez-vous des perspectives pour cette année ? A moyen terme ?

B. H : Pour l’année 2024, notre Groupe se concentre sur la consolidation de nos récentes acquisitions pour lesquelles nous sommes déterminés à intégrer ces nouvelles entités avec succès, renforçant ainsi nos positions sur le marché. Nous bénéficions d’une structure financière solide et d’une expertise reconnue dans nos principales activités, où nous sommes en mesure d’assurer un leadership grâce nos produits innovants et à notre engagement en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous travaillons également la dimension prometteuse de nos initiatives d’économie circulaire et notamment en menuiserie où nous souhaitons développer notre filière de récupération des produits en fin de vie pour poursuivre l’augmentation d’intégration de matières recyclées dans nos produits.

À moyen terme, notre objectif est de maintenir cette dynamique de croissance en capitalisant sur nos forces et en explorant de nouvelles opportunités de développement. Nous sommes convaincus que notre expérience passée et notre capacité d’adaptation nous permettront de traverser avec succès les cycles de marché à venir, tout en continuant à créer de la valeur pour nos actionnaires et nos parties prenantes.

Rappelez-nous les grands principes de la politique de distribution du groupe ?

B. H : La politique de dividende est décidée par le Conseil de Surveillance d’HERIGE qui prend en compte les résultats du groupe, sa situation financière et d’autres facteurs jugés pertinents. Ainsi, sur la base des résultats annuels 2023 et du profil financier sur les activités poursuivies, le Conseil de Surveillance a décidé de proposer aux actionnaires lors de l’Assemblée Générale qui se tiendra le 31 mai prochain, le versement d’un dividende à 1,90 €euro par action, contre 1,80 euro pour les exercices 2022 et 2021. Je précise que l’augmentation du dividende n’est pas liée à la cession mais souligne la volonté d’HERIGE de maintenir ses pratiques habituelles en matière de distribution.

Ce dividende serait mis en paiement à compter du 10 juin 2024 (détachement du coupon le 6 juin 2024).

Comment jugez-vous l’évolution du cours de bourse de Herige ?

B. H : L’évolution positive du cours de bourse de HERIGE ces derniers mois reflète certainement la reconnaissance des bons résultats obtenus en 2023 et de la stratégie de développement axée sur les métiers industriels de l’entreprise. Cette tendance, je suppose, témoigne de la confiance des investisseurs dans les perspectives du Groupe et je la partage. Nous avons démontré notre résilience en termes de performance financière, mais aussi notre capacité à nous adapter aux défis actuels, notamment en matière de réduction de l’empreinte carbone, et à saisir les opportunités qui se présentent dans un contexte en constante évolution.

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