Rémy Cointreau : Toujours pas de visibilité
Même si les ventes de cognac se reprennent en Chine, elles restent déprimées aux Etats Unis sur un marché en proie au déstockage et à une forte intensité promotionnelle. La transition pourrait durer plus longtemps que prévu.
Pas de miracle pour Rémy Cointreau. Les ventes du groupe familial de spiritueux ont reculé comme prévu de 19,2% à données comparables au titre de l’exercice 2023/2024, clos le 31 mars dernier. Pour le cognac qui représente à lui seul les deux tiers des facturations, le repli est en encore plus brutal (-25,1%) malgré une belle reprise de 15,4% observée sur le dernier trimestre qui aurait pu être de bon augure si la direction n’avait pas tempéré l’ardeur des investisseurs. Les ventes de cognac se sont en effet bien reprises en Chine mais elles restent déprimées aux Etats-Unis avec un recul de plus de 27% sur le dernier trimestre. En cause, la poursuite du déstockage des distributeurs sur un marché marqué par une normalisation brutale de la demande et où l’activité promotionnelle des concurrents s’avère très soutenue. Difficile de résister pour la marque de cognac Rémy Martin qui ne souhaite pas céder à la tentation de baisser ses prix pour maintenir ses marges. L’autre division regroupant des liqueurs et spiritueux de Rémy cointreau souffre aussi avec une baisse de 27% de ses ventes au dernier trimestre même si sur l’ensemble de l’exercice, elle limite sa baisse à moins de 5%. La bonne nouvelle de la publication des ventes annuelles vient du fait que la direction confirme les objectifs de résultats et de marges grâce à une politique de prix ferme et sans compromis et à une réduction des dépenses de marketing et de communication qui jouent le rôle de variable d’ajustement. Un plan de réductions de coûts portant sur 100 millions d’euros, (dont 25 millions réalisés au premier semestre) doit par ailleurs permettre de maitriser la baisse de la marge opérationnelle.
Enquête antidumping sur le cognac en Chine
Mais la mauvaise nouvelle est que la visibilité reste très faible pour l’exercice 2024/2025 qui devait être celui de la reprise. Si les ventes en Chine semblent mieux orientées (ce qui demandera tout de même confirmation), la situation aux Etats Unis reste préoccupante et il est possible que les opérations de déstockage et que la baisse de la demande sur le cognac se poursuivent pendant encore tout le premier semestre 2024/2025. La direction ne s’aventure d’ailleurs pas à la moindre prévision pour le nouvel exercice à ce stade. Le titre qui a perdu plus de 40% de sa valeur sur un an pourrait donc continuer de manquer de catalyseurs à court terme d’autant qu’il reste bien valorisé à environ 25 fois les profits attendus par le consensus pour l’exercice 2024/2025, autour de 190 millions, comme pour l’exercice précédent (il affichait malgré tout un multiple de 40 fois il y a un an). Bonne nouvelle cependant, l’enquête des autorités chinoises sur une infraction supposée à la concurrence des eaux de vie importées d’Europe (qui concerne aussi le cognac) devrait rester lettre morte puisque le gouvernement n’aurait finalement pas l’intention d’instaurer des droits de douane à titre conservatoire. Dans une optique moyen terme et une fois les stocks résorbés dans tous les réseaux de distribution, le dossier présente un potentiel de rebond non négligeable sur un secteur où les marques puissantes et à fort pricing power comme Rémy Martin sont peu nombreuses, alors que le modèle économique reste particulièrement rentable.
Notre conseil : nous restons positifs sur Rémy Cointreau dans une optique moyen terme avec des achats possibles en dessous de 90 euros pour viser 115 euros à un horizon de 18 mois. Code Isin : FR0000130395.
Conseils sur Rémy Cointreau
Tous les conseilsRémy Cointreau : la menace chinoise !
Le lancement d’une enquête antitrust par la Chine sur le cognac et les liqueurs de type brandy en provenance d’Europe fait plier le titre déjà fragilisé par la normalisation de la consommation après deux années de forte croissance.
Rémy Cointreau, des fondamentaux toujours excellents
Le groupe de spiritueux profite à la fois de son fort pricing power et de la hausse du dollar pour renforcer les efforts de communication sur ses marques. Sa valorisation élevée se justifie par la qualité des fondamentaux.
Rémy Cointreau plie mais ne rompt pas
Après un premier trimestre 2020-2021 apocalyptique, plombé par la crise sanitaire, le groupe de vins, liqueurs et spiritueux prévoit une reprise graduelle de ses ventes. A moyen terme, la valeur de son portefeuille de marques et son positionnement unique sont des gages de croissance.
Rémy Cointreau remet les pendules à l’heure
Faute avouée à moitié pardonnée ? Dans le cas de Rémy Cointreau, force est de constater que la mise au point effectuée par les dirigeants sur l’évolution des indicateurs d’activité...