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Philippe Guillemot, président de Vallourec : « nous sommes en avance sur l’objectif de ramener la dette à zéro »

Le patron du géant français des tubes sans soudures pour les débouchés du pétrole et de l’industrie revient sur l’évolution de l’activité du premier trimestre 2024 et précise les perspectives du groupe à moyen terme. Il commente également l’arrivée d’ArcelorMittal dans le tour de table de Vallourec.

La lettre de la bourse : Que vous inspirent les chiffres du premier trimestre de Vallourec ?

Philippe Guillemot : Les résultats du premier trimestre confortent la stratégie mise en place il y a deux ans, au terme de la restructuration financière survenue à un moment où le groupe était en situation de quasi-faillite. Nos marges continuent de progresser et l’excédent brut d’exploitation par tonne est l’un des plus élevés depuis 15 ans. Par ailleurs, nous avons pris de l’avance sur l’objectif de désendetter totalement Vallourec avant la fin de 2025. Sur les trois premiers mois de l’année, les volumes s’inscrivent en baisse en raison des restructurations engagées en Allemagne où nous avons fermé nos deux sites en vue de transférer un tiers de la production, celle qui correspond à la partie dédiée au pétrole et au gaz, vers le Brésil dans le cadre d’une revue de notre emprunte industrielle. Notre base de coûts en Europe était beaucoup plus élevée qu’ailleurs eu égard au niveau des prix de l’énergie et des salaires, sans compter la quasi-absence de marchés domestiques. En ce qui concerne l’évolution des prix de vente, nous sommes restés très disciplinés dans notre approche du marché en nous focalisant sur les clients cherchant des solutions techniques premium . Nous privilégions désormais la valeur aux volumes. Aux Etats-Unis les prix continuent de baisser malgré un contexte général pourtant favorable et des inventaires faibles dans les réseaux de distribution. Il faut sans doute y voir l’effet de la décision de l’administration américaine de limiter les exportations de gaz GNL. Dans cette zone, nous anticipons des volumes stables jusqu’à la fin de l’année avec une poursuite de la pression sur les prix. A l’inverse, le reste du monde se porte très bien, en particulier le Moyen-Orient et l’Amérique du Sud. Le segment offshore est également très dynamique et nous permet de proposer nos solutions les plus techniques.

Les restructurations au sein du groupe sont-elles terminées ?

PG : Les décisions structurantes consistant à s’assurer de la compétitivité de nos capacités de production et de leur proximité par rapport à leurs marchés sont aujourd’hui exécutées. 80% de la production réalisée aux Etats-Unis est utilisée localement. C’est aussi le cas aussi au Brésil où nous avons encore une capacité d’amélioration de la performance opérationnelle. Le cœur du réacteur réside dans notre recherche et développement dont le centre est localisé dans le Nord de la France. C’est une référence mondiale. Nous conservons aussi en France deux unités industrielles, une forge et la dernière unité de finition en Europe qui sont des facteurs de différenciation permettant de vendre à des prix couvrant les coûts de production.

Tous les coûts liés à ces restructurations ont-ils été intégré dans les comptes du groupe ?

PG : Il reste encore un certain nombre de couts associés à nos collaborateurs, en Allemagne, en phase de transition ou affectés aux opérations de démantèlement (environ 250 personnes). Mais tous ces couts sont déjà intégrés dans nos comptes depuis l’annonce du plan en 2022. Nous sommes par ailleurs encore liés par un contrat d’approvisionnement avec le groupe HKM jusqu’à la fin de 2028.

Où en est le processus de désendettement du groupe ?

PG : Nous avons poursuivi le désendettement et refinancé avec succès le bilan en avril dernier. Cela a permis de ramener le coût de la dette de 8,5% à 5,8% (en euros) et d’élargir le pool bancaire. La maturité de la dette obligataire a été portée à 8 ans et Vallourec n’a donc pas d’échéance de refinancement à court terme. Notre liquidité de l’ordre de 1,3 milliard nous met à l’abri d’un risque majeur comme celui qui a failli faire disparaitre le groupe en 2021. Nous sommes aujourd’hui en avance sur l’objectif de ramener la dette nette à zéro avant la fin de l’année 2025 et notre nouvelle emprunte industrielle permettra d’être plus résilient en cas de crise. Vallourec aura par ailleurs remboursé son PGE à la fin de 2024, soit trois ans avant son échéance et, la notation de sa dette a été relevée à quatre reprise en deux ans. Pour conclure, nous avons définitivement tourné la page des années noires et Vallourec est redevenue une entreprise de premier plan proche du statut « investment grade».

Quelle sera désormais la politique de distribution du groupe ?

PG : Pour la première fois depuis dix ans, les actionnaires de Vallourec devraient, recevoir un retour sur le capital au plus tard en 2025 au titre de l’exercice 2024 si le Conseil et l’Assemblée Générale en valident le principe. L’objectif est de mettre en place l’un des taux de distribution les plus élevés du secteur en retournant entre 80% et 100% de la génération de trésorerie excédentaire aux actionnaires.

De quelle manière les salariés du groupe sont-ils associés à ce redressement ?

PG : Vallourec a versé l’an dernier un intéressement historique correspondant à un mois et demi de salaire aux collaborateurs français et instauré de nombreux plans d’intéressement dans le reste du monde. Nous avons aussi mis en place une opération d’actionnariat salarié à l’automne dernier à laquelle près de 50% des collaborateurs ont souscrit à un prix très compétitif de 8,83 euros l’action.

Où allez-vous investir dans les prochaines années ?

PG : Nous allons continuer à investir dans notre outil de production mais également dans les développements en cours dans les nouvelles énergies, notamment dans le domaine de la séquestration du carbone, de la géothermie et plus récemment du stockage d’hydrogène gazeux dans des conditions de sécurité maximum permises par l’utilisation d’aciers résistant à la corrosion et de connexions étanches. Les premières commandes dans l’hydrogène pour les clients des secteurs du transport et du raffinage devraient être conclues partir de 2025. Au total, ces nouveaux développements pourraient représenter jusqu’à 15% de l’excédent brut d’exploitation de Vallourec à l’horizon 2030.

Vallourec est aussi présent dans les mines et les forêts. Ces activités sont-elles stratégiques ?

PG : Ces activités sont développées uniquement au Brésil, où notre haut-fourneau est alimenté par le minerai de fer issu de notre mine locale. Par ailleurs nous avons remplacé le coke par du charbon de bois provenant de nos plantations d’eucalyptus. Cela nous permet d’avoir l’emprunte carbone la plus faible de notre industrie.

Quelles sont vos prévisions pour l’ensemble de l’année 2024 ?

PG : Les marges devraient légèrement s’éroder au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre en raison de la situation particulière du marché nord-américain mais elle se maintiendront à un niveau élevé sur l’ensemble de l’exercice compte tenu de la qualité du carnet de commandes à l’international et de la poursuite de l’amélioration opérationnelle. Nous avons encore beaucoup d’initiatives en cours pour continuer à optimiser la performance du groupe et à le désendetter.

Comment interprétez-vous l’entrée récente du sidérurgiste ArcelorMittal dans le tour de table de Vallourec à hauteur de 28,4% ?

PG : C’est d’abord un satisfecit pour le travail que nous avons accompli depuis deux ans. Le fonds d’investissement Apollo n’avait pas vocation à rester indéfiniment au capital. A partir de là, ma priorité a été de m’assurer que sa sortie ne contrarie pas le développement du groupe. Je suis ravi de voir ArcelorMittal lui succéder. Nous passons d’un actionnaire financier de premier plan à un actionnaire industriel de référence dans le monde de l’acier. Je rappelle que Nippon Steel est aussi présent dans les tubes sans soudure et que la maison sœur de notre confrère Tenaris est également un géant de l’acier.

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