Ubisoft : le soufflé retombe !
L’éditeur de jeux vidéo a été sanctionné par les marchés en raison de ses difficultés à générer un cash-flow positif. La faible visibilité sur le calendrier de sortie des jeux et sur leur succès constitue aussi un frein à la revalorisation du dossier.
Le retour à un bénéfice de 157 millions d’euros pour l’exercice 2023/2024 d’Ubisoft (contre une perte de 494 millions un an plus tôt, accentuée il est vrai par un certain nombre de charges exceptionnelles) aurait pu être salué par les marchés. Il n’en a rien été ! Pire, l’action de l’éditeur de jeux vidéo a plongé de 13,4% le jour de sa publication, jeudi 16 mai. Car si les principales lignes du compte de résultats s’améliorent sur un an, en particulier le chiffre d’affaires qui grimpe de 26,8% à 2,3 milliards d’euros (grâce au succès des deux grandes franchises Rainbow Six et Assassin’s Creed et à des partenariats de licence lucratifs) ou le résultat opérationnel courant (positif de 321 millions contre une perte de 487 millions un an plus tôt), un paramètre n’a pas été au rendez-vous : celui du cash-flow. Ubisoft a en en effet continué de consommer de la trésorerie à hauteur de 393 millions d’euros du fait d’une forte hausse de son besoin en fonds de roulement. D’où une remontée sensible de l’endettement net à 985 millions d’euros (662 millions en 2022/2023). Au cours de l’exercice précédent, la consommation de cash avait déjà atteint 354 millions. Une tendance peu appréciée dans une période de taux d’intérêts élevés. Autre sujet de déception, la perspective d’une légère progression seulement du résultat opérationnel pour l’exercice 2024/2025 malgré des lancements nombreux et une progression solide attendue du net booking (ventes nettes excluant les revenus différés). La direction prévoit moins de partenariats rentables (il y avait 400 millions de dollars de revenus à forte marge dans les comptes en 2023/2024).
Une OPA sur Ubisoft est impossible
Ubisoft prévoit en revanche de renouer avec un cash-flow positif, notamment grâce à la poursuite des réductions de coûts qui ont atteint 150 millions d’euros l’an dernier dans le cadre d’un plan portant sur 200 millions en base annuelle à partir de 2025-2026. Pour autant, malgré la transformation vers un modèle d’affaires plus équilibré et récurrent, force est de constater que la visibilité sur les perspectives à moyen terme fait toujours défaut. Il n’est pas rare en effet de voir les éditeurs différer le lancement de leurs jeux, alors que le succès de ces derniers reste très aléatoire. Ubisoft va de son côté devoir augmenter ses coûts marketing pour assurer le succès de ses nouveaux jeux. Le regain d’opérations de concentration dans le secteur des jeux vidéo (offre d’achat du groupe EQT sur Keywords Studios pour 2 milliards de livres sterling) pourrait en théorie constituer un catalyseur pour le titre. Sauf que la famille Guillemot qui détient 15,3% du capital et exerce une influence notable sur le management, n’a pas du tout l’intention de vendre ses parts dans Ubisoft. Elle en a même verrouillé le capital au terme d’une opération très discutable sur le plan de la gouvernance conclue avec le chinois Tencent, auquel elle a vendu des titres de sa société au prix fort sans permettre aux actionnaires minoritaires de bénéficier de la même porte de sortie.
Notre conseil : Nous restons à l’écart du dossier en raison de l’insuffisance de visibilité sur le chiffre d’affaires et d’une gouvernance discutable. Code Isin : FR0000054470.
Conseils sur Ubisoft
Tous les conseilsUbisoft, une question de crédibilité
Ce leader français de l'édition de jeux vidéo affiche la plus importante perte de son histoire. La contre performance illustre un déficit de qualité dans la sortie de nouveaux jeux sans cesse repoussée. La famille fondatrice et actionnaire du groupe ne cesse de multiplier les promesses non tenues. Elle a cédé une partie des titres du holding de contrôle au chinois Tencent au prix fort sans que les actionnaires minoritaires d'Ubisoft puissent en profiter.
Ubisoft : la Bérézina !
Après avoir floué les actionnaires en septembre dernier en cadenassant son capital, l’éditeur de jeux vidéo doit revoir drastiquement ses prévisions de résultats en raison des mauvaises ventes de fin d’année et de reports de lancements. Le titre n’offre plus aucune visibilité.
Ubisoft, pas d’OPA en vue à long terme
L'accord signé avec Tencent est un véritable scandale permettant à la famille Guillemot de valoriser une partie de ses intérêts à un prix de 80 euros par action Ubisoft sans que les actionnaires minoritaires profitent de cette prime. Le tout en écartant pour très longtemps la perspective d'une OPA sur l'éditeur.
Ubisoft, la cible de choix du secteur des jeux vidéo
L’arrivée des grands noms américains de la tech dans le secteur des jeux vidéo se traduit par une accélération de la concentration. Après les récentes opérations, tous les yeux sont désormais rivés sur le champion hexagonal, qui fait figure de cible de choix au regard de sa capacité à créer des franchises à succès.