Un mois après l’annonce du rachat de l’exploitant allemand de parcs éoliens et solaires, Encavis par le fonds KKR, le secteur des énergies renouvelables est à nouveau en ébullition, avec cette fois un projet de rachat de la société française Neoen par la société de gestion canadienne Brookfield. Cette dernière vient d’entrer en négociations exclusives avec les actionnaires historiques de Neoen (Impala, le Fonds Stratégique de Participations, Cartusia, la société d’investissement de Xavier Barbaro qui est aussi le président de Neoen et d’autres actionnaires) détenteurs de 53,32% du capital en vue de leur racheter leurs titres sur la base de 39,85 euros par action, soit une prime de 26,9% sur le dernier cours côté avant l’annonce. En cas d’accord et de validation du prix par un expert indépendant, Brookfield lancerait par la suite une OPA sur les titres détenus par le public aux mêmes conditions en vue de retirer Neoen de la cote. L’opération ferait ressortir une valorisation de 6,1 milliards d’euros pour l’entreprise française, soit 11,2 fois son excédent brut d’exploitation attendu pour cette année et 8,5 fois celui estimé par les analystes financiers pour l’an prochain. En tenant compte de la dette, la valeur d’entreprise ressortirait autour de 9 milliards soit 16 fois l’excédent brut d’exploitation de 2024 et 12,8 fois celui de 2025. A titre de comparaison Encavis a été valorisée de façon identique puisque la société allemande affiche désormais une valeur d’entreprise équivalente à 14 fois son excédent brut d’exploitation estimé pour 2024 (13 fois celui de 2025). Il ne faut toutefois pas exclure une amélioration des conditions de l’offre alors que l’action Neoen a valu beaucoup plus cher par le passé avec un record de 64,99 euros atteint en janvier 2021.

10 GW de capacité en opération ou en construction à l’horizon 2025

L’initiative de Brookfield, confirme en tout cas l’engouement des acteurs de l’énergie et des infrastructures pour les énergies renouvelables et c’est la raison pour laquelle l’action de Voltalia, autre société française œuvrant dans les parcs éoliens et solaires a immédiatement bénéficié d’un regain d’intérêt en bourse après ces annonces. L’objectif de la société canadienne consiste à accélérer le développement du portefeuille d’actifs diversifié de Neoen afin de satisfaire l’augmentation de la demande de sources d’énergies renouvelables provoquée par la croissance de l’intelligence artificielle et du Cloud. Mais aussi d’affranchir Neoen des contraintes de financement liées à sa cotation en bourse, à un moment où les taux d’intérêts sont encore très élevés. La dernière augmentation de capital de Neoen remonte à mars 2023 pour un montant de 750 millions d’euros. Avec cet apport, la société française a les moyens de tenir l’objectif de détenir une capacité totale en opération ou en construction de 10 GW à l’horizon 2025 (contre 8 GW à la fin de 2023) et de hisser son excédent brut d’exploitation à plus de 700 millions d’euros (474 millions en 2023), mais elle aurait peut-être dû solliciter à nouveau les marchés d’ici deux ans pour aller plus loin.

Notre conseil : la prime offerte n’est pas négligeable mais on attendra les réactions boursières à la reprise des cotations avant de vendre ou d’apporter ses titres à la future offre. Code Isin : FR0011675362.