Franck Gervais, le directeur général du groupe Pierre & vacances-Center Parcs et ses équipes semblent avoir trouvé la bonne recette pour enfin remettre cet exploitant de résidences touristiques sur le chemin durable de la rentabilité, là ou leurs prédécesseurs ont longtemps échoué. Il aura pour cela fallu restructurer drastiquement le bilan et mettre en œuvre une politique de rénovation en profondeur permettant de monter en gamme et de faire du groupe un leader du tourisme local, aidant ses clients à se reconnecter à la nature. Un positionnement qui semble de plus en plus séduire les vacanciers, prêts à payer un prix plus élevé pour bénéficier d’une expérience unique. Les efforts déployés depuis deux ans portent maintenant leurs fruits comme en témoigne la nette amélioration de l’excédent brut d’exploitation ajusté du groupe au cours du premier semestre de l’exercice 2023/2024, encore déficitaire de 21,4 millions d’euros en raison de la saisonnalité de l’activité mais moins que l’an passé (46,8 millions). Une performance à laquelle ont participé les quatre entités du groupe (Center Parcs, Pierre & Vacances, les Apart-hotels Adagio, gérés en commun avec Accor et la plateforme commerciale Maeva). Grâce aux importants investissements de rénovation consentis depuis deux ans les enseignes ont pu augmenter leurs prix en moyenne de 5,7% sur le semestre, tandis que le taux d’occupation moyen s’est amélioré de 0,8 point à 70,1%. Parallèlement, les mesures prises pour réduire les coûts (objectif de 50 millions d’économies sur l’exercice) ont porté leurs fruits. Au regard du bon niveau de réservations pour l’été (70% de l’objectif budgété déjà acquis à date), la direction peut donc relever ses anticipations annuelles et table désormais sur un excédent brut d’exploitation ajusté au moins égal à 160 millions d’euros hors produits non récurrents (au lieu d’une fourchette comprise entre 145 et 150 millions précédemment), ce qui lui permettrait de prendre un an d’avance sur son calendrier.

Un bilan désendetté

Autre évolution favorable, le groupe vient de refinancer sa dette dans de très bonnes conditions en remboursant l’enveloppe de 303 millions mise en place dans le cadre de son plan de sauvetage et en optant pour une ligne de crédit revolving de 205 millions, utilisable uniquement en cas de besoin, ce qui va lui permettre de sortir des engagements contraignants (covenants) pris avec les banques et d’économiser 15 millions de frais financiers sur cinq ans. Pierre & Vacances conserve en outre une situation financière très solide caractérisée par une position de trésorerie nette positive à la fin de l’exercice. Toutes les actions engagées depuis deux ans vont continuer de jouer positivement sur les résultats, notamment les hausses de prix qui doivent représenter la moitié de la croissance du chiffre d’affaires des activités hébergement sur les cinq prochaines années. L’excédent brut d’exploitation visé pour l’exercice 2027/2028 ressort ainsi à 220 millions d’euros, en progression de 83 millions sur cinq ans à partir d’un chiffre d’affaires de 2,18 milliards d’euros, ce qui traduirait un gain de 2,9 points de marge opérationnelle (10,1% du chiffre d’affaires). Pour y parvenir, le groupe va poursuivre ses efforts d’investissements (550 millions sur cinq ans) dans les rénovations et l’accroissement de ses capacités. Ils devraient pouvoir être autofinancés. Le consensus des analystes financiers table sur un bénéfice de plus de 50 millions d’euros dès l’an prochain après plus de 40 millions cette année. Une hypothèse capitalisée raisonnablement 14 fois sur la base des cours actuels. Il faut néanmoins tenir compte de la création potentielle de nouveaux titres (jusqu’à 126 millions soit un effet dilutif de 27%) liée à l’exercice des bons de souscriptions détenus par les créanciers et l’obtention d’actions gratuites par les dirigeants et le fondateur du groupe, Gérard Brémond qui a pris du recul. Ce facteur devrait malgré tout être compensé par la poursuite du redressement des résultats d’ici 5 ans.

Notre conseil : nous sommes fondamentalement positifs sur le dossier en retournement avec un premier objectif de 1,85 euro à un horizon de 18 mois. Code Isin : FR0000073041.