Interparfums: des objectifs trop prudents?
Les investisseurs ont décidé de bouder la présentation des perspectives de l’année 2018 de ce fabricant de parfums de prestige sous licences (Montblanc, Jimmy Choo, Lanvin, Rochas, Coach…). Il faut…
Les investisseurs ont décidé de bouder la présentation des perspectives de l’année 2018 de ce fabricant de parfums de prestige sous licences (Montblanc, Jimmy Choo, Lanvin, Rochas, Coach…). Il faut dire que la direction ne prévoit l’an prochain qu’une croissance du chiffre d’affaires limitée à 5% (il atteindrait entre 420 et 425 millions d’euros) après trois années de progression à deux chiffres. Ce ralentissement apparent mérite d’être relativisé par le fait que les prévisions du groupe sont traditionnellement prudentes et que la base de chiffre d’affaires pour 2017 (400 à 405 millions d’euros attendus) sera sans doute assez nettement dépassée. En outre, il est normal que la dynamique ralentisse de temps à autres et apporte « un temps de respiration indispensable à la consolidation des lignes existantes ».
En effet, le modèle économique d’interparfums n’est absolument pas remis en cause et la société fourmille déjà de nouveaux projets à l’horizon 2019 avec quatre nouveautés majeurs sur les marques Montblanc, Jimmy Choo, Lanvin et Coach, qui devraient à nouveau relancer les ventes sur une croissance à deux chiffres. Peu de changement à attendre en revanche au niveau de la rentabilité. Compte tenu d’un niveau toujours élevé de dépenses marketing (23,7% du chiffre d’affaires) après une hausse de 20% en 2017, la marge opérationnelle est attendue stable l’an prochain, entre 13 et 13,5%, comme cette année, alors que certains analystes visaient un peu plus haut. Nul doute que le groupe pourrait se le permettre, mais il a décidé de privilégier la croissance à long terme en réinvestissement tous ses excédents de marge dans le soutien à ses différentes marques.
Avec les lancements attendus en 2019, Interparfums devrait renouer avec le niveau des ventes qu’il avait avec la licence Burberry, avant que celle-ci soit récupérée en direct par la griffe britannique, puis recédée récemment à l’américain Coty. En 2012, Interparfums réalisait en effet un chiffre d’affaires de 445 millions d’euros constitué, à plus de la moitié, par les vente de parfums Burberry. Depuis le groupe n’a pas ménagé ses efforts pour compenser cette perte en achetant de nouvelles licences ou de nouvelles marques, comme Rochas, qui ne demandaient qu’à se réveiller. Les parfums Rochas devraient ainsi générer 38 millions de chiffre d’affaires en 2018 contre 29 millions en 2016. Mais c’est surtout l’intégration de la marque Coach, à partir de 2015, qui a permis de franchir un nouveau cap. Elle va réaliser l’an prochain plus de 50 millions d’euros de facturations, soit 12% des ventes totales du groupe.
Interparfums a aussi d’autres fers au feu. Son président, Philipe Benacin, reconnait que le marché est en train de bouger et n’exclue pas concrétiser l’acquisition de nouvelles licences au cours des prochains trimestres. Pas question en revanche de participer à une recapitalisation de la division mode de Lanvin dont il détient déjà la marque pour les parfums. Avec une trésorerie nette toujours élevée de 160 millions d’euros, issue notamment de l’indemnité de rupture du contrat de licence versée par Burberry, le groupe peut rester offensif sur plusieurs dossiers.
Le titre capitalise aujourd’hui 28 fois les profits attendus en 2018, ce qui peut paraitre élevé dans l’absolu, mais la valorisation reste malgré tout raisonnable compte tenu de la trésorerie qui représente 13% de la capitalisation boursière, de la perspective d’une croissance à deux chiffres dès 2019 et de la rentabilité élevée du modèle économique (marge nette proche de 10%).
Notre conseil : Interparfums fait partie de notre sélection du coin du spéculateur. Nous restons très positifs sur le dossier, surtout après le récent repli et vison un objectif de 37 euros.
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