Vicat : quelles perspectives ?
Ce dernier cimentier français coté en Bourse de Paris a dévoilé des comptes annuels inférieurs aux attentes et la visibilité reste incertaine dans bon nombre de pays émergents.
Deuxième plus forte baisse hier de l’indice SBF120, derrière Nexity, le titre de cette affaire familiale (contrôlée à 61% par la famille Merceron-Vicat) présente depuis plusieurs siècles dans le ciment, a été lourdement sanctionné à la suite d’une publication décevante de ses comptes annuels. D’un montant de 435 millions (contre 445 millions anticipés), l’excédent brut d’exploitation s’est inscrit en retrait de 2,2% d’un chiffre d’affaires lui-même en légère progression de 0,7% à 2,58 milliards d’euros. La performance reflète une érosion d’un demi-point de la marge revenue à 16,8% imputable en grande partie à la dépréciation de bon nombre de devises essentiellement des pays émergents (livre turque, livre égyptienne et roupie indienne) mais également à la mauvaise orientation de certains marchés (Europe hors France, Turquie à partir du second semestre, Egypte). L’effet devise aura amputé de 22 millions l’excédent brut d’exploitation et de 138 millions le chiffre d’affaires dont la moitié est liée à la livre turque.
La seule satisfaction concerne la génération de 167 millions de flux nets de trésorerie qui, bien qu’en baisse de 6,7%, a permis de réduire l’endettement net revenu à un niveau très raisonnable de 27,8% des fonds propres et qui va permettre à Vicat de financer sans difficulté la prise d’une participation majoritaire de 65% au tour de table du cimentier brésilien, Ciplan. Le montant de l’opération est de 295 millions.
Peu de visibilité encore en 2019
Fidèle à son habitude, la direction du groupe se refuse à livrer des perspectives chiffrées pour cette année. Son objectif demeure d’améliorer sa rentabilité opérationnelle. Il s’annonce difficile à atteindre. Le groupe profitera d’une meilleure conjoncture en Europe hors France mais il devra composer avec une base de comparaison exigeante au premier semestre en France en raison de conditions climatiques très favorables un an auparavant mais également en Turquie. Par ailleurs, les marchés resteront compliqués dans certains pays émergents (Turquie, Egypte et Inde). En revanche, la consolidation de la nouvelle filiale brésilienne arrive à un moment où l’économie locale semble repartir. L’an dernier, elle a réalisé un excédent brut d’exploitation de 24 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 160 millions.
En première approche, le marché table sur un résultat brut d’exploitation de 473 millions et un volume de facturations de 2,73 milliards.
A 11,5 fois les profits pour cette année, le titre n’est pas cher et sa capitalisation boursière de 1,86 milliard est inférieure de 25% aux fonds propres de l’entreprise de 2,49 milliards. Il est tentant de miser sur un rattrape de cette valeur très décevante sur un an (-38%) et sur cinq ans (-26%) mais le groupe manque trop de visibilité pour prendre le pari. Raison pour laquelle nous restons à l’écart.
Notre conseil : restez à l’écart de Vicat (code : FR0000031775).
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Ce cimentier, contrôlé à 60,7% par les familles Vicat et Merceron, se montre confiant sur le redressement de sa rentabilité affectée ces dernières années par les difficultés des marchés de la construction en France, en Turquie et en Egypte. Proche de ses plus bas sur cinq ans, le titre décote fortement.