Saint-Gobain, des perspectives prometteuses faiblement valorisées
Après avoir enregistré des résultats records au titre de 2021, le fabricant de matériaux de construction vise une nouvelle amélioration de son bénéfice opérationnel. Son activité est soutenue par les besoins en matière de rénovation des bâtiments en Europe et par la construction de logements dans les pays émergents. Des perspectives attrayantes que la valorisation du titre n’intègre pas.
La crise ukrainienne ne devrait pas avoir d’impact significatif sur les perspectives du marché de la rénovation des logements en Europe. De bon augure pour l’activité du fabricant de matériaux de construction qui a enregistré des résultats historiques l’an dernier. Sur la base d’un chiffre d’affaires de 44,2 milliards d’euros, en hausse à données constantes de 18,4% et de 13,8% par rapport à 2019, grâce à des marchés sous-jacents dynamiques (outre la rénovation en Europe, la construction neuve en Asie et sur le continent américain) et aux hausses de prix passées au second semestre, le résultat opérationnel a progressé de 58% pour s’établir à 4,5 milliards, laissant apparaitre une marge opérationnelle de 10,2% contre 7,5% en 2020 et 8% en 2019. Cette hausse conséquente de la rentabilité, de l’ordre de 2,5 points depuis le lancement du plan de transformation du groupe à la fin de 2018, reflète outre la hausse des volumes et la capacité du leader mondial de la construction durable à répercuter le surenchérissement des prix des intrants dans ses propres tarifs, l’impact de sa stratégie de recentrage sur les métiers les plus dynamiques et les plus rentables, et les mesures de réduction des coûts mises en place durant la crise sanitaire. Le résultat net a atteint de son côté 2,5 milliards contre 456 millions un an auparavant et 1,4 milliard avant le déclenchement de la pandémie.
Des marchés structurellement porteurs
Après ces résultats historiques, le groupe envisage l’exercice en cours de manière favorable visant une nouvelle augmentation de son résultat opérationnel à taux de change constants. Il se dit confiant dans sa faculté à passer de nouvelles hausses de prix pour compenser les augmentations des coûts de l’énergie et des matières premières sans pour autant pénaliser ses marchés. Selon le consensus recueilli par FactSet, le résultat net pourrait atteindre 2,9 milliards d’euros cette année, puis 3,1 milliards en 2023. Des prévisions que le titre capitalise au cours actuel respectivement 9,7 et 8,9 fois. Ces niveaux de valorisation apparaissent modérés au regard des perspectives de croissance du groupe à court et moyen terme. Son activité continuera d’être soutenue dans les mois et années à venir par le marché de la rénovation des bâtiments en Europe, grâce aux aides mises en place par les pays européens dans le cadre de leur politique de transition énergétique, et celui de la construction neuve dans les pays émergents, qui est porté par la croissance démographique. Le nouveau plan stratégique du groupe, tourné vers la croissance et baptisé « Grow & Impact », prévoit ainsi une croissance organique des ventes comprise entre 3 et 5% par an sur la période 2021-2025, et une marge opérationnelle de 9 à 11%. Ces ratios de valorisation n’intègrent pas non plus la capacité d’innovation du groupe, et son positionnement pertinent sur les solutions durables (72% des ventes). D’autre part, la réallocation d’actifs va se poursuivre. De nouvelles cessions, après celles réalisées au début de l’année (l’activité de distribution spécialisée dans la plomberie, le chauffage et le sanitaire au Royaume-Uni par exemple), sont prévues, tandis que des acquisitions devraient venir compléter son portefeuille de produits axés sur la construction durable. Après avoir atteint un plus haut annuel (et de 10 ans) en début d’année, à 67,12 euros, le titre a cédé depuis lors près de 17%, offrant l’occasion de revenir sur la valeur (que nous avions intégrée dans notre portefeuille du Coin du spéculateur de la Lettre de la bourse mi-décembre pour la revendre au début du mois de janvier). L’exposition du groupe à la Russie et à l’Ukraine est limitée (0,5% des ventes), et le risque que représente la tragédie de la tour Grenfell à Londres ne doit pas être exagéré. Pour rappel, le gouvernement britannique menace les fabricants d’isolants (dont fait partie Saint-Gobain via sa filiale Celotex) de ne plus pouvoir vendre leurs produits sur le territoire britannique s’ils ne participent pas à la remise aux normes des immeubles hauts de plus de 18 mètres. Or le risque financier est estimé à 1 euro par action par le bureau de recherche Oddo BHF.
Notre conseil : Acheter Saint-Gobain à 54 euros pour viser un premier objectif de cours de 64 euros à moyen terme. Le dividende au titre de 2021 a été fixé à 1,63 euro par action procurant un rendement de 2,9%. Code Isin : FR0000125007.
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