Bouygues pour son rendement pérenne
Le défi de l’intégration d’Equans dans les services à l’énergie et le risque d’un échec du projet de rapprochement entre TF1 et M6 paraissent déjà pris en compte par le marché. La visibilité sur les télécoms et la construction est un atout. A 11,3 et 9,1 fois les profits estimés pour cette année et 2023, le titre n’est pas cher et offre un rendement sécurisé proche de 6%.
Avec des performances de moyen terme inférieures à celle de l’indice CAC 40 (-14% sur trois ans et -25% sur cinq ans), le titre Bouygues ne fait pas recette. La faute à son statut de holding familial diversifié dans les métiers de la construction, des télécoms, des médias et des services à l’énergie. A court terme, la valeur fait les frais de grosses incertitudes concernant l’issue du projet de rapprochement entre sa filiale de télévision TF1 avec M6 destinée à contrer la puissance des plateformes de streaming américaines (Netflix, Amazon, Disney +) et de la capacité du groupe à intégrer rapidement Equans racheté au printemps à Engie. Cette opération de croissance externe est structurante sur le secteur porteur des services à l’énergie mais actuellement peu rentable. Pour autant, ces deux paramètres nous paraissent aujourd’hui largement pris en compte en Bourse. A un peu plus de 6 euros, l’action TF1 intègre à la fois l’échec du projet de mariage avec M6 et un recul anticipé du marché publicitaire avec la récession attendue de la zone euro. A une autre époque, Bouygues a démontré ses capacités à redresser sa filiale Bouygues Télécom malgré une vive concurrence sur le marché hexagonal.
Une visibilité supérieure à 1 an de chiffre d’affaires dans la construction
Aujourd’hui, la filiale a relevé à l’issue d’un premier semestre très solide son objectif pour cette année d’une croissance d’au moins 5% de son chiffre d’affaires services et table dorénavant sur une progression d’au moins 8% de son excédent brut d’exploitation (après loyer). Pour le reste, Bouygues dispose d’une excellente visibilité sur son métier historique de la construction. En hausse de 6%, le carnet de commandes s’élevait à fin juin à 35,1 milliards. Il représente un peu plus d’un an de chiffre d’affaires. Pas de quoi justifier selon nous que le titre Bouygues accuse une décote par rapport à un multiple de valorisation moyen de 13,7 fois observé sur la période 2010-2021. Ses ratios pour cette année et 2023 ressortent à seulement 11,3 et 9,1 fois les profits estimés. La structure financière saine du groupe avec un endettement net limité à 29% des fonds propres à la fin du premier semestre lui permet de donner de la visibilité à ses actionnaires sur sa politique de distribution de dividende. En tablant avec prudence sur un dividende de 1,7 euro par action versé entre 2017 et 2020, le rendement atteint 5,8%. Signe du caractère bon marché de la valeur : la famille Bouygues s’est récemment renforcée au tour de table du holding pour porter sa participation à 25%.
Notre conseil : achetez Bouygues à 28,50 euros (code : FR0000120503) pour viser un objectif de cours de 33 euros