Les actionnaires de Exail Technologies courbent le dos. L’action de cette société contrôlée à 42,6% par la famille Gorgé, issue du rapprochement des sociétés Eca et iXblue en 2022 ayant donné naissance à un champion industriel de haute technologies spécialisé dans les domaines de la robotique autonome et de la navigation, a perdu un quart de sa valeur depuis l’annonce, le 17 avril, de l’abandon par le gouvernement australien de son programme de guerre des mines pour lequel Exail avait de sérieuses chances de s’imposer. Ce projet aurait pu représenter plusieurs dizaines de millions d’euros d’activité pour le groupe mais il n’était pas inclus dans le carnet de commandes. La sanction parait donc sévère alors que la dynamique commerciale du groupe n’a jamais été aussi intense. Parmi les leaders mondiaux des systèmes complexes de drones (drones de surface sous-marins, terrestres et aériens), Exail Technologies conçoit aussi des composants photoniques (fibres et composants optiques, instruments quantiques) et des équipements de navigation inertielle, de positionnement, de sonars et autres équipements embarqués. Sa technologie a notamment été retenue en 2019 par les marines belge et hollandaise pour équiper en drones leurs navires de chasse aux mines dans le cadre d’un contrat portant sur 450 millions d’euros. Au cours du premier semestre 2024, les commandes du segment navigation et robotique maritime (centrales inertielles notamment) qui représente la majorité des activités, ont augmenté de 25%, permettant de stabiliser le carnet de commandes à 630 millions malgré l’avancement du programme belgo-néerlandais. Dans le même temps, le chiffre d’affaires a progressé de 5% pour s’établir à 163 millions d’euros grâce à la livraison des programmes de robotique sous-marine et à la monté en puissance de la production de composants optiques pour le segment navigation et robotique. Depuis, le groupe a été sélectionné pour contribuer au projet européen de lutte contre les mines sous-marines pour lequel il bénéficiera d’une subvention de 10 millions d’euros. Il vient aussi de remporter une nouvelle commande de 60 millions d’euros pour la livraison de 12 systèmes robotisés de lutte contre les mines sous-marines auprès des marines belges et néerlandaises. Plus généralement, l’activité devrait être portée par la croissance des dépenses de défense des pays de l’Otan (+10% en 2023) et plus particulièrement des pays européens (+21%) alors que l’environnement géopolitique parait durablement perturbé.

La revalorisation du dossier passera par le désendettement de la société

Pour cette année, la direction table sur une progression à deux chiffres des facturations mais prévient que les marges seront freinées par les perturbations induites par le contexte commercial intense qui avait déjà pesé sur la rentabilité en fin d’année dernière. Le consensus regroupé par Factset s’attend par conséquent à un bénéfice nul, voire légèrement négatif, avant un rebond à près de 13 millions d’euros en 2025. Cette prévision est capitalisée autour de 22 fois sur la base des cours de bourse actuels, ce qui n’est pas excessif au regard du potentiel de croissance de l’activité sur un secteur de la défense en pleine effervescence. Le principal enjeu pour Exail Technologies consistera à réduire la dette contractée à l’occasion du rachat de iXblue. Une partie de cette dette est portée par des fonds apportés par le partenaire ICG, présent dans la holding intermédiaire. L’endettement net de 274 millions (incluant les obligations détenues par ICG) à fin 2023 représentait encore deux fois les fonds propres mais il doit diminuer rapidement avec la génération de trésorerie. Le désendettement participera ensuite à l’amélioration des résultats alors que le coût de la dette a atteint 25 millions d’euros l’an dernier, soit plus que le bénéfice dégagé.

Notre conseil : achetez Exail Technologies à 16,50 euros pour viser 20 euros à un horizon de 18 mois. Code Isin : FR0000062671.