Legrand : un point d’entrée intéressant
Freiné par le ralentissement de ses activités en Europe, le spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment affiche une faible croissance par rapport à son concurrent Schneider Electric. Sa valorisation apparait malgré tout modeste au regard des fondamentaux solides.
Dans le match qui oppose Legrand à Schneider Electric dans le secteur des équipements électriques pour les bâtiments, le second a pris une sérieuse avance en bourse cette année avec une hausse de plus de 30% de son action quand celle du premier stagne dans le même temps. Une différence de traitement qui peut se comprendre par les choix stratégiques menés de part et d’autre, Schneider Electric ayant davantage développé une expertise technologique autour des logiciels et étant plus présent en Asie et sur le marché des centres de données que Legrand. D’où des trajectoires de croissance asymétrique. Les ventes de Legrand ont reculé de 0,8% sur les neuf premiers mois de 2024 à taux de changes constants alors que celles de Schneider Electric ont grimpé de 6,8%. Legrand est freiné par la baisse du marché du bâtiment (notamment le résidentiel) sur la plupart de ses régions géographiques et doit surtout son salut au troisième trimestre (croissance organique de 2,4%) au marché américain (40% des facturations), notamment sur le segment des centres de données (data centers) utilisés pour l’intelligence artificielle. L’exercice 2024 sera donc marqué par un chiffre d’affaires organique et par acquisitions en légère croissance.
Des objectifs ambitieux pour 2030
Tout n’est cependant pas aussi sombre dans le tableau dépeint par Legrand. D’abord, le groupe dispose d’un vrai savoir-faire en matière d’acquisitions et complète régulièrement son dispositif de nouvelles briques qui alimentent les ventes. Ensuite, le modèle économique se révèle très rentable puisque même en période de basses eaux, la direction prévoit encore une marge opérationnelle ajustée de 20% à 20,4% pour cette année (21% en 2023). Le groupe entend par ailleurs faire évoluer ce modèle pour accélérer la croissance (notamment en augmentant l’exposition aux centres de données) et viser à l’horizon 2030 un chiffre d’affaires compris entre 12 et 15 milliards d’euros tout en maintenant la marge opérationnelle à 20%. Entre 2025 et 2030, la génération de cash attendue autour de 10 milliards d’euros en cumulé permettra une allocation du capital attractive pour les actionnaires (la moitié du cash-flow libre sera reversé sous forme de dividendes). Le titre capitalise 20 fois les profits attendus en 2025 contre un ratio de plus de 25 fois pour Schneider Electric.
Notre conseil : achetez Legrand à 92 euros pour viser 115 euros à un horizon de 18 mois. Code Isin : FR0010307819 et LR.