Elior: de nouveaux catalyseurs pour le titre?
Le spécialiste de la restauration collective se rapproche de l’équilibre financier et se met en position de renouer avec des bénéfices substantiels après une phase de restructurations et de renégociations de ses contrats avec ses clients.
L’exercice 2021/2022 restera sans doute comme l’un des plus sombres dans l’histoire d’Elior au regard de la perte de 427 millions d’euros visible en bas du compte de résultat, qui fait suite à une perte de 100 millions un an plus tôt. Cette performance très négative masque toutefois des progrès notables dans la mesure où elle s’explique en grande partie par des charges non courantes de 309 millions d’euros liées à des dépréciations d’écarts d’acquisition sur des actifs situés en France et en Espagne ainsi qu’à l’arrêt des activités de Preferred Meals aux Etats-Unis, qui perdaient structurellement de l’argent. Même sans ces coûts, les performances du groupe seraient restées négatives puisque l’excédent brut d’exploitation ajusté est resté déficitaire de 48 millions d’euros, moins qu’un an plus tôt toutefois (-64 millions). Surtout, en excluant les pertes de Preferred Meals aux Etats-Unis, le résultat aurait été presque à l’équilibre. La bonne nouvelle vient d’une reprise globale de l’activité qui avait été lourdement impactée par la crise sanitaire. Malgré un premier semestre encore difficile sur ce plan, le chiffre d’affaires annuel a rebondi de 20,6% pour s’établir à 4,45 milliards d’euros et cette reprise doit se poursuivre avec le retour progressif aux niveaux d’activité d’avant la crise. Ainsi dans la restauration collective des entreprises, le chiffre d’affaires du quatrième trimestre se situe à 88% du niveau du quatrième trimestre de l’exercice 2018/2019 (pré covid). Dans l’enseignement, ce taux est de 109%, tandis que dans la santé et le social, il est à 98%. C’est donc sur le segment des entreprises que le plus gros travail commercial reste à faire.
Autre priorité pour Elior, poursuivre les renégociations de contrats avec ses clients pour faire face à l’inflation, notamment avec le secteur public. Au 30 septembre 2022, 67% des contrats avaient été renégociés avec succès, ce qui représente 139 millions d’euros de hausses de prix sur 12 mois glissants et autant de résultat en plus. L’exercice 2021/2022 n’en a bénéficié qu’à hauteur de 56 millions d’euros, ce qui laisse entrevoir un beau rattrapage sur l’exercice suivant. La direction vise dans ce contexte une croissance organique du chiffre d’affaires d’au moins 8% sur l’exercice 2022/2023, avec une marge d’excédent brut d’exploitation positive comprise entre 1,5% et 2%. L’accélération serait encore plus visible ensuite avec une marge d’excédent brut d’exploitation attendue aux environs de 4% dès l’exercice 2023/2024. Elior pourrait ainsi reprendre le service du dividende au titre de l’exercice 2023/2024. Un objectif accessible à condition que la structure financière ne se dégrade pas trop. Sur le dernier exercice, le groupe a encore consommé du cash, si bien que l’endettement net atteint 1,21 milliard d’euros contre 1,10 milliard un an plus tôt. Il représente 165% du montant des fonds propres. La maîtrise des investissements combinée au retour à des résultats positifs devrait permettre d’inverser la tendance.
Le groupe Derichebourg en embuscade
En bourse, le redressement en cours laisse encore les investisseurs perplexes comme le traduit la baisse de 62% du cours depuis le début de l’année, sans doute liée à une situation financière encore très tendue qui laisse planer un risque d’augmentation de capital. Mais rien n’est moins sûr dans la mesure où Elior peut compter sur l’arrivée d’un nouvel actionnaire de poids dans son capital, le groupe Derichebourg qui détient 19,5% des titres depuis le mois de mai, à la suite du rachat des parts du fondateur Robert Zolade. La présence de Derichebourg au tour de table pose un certain nombre de questions étant donné la faible complémentarité avec ses propres activités. Mais elle introduit une dimension spéculative dans le dossier, dans la mesure où il ne faut pas exclure que Derichebourg prenne un jour le contrôle d’Elior qui ne vaut que 450 millions d’euros en bourse, soit presque 40% de moins que ses fonds propres alors que la société est sur le point de renouer avec les bénéfices. L’annonce prochaine des conclusions de la revue des options stratégiques menées par Elior permettra sans doute d’en savoir plus sur les intentions des actionnaires et sur les tendances futures.
Notre conseil : le dossier est très spéculatif et volatil car prisé des vendeurs à découvert. Sa valorisation apparait raisonnable, mais le travail de redressement est encore important et la situation financière tendue. Les investisseurs les plus avertis pourront s’intéresser au dossier dans une optique de trading entre 2,50 euros et 3 euros. Code Isin : FR0011950732.
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