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Philippe Gelin, directeur général de LDC : « Nous avons une belle visibilité sur le deuxième semestre »

Le directeur général du numéro un français de la volaille nous explique comment le groupe est parvenu relever les nombreux défis du premier semestre et nous livre ses ambitions pour les prochaines années.

La lettre de la bourse : Le groupe LDC est parvenu à tirer son épingle du jeu sur le premier semestre de l’exercice 2022/2023 en publiant un chiffre d’affaires en hausse de 14,1% et en améliorant légèrement la marge opérationnelle à 4,4%. Dans quel contexte avez-vous réalisé cette performance ?

Philippe Gelin : le semestre a été plein de défis car nous avons fait face à un épisode inédit d’influenza aviaire en Vendée et dans le sud-ouest. Nous avons aussi subi une hausse inédite des matières premières avec le déclanchement de la guerre en Ukraine. Certaines ont bondi de 100 euros par tonne en une seule nuit et malgré la détente des dernières semaines, leur prix moyen reste 2,5 fois plus élevés qu’avant l’invasion de l’Ukraine. D’autres charges ont également progressé avec la crise ukrainienne et la situation sanitaire. C’est le cas du packaging, du carburant, ou encore de l’énergie dont les prix ont grimpé de plus de 50% en un an.

Comment s’explique la baisse de 5,5% des tonnages vendus par le groupe sur la période ?

P.G. : Cette baisse est la conséquence directe de l’épisode d’influenza aviaire. Nous avions dans un premier temps budgété une baisse de nos volumes de 10% à 15% pour le pôle volaille sur l’exercice, mais nous avons réussi à en limiter l’impact à -3% au premier trimestre et -10% au deuxième trimestre grâce à un plan d’entraide entre nos sites de production. La région vendéenne a ainsi pu livrer ses clients grâce au soutien des autres sites de production dans les autres régions. De son côté, la consommation des ménages est restée solide même si elle résulte surtout d’un rattrapage de la consommation hors domicile avec la fin des restrictions sanitaires. Au total, la consommation de volaille en France a progressé légèrement de 0,1%, ce qui est rassurant. En effet, malgré les répercussions tarifaires aux clients, la volaille reste la plus compétitive dans l’univers des viandes.

Justement, comment se sont passées les négociations tarifaires avec les clients et de quel ordre ont-elles été ?

P.G. : En France, le pôle volaille avait déjà obtenu une augmentation de prix de 15% il y a six mois pour compenser la hausse des prix des matières premières, mais l’impact de la guerre en Ukraine a nécessité une hausse supplémentaire de 20% que nous avons pu finalement obtenir à la fin du mois d’août auprès de l’ensemble de nos clients. Le pôle traiteur a également subit des hausses de coûts importantes mais n’a pas été en mesure de les répercuter intégralement, si bien que sa marge opérationnelle sur le semestre est devenue légèrement négative à hauteur de 0,6% du chiffre d’affaires contre une marge positive de 5,1% un an plus tôt. Les fondamentaux de ce pôle restent néanmoins excellents et nous espérons bien surmonter cet épisode difficile et renouer rapidement avec des résultats normatifs grâce à notre performance industrielle et à la qualité de nos produits dans les rayons pour servir le plus grand nombre de consommateurs. Les négociations sont toujours en cours pour faire passer de nouvelles hausses de prix.

La dynamique du groupe a été particulièrement soutenue à l’international. Comment l’expliquer et quels sont vos ambitions sur ces marchés ?

P.G. : A l’international, notre chiffre d’affaires a progressé de 47,2% sur le premier semestre. Les hausse de prix ont été supérieures à celles pratiquées en France car nous sommes sur des marchés d’offre et de demande et non pas de répercussion de coûts de production. Du fait de l’influenza aviaire, l’offre en canards s’est réduite face à une demande toujours forte, ce qui a permis de revaloriser fortement nos prix. Nous souhaitons continuer à développer nos activités sur nos marchés actuels que sont la Pologne, la Hongrie, la Belgique ou tout récemment le Pays de Galles sans exclure l’ouverture de nouveaux pays mais toujours en Europe sur des marchés tournés vers la clientèle des GMS en reprenant des entreprises à actionnariat stable et si possible familial.

LDC a récemment renforcé son pôle œufs. Quelles sont vos ambitions sur ce segment ?

P.G. : Notre groupe avait déjà une filiale, Loeuf, tournée essentiellement vers les GMS avec des ventes à la marque Loué ou Le Gaulois. Lorsque l’on a appris que le groupe Avril mettait sur le marché les œufs Matines, nous nous y sommes immédiatement intéressés pour renforcer nos activités existantes et bénéficier d’une marque nationale reconnue disposant d’une belle notoriété assistée. Avec Matines, nous allons représenter 40% du marché des marques d’œufs en grande surface. Parallèlement, nous sommes en négociation pour reprendre la société Ovoteam, spécialisée dans la transformation des œufs et réalisant 85 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les synergies avec notre pôle œuf sont importantes. Nous allons renforcer ses outils industriels avec des investissements de 7 millions d’euros sur trois ans et innover pour apporter plus de praticité aux clients qui sont essentiellement de la restauration hors domicile, de la pâtisserie, de la boulangerie, ainsi que de la restauration commerciale ou collective. Cet ensemble représentera bientôt plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires et nous visons une marge opérationnelle de 3% à partir de l’exercice 2024/2025 puis 5% d’ici trois ans grâce au développement des produits élaborés.

Quels sont vos objectifs pour le groupe sur l’ensemble de l’exercice 2022/2023 et à plus long terme ?

P.G. : Nous avons une belle visibilité sur le deuxième semestre grâce à la compétitivité de la volaille sur le marché des viandes et à une bonne préparation pour les ventes de Noël. Nous confirmons par conséquent la perspective d’un chiffre d’affaires de plus de 5,8 milliards d’euros sur l’exercice avec une marge opérationnelle d’au moins 4,5%.  Il en est de même pour nos objectifs à 5 ans visant à franchir à l’horizon 2027 le cap des 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec un excédent brut d’exploitation de 560 millions d’euros, en progression de 40% par rapport au niveau de l’exercice 2021/2022. Notre croissance future reposera à la fois sur le développement de notre périmètre actuel, mais aussi sur des acquisitions. LDC a acquis une belle expérience en matière d’intégration avec une cinquantaine d’acquisitions réalisées à ce jour. L’international est une piste possible, tout comme le segment traiteur. Mais nous voulons surtout combler deux vides dans notre offre que sont les salades et les pâtes fraîches.

De quelle marge de manœuvre disposez-vous ? pensez-vous en faire profiter les actionnaires qui peuvent être un peu déçus du parcours boursier sur cinq ans et d’une politique de distribution restreinte?

P.G. : A la fin du premier semestre de l’exercice 2022/2023, nos fonds propres se montaient à 1,76 milliard d’euros et nous disposions de 202 millions d’euros de trésorerie nette. Notre priorité reste d’investir dans le développement et l’amélioration de notre productivité. Avant de retourner davantage de liquidités aux actionnaires, nous devons d’abord renouer avec les niveaux de rentabilité passés dans le pôle volaille. Concernant l’attractivité de notre cours de bourse, nous sommes conscients de la faiblesse de notre flottant qui n’est vraiment que de 13% si l’on exclue les actionnaires stables dont font partie les familles, nos salariés, le groupe Sofiproteol et la Coopérative Agricole Fermiers de Loué. Nous avons déjà des idées pour élargir le flottant. Nous avons notamment la possibilité de réaliser une acquisition structurante importante susceptible de faire venir des acteurs financiers dans le financement de l’opération. Dans tous les cas, les familles qui détiennent 70% du capital de LDC souhaitent assurer le transfert à la troisième génération dans les meilleures conditions possibles.

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