Patrick Vandromme, président de Maisons France Confort
« Nous n’hésiterons pas à recourir aux acquisitions dans la rénovation. » Le patron du premier constructeur français de maisons individuelles revient sur les performances du premier semestre et nous livre ses…
« Nous n’hésiterons pas à recourir aux acquisitions dans la rénovation. »
Le patron du premier constructeur français de maisons individuelles revient sur les performances du premier semestre et nous livre ses impressions après l’annonce du plan logement du gouvernement. Il explique comment son groupe saura d’adapter en accélérant notamment dans le domaine de la rénovation.
C’est en juin 1974 que Patrick Vandromme a pris la direction générale de cette affaire familiale créée en 1919 par son arrière grand-père à Alençon. Il en est devenu le président en 1984. Patrick Vandromme est également président de l’Union des Maisons Françaises.
La lettre de la bourse : Maisons France Confort vient de publier des résultats semestriels en forte hausse, marqués par une amélioration de deux points de la marge opérationnelle. Comment l’expliquez-vous ?
Patrick Vandromme : Effectivement notre résultat opérationnel a progressé de 95,8% quand dans le même temps le chiffre d’affaires s’est amélioré de 19% pour atteindre 371,5 millions d’euros. Il en ressort une marge de 5,1% contre 3,1% un an plus tôt. Cela s’explique principalement par un effet volume alors que nos coûts fixes n’ont progressé que de 2% à périmètre constant et une marge nette qui s’améliore notamment sous l’effet de l’augmentation de la marge brute de l’activité maisons (+0,5 points).
La lettre de la bourse : comment évolue aujourd’hui le marché de la maison individuelle et comment envisagez-vous les prochaines années ?
Le marché de la maison individuelle reste bien orienté au regard de nos réservations qui s’inscrivaient, à la fin du mois d’août, en hausse de 8,7% en valeur et de 5,6% en volume malgré deux mois d’attentisme au moment des élections présidentielles. En ce qui concerne la rénovation, la situation est encore plus favorable puisque les prises de commandes dans le BtoC et celles dans le BtoB progressent de respectivement 11% et 32,8%. Le segment de la maison individuelle restera bien orienté au moins jusqu’en 2018, puis nous verrons quel impact auront à compter de 2019 les dernières annonces du gouvernement.
La lettre de la bourse : quels seront les principaux impacts du plan logement présenté par le gouvernement ?
Le maintien du dispositif Pinel et du prêt à taux zéro (PTZ) sur les zones tendues est une bonne chose, mais il va surtout profiter aux promoteurs immobiliers. Par contre, la décision de supprimer le PTZ de façon immédiate en zone C et au bout d’un an en zone B2 représente un coup dur pour notre profession et pour de nombreux ménages. Le gouvernement a en effet sacrifié 60% de la population qui habite dans ces deux zones représentatives de près de 85% du territoire français. Le groupe Maisons France Confort construit pour sa part 57% de ses maisons dans les zones C et B2. Nous estimons que 10% de notre chiffre d’affaires peut être concerné.
La lettre de la bourse : Comment allez-vous vous adapter à cette situation ?
J’espère d’abord que le gouvernement reviendra sur certaines mesures et fera preuve de bon sens. Sinon, nous n’aurons pas d’autre choix que de nous adapter. L’exonération des plus-values sur les ventes de terrains permettra d’amortir, en partie seulement, le choc. Les acquéreurs pourront aussi jouer sur l’allongement de leurs prêts pour réaliser leur projet et nous allons chercher des solutions avec nos partenaires banquiers pour leur offrir les meilleures conditions financières possibles. Nous avons par ailleurs les moyens d’acheter des terrains dans les zones tendues et de développer notre activité de promotion. Enfin notre groupe a engagé une politique de diversification depuis trois ans en développant une activité de rénovation qui est peu sensible aux cycles économiques et peu dépendante de la politique du logement. Maisons France Confort est donc bien armé pour résister, mais ce ne sera pas le cas des plus petits acteurs et il est probable que nous serons amenés à prendre de nouvelles parts de marché dans les années à venir en raison de leur disparition.
La lettre de la bourse : quels sont vos objectifs dans la rénovation ?
Après le rachat de Camif Habitat en 2015, nous avons pris le contrôle de l’Atelier des Compagnons au début de cette année avec possibilité de détenir 100% du capital ultérieurement. Cette société devrait réaliser un chiffre d’affaires d’environ 65 millions d’euros, ce qui permettra de hisser les ventes de notre pôle rénovation à une centaine de millions d’euros en 2017 sur un total de l’ordre de 770 millions. L‘objectif est de doubler ce chiffre d’ici trois ans. Notre rentabilité devrait s’en trouver améliorée compte tenu des marges plus importantes, de 8% à 10%, dégagées par la rénovation BtoB. Nous n’hésiterons pas à recourir aux acquisitions pour accélérer dans ce domaine.
La lettre de la bourse : de quelle marge de manœuvre financière disposez-vous ?
Les normes IFRS nous ont obligé de comptabiliser en dette la totalité du prix d’acquisition de la société L’Atelier des Compagnons même si nous n’en détenons pour le moment que 51% du capital. Malgré cela, nous conservons une situation de trésorerie nette positive de 12,3 millions d’euros dans notre bilan au 30 juin. La trésorerie active atteint pour sa part 109,5 millions tandis que les fonds propres dépassent 153 millions. Maisons France Confort a donc largement les moyens de réaliser des acquisitions et notre priorité à court terme sera donnée à la rénovation BtoB.
La lettre de la bourse : quels sont vos objectifs financiers pour cette année ?
Nous confirmons une croissance organique à deux chiffres de notre production pour 2017 et une rentabilité opérationnelle en amélioration par rapport au 31 décembre 2016. La bonne tendance sur les réservations pourrait accélérer en fin d’année avec les achats d’anticipation si le plan logement du gouvernement en reste là.
Propos recueillis par La lettre de la bourse