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Sébastien Martin, directeur financier de Claranova : « Nous avons basculé vers un business model pérenne »

Dans un entretien accordé à la Lettre de la Bourse, Sébastien Martin, directeur financier du groupe Claranova, un acteur global de l’Internet et du mobile, revient sur les résultats en forte croissance du groupe au 1er semestre. Il aborde également le développement de l’activité Internet des Objets.

Crédit photo : Pierre Vassal/Rea

La lettre de la Bourse : Claranova vient de publier des résultats en forte croissance pour son exercice clos le 30 juin dernier, avec un chiffre d’affaires en hausse de 62% et une amélioration de 3,7 points de la marge opérationnelle qui atteint 6,1%. Comment l’expliquez-vous ?

Sébastien Martin : C’est le résultat de la stratégie mise en place depuis plusieurs années pour notre pôle impression mobile et depuis un an pour le pôle Internet. La croissance a été d’autant plus profitable que nos activités évoluent aujourd’hui avec des pratiques et usages qui s’apparentent à de l’abonnement. On parle de « repeat business » et de modèle économique vertueux dans la mesure où la croissance organique devient quasiment mécanique et où nous n’avons plus besoin d’investir autant pour obtenir du chiffre d’affaires additionnel. Ainsi dans le pôle impression mobile, la marge opérationnelle courante normalisée a progressé de un point pour atteindre 6,2% sur l’exercice, à partir de facturations en hausse de 44%, à 176,1 millions d’euros. Dans le pôle Internet, les dernières acquisitions nous ont permis d’évoluer vers un modèle basé sur l’abonnement. Les ventes réalisées dans ce cadre ont dépassé 34% du chiffre d’affaires total contre moins de 10% l’année précédente. Grâce à cette stratégie, nous disposons déjà d’une croissance embarquée de 300 millions d’euros sur les trois prochaines années pour nos deux principales activités sans avoir à investir.

Quels sont vos objectifs pour le pôle Internet ?

Sur ce secteur, nous sommes désormais présents sur les segments du PDF, de la photo et de la sécurité, mais aussi de la fintech et de la monétisation de trafic. Les sociétés comparables et bien établies sur ces segments et ayant développé un modèle récurrent de type SaaS, présentent des taux de croissance de plus de 20% par an de leur activité et génèrent des marges pouvant parfois dépasser les 40%. Cela nous rend très confiants pour l’avenir d’autant que l’intégration des trois dernières acquisitions, SodaPDF, Adaware et Upclick, nous donne entière satisfaction, avec des synergies bien au rendez-vous. Grâce à ce changement de périmètre et à la mise en place de la nouvelle stratégie, les facturations du pôle ont bondi de 132% l’an dernier, tandis que le résultat opérationnel est passé en un an de l’équilibre à plus de 10 millions d’euros. Nous avons basculé vers un business model pérenne qui nous apporte une bonne récurrence de nos revenus et de notre profitabilité alors qu’auparavant les activités historiques déclinaient. Et nous ne sommes qu’au début de l’histoire !

Qu’en est-il pour l’impression mobile ?

Nous avons passé depuis quelque temps déjà le seuil de masse critique, ce qui nous permet de continuer à investir tout en améliorant la rentabilité. Sur le dernier exercice, le chiffre d’affaires a progressé de 44% et le résultat opérationnel courant normalisé de 71%. Cela se traduit par un gain de un point de marge, à 6,2%. Nous avons intérêt à continuer de développer la base installée car le profit marginal sur le chiffre d’affaires additionnel est de plus en plus élevé. C’est la raison pour laquelle nous avons fait l’acquisition de la société américaine Personal Creations, spécialisée dans les cadeaux personnalisés. Bien qu’il ne s’agisse plus d’impression mobile, la typologie du business modèle est la même et nous pouvons adresser un marché près de deux fois plus important que la photo et surtout plus rentable encore. Les synergies avec l’impression mobile sont évidentes car nous apportons notre savoir-faire dans le mobile et le marketing digital. Nous considérons que nous avons les moyens de devenir un acteur majeur au niveau mondial.

Le résultat net de Claranova a été impacté par une charge exceptionnelle de 44,6 millions d’euros. De quoi s’agit-il ?

Il est important de comprendre que cette charge n’a pas vocation à se répéter et n’a aucune incidence sur notre cash. Elle est liée à la forte revalorisation du pôle Internet, qui a doublé à 167 M$, suite à l’intégration réussie des activités Soda PDF, Adaware et Upclick. Les actionnaires minoritaires de ces sociétés avaient la possibilité de convertir leurs intérêts en une part de l’ensemble du pôle Internet de Claranova et les instruments financiers mis en place dans le cadre de ces acquisitions ont dû être eux-mêmes revalorisés en conséquence, impliquant la passation d’une charge exceptionnelle de 44,6 millions d’euros dans le compte de résultat. Il n’y aura plus d’impact de ces opérations à l’avenir.

Claranova a aussi développé un troisième pôle dans l’Internet des objets. Comment évolue-t-il ?

myDevices est une plateforme permettant aux entreprises de concevoir rapidement des solutions dans le domaine de l’Internet des Objets (IoT) et de les commercialiser. Cette activité a perdu 5,2 millions d’euros sur le dernier exercice en raison des investissements nécessaires à son développement. L’écosystème est désormais bien installé et nos distributeurs commencent à signer des contrats avec les clients finaux. Ces derniers commencent généralement par réaliser un test sur un usage pour un site avant de démultiplier par la suite les sites et les usages à un coût marginal assez faible. Notre objectif est de capter la fidélité des clients  avec l’élargissement de la typologie des usages et l’augmentation de leur durée. Au début de cette année, nous n’avions que 10 distributeurs et 15 clients finaux. Aujourd’hui, ils sont respectivement 62 et 250 et cette croissance va s’accélérer avec la poursuite de nos investissements qui sont désormais essentiellement de nature commerciale.

Quelle est la marge de manœuvre financière de Claranova aujourd’hui et comment comptez-vous l’utiliser ?

A la fin du dernier exercice, le bilan faisait ressortir une trésorerie nette de dettes de 23,5 millions d’euros. Cela nous donne les moyens de poursuivre les investissements pour l’ensemble de nos activités et d’aller chercher de nouvelles opportunités de croissance externe si elles devaient se présenter. Nous resterons malgré tout vigilants. Il ne s’agit pas d’acquérir du chiffre d’affaires à tout prix mais de la profitabilité pérenne. Nous voulons protéger au maximum la création de valeur pour les actionnaires et renforcer les fondamentaux de la société.

Vous venez de relever vos prévisions à un horizon de quatre ans. Quelles sont-elles ?

Initialement, nous visions un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros à l’horizon 2022-2023, mais nous pensons désormais dépasser le seuil des 700 millions d’euros compte tenu de l’acquisition de Personal Creations, et du développement plus rapide que prévu de notre pôle Internet et des perspectives favorables de myDevices dans l’Internet des Objets. Nous confirmons par ailleurs notre ambition de hisser la marge opérationnelle courante normalisée à plus de 10% du chiffre d’affaires. L’amélioration viendra de la montée en puissance du « repeat business » et des marges incrémentales plus élevées liées à ce phénomène.

Avec l’amélioration de ses résultats, Claranova devrait susciter des convoitises. La direction et le management sont-ils ouverts à une évolution du tour de table ?

Notre objectif consiste d’abord à créer de la valeur sur le long terme, mais en tant que dirigeants et partie prenante au capital, nous nous devrons d’étudier d’éventuelles offres dès lors qu’elles seraient davantage créatrices de valeur pour l’ensemble des actionnaires. Nous ne sommes pas dogmatiques sur la question.

Une cession de l’un des pôles est-elle envisageable ?

Techniquement, cela est possible dans la mesure où les synergies entre nos pôles sont limitées. A l’image de LVMH dans le luxe, nous sommes un acteur industriel utilisant son savoir-faire pour développer des marques dans le domaine de la technologie, sans que ces marques aient forcément un lien direct entre elles.

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