Guillaume Robin, PDG de Thermador Groupe: « notre ambition, doubler la taille du groupe tous les dix ans »
Dans un entretien accordé à la Lettre de la bourse, Guillaume Rodin, PDG de Thermardore Groupe revient sur les résultats du groupe supérieurs aux attentes au troisième trimestre. Il dévoile également une partie de la stratégie de croissance externe de son entreprise spécialisée dans la commercialisation d’accessoires pour le chauffage central et la sécurité sanitaire.
La lettre de la Bourse : à quoi attribuez-vous l’excellence du chiffre d’affaires du troisième trimestre très supérieur aux attentes ?
Guillaume Robin : Effectivement, nous avons été agréablement surpris de la performance de l’activité sur les trois derniers mois grâce à des conditions de marché meilleures que prévu. Les chiffres affichés par nos clients en France sont bons que ce soit chez les grossistes en matériels de sanitaire/ chauffage (près de 5% de hausse depuis le début de l’année) qui profitent du succès de la pompe à chaleur et de la climatisation, ou dans les grandes surfaces de bricolage dont les ventes étaient en progression à fin août. Ainsi, nos filiales Thermador et Isocel qui vendent des accessoires pour les pompes à chaleur aux grossistes et aux sous-traitants bénéficient des effets du CITE (crédit impôt pour la transition écologique). D’autre part, Mecafer, spécialiste du gros outillage destiné au grand public réalise un excellent 3ème trimestre et tire son épingle du jeu sur le e-commerce. Enfin, notre performance est moins surprenante à l’export dans la mesure où nos parts de marché restent faibles en Europe et dans les 13 pays d’Afrique ou nous sommes présents.
Quels sont les domaines où l’environnement est plus difficile ?
Nos activités grand public (23% des facturations) connaissent des évolutions plus contrastées puisque Mecafer et Domac voient leurs ventes cumulées croître légèrement de 1,9% à la fin du 3ème trimestre tandis que l’ensemble Dipra-Rousseau enregistre une contraction de 2,2% de son chiffre d’affaires sur la même période. La concurrence est forte sur ce segment de marché.
Dans le logement neuf, auquel le groupe Thermador est exposé à hauteur de 10% de ses ventes, le ralentissement des mises en chantier pénalise particulièrement notre filiale PBtub qui commercialise par exemple des systèmes de plancher chauffant.
Votre positionnement sur le marché de la rénovation explique-t-il, à lui-seul, le profil défensif de Thermador et la régularité de la croissance organique de son chiffre d’affaires sur les quatre dernières années ?
Pas seulement ! L’expertise de nos équipes et leur attachement à la société, avec une part du capital détenue non négligeable de 8,6%, contribuent à la forte récurrence de nos résultats. Aidés par les nouvelles mesures émanant de la loi PACTE, notre objectif est de porter la participation des salariés (y compris le personnel retraité) à un seuil de 10% du tour de table.
A quoi attribuer la bonne résistance de votre filiale Pbtub exposé pourtant à un marché du logement neuf moins bien orienté ?
Un des avantages de notre métier de distributeur est de pouvoir réagir rapidement à des évolutions de marché sans être liés à un outil industriel. L’équipe de PBtub le démontre en se diversifiant sur des produits moins exposés au segment du logement neuf.
Depuis quatre à cinq ans maintenant, Thermador a trouvé de nouveaux relais de croissance à l’international. Quelles sont vos ambitions ?
Le poids de l’export au chiffre d’affaires du groupe (environ 18,5% en fin d’année) est encore modeste. Il y a dix ans, l’objectif du fondateur de Thermador (Guy Vincent), était d’atteindre l’équilibre entre nos activités à l’international et celles réalisées dans l’Hexagone. Cela reste toujours notre ambition mais cela prend plus de temps pour y parvenir en raison de la progression de l’activité en France et de la difficulté de recruter, former et fidéliser les équipes nécessaires pour assurer le développement notre filiale Syveco hors de nos frontières. Par ailleurs, intégrer des acquisitions à l’étranger demande beaucoup de temps. Nous le constatons avec notre filiale belge Sodeco, spécialisée en robinetterie industrielle et présente en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse chez qui nous allons déployer notre ERP deux ans et demi après son arrivée dans le groupe.
Justement, quelle est votre stratégie en matière de croissance externe et quelle est votre marge de manœuvre financière ?
En interne, notre ambition est de doubler la taille du groupe tous les dix ans. Un des leviers permettant d’y parvenir est de réaliser des acquisitions mais nous ne menons pas une politique pro-active en la matière du fait du travail qui se présente à nous pour intégrer les sociétés qui nous ont rejoints en 2017 et 2018. Malgré cela, les opportunités ne manquent pas puisque beaucoup de cibles potentielles nous sollicitent. Nous sommes ainsi en négociations exclusives avec Eurobinox, spécialisée dans la fabrication de vannes à papillon et à clapets en inox pour les industries alimentaire et de santé, et avec deux autres sociétés avec lesquelles des lettres d’intentions ont été échangées.
Vous semblez aborder la fin de l’année avec confiance. Quelles sont vos perspectives ?
Par principe, nous ne chiffrons jamais nos perspectives. Mais nous sommes effectivement positifs en cette fin d’année à la fois grâce à une base de comparaison peu exigeante en raison de l’effet pénalisant des gilets jaunes observé l’an dernier à la même époque et grâce à la poursuite du succès des pompes à chaleur. Le recentrage des mesures d’incitation fiscale de l’Etat à partir de l’an prochain pourrait créer des achats d’anticipation sur la fin de l’année dont nous pourrions profiter.
Les comptes du premier semestre ont montré une légère pression sur la marge opérationnelle courante. Quelle sera la tendance sur l’année ?
Elle ne devrait pas varier de cette trajectoire en raison de la force du dollar face à l’euro qui nous a pénalisé cette année dans nos achats de matériels dont 33% sont libellés dans la devise américaine. Des ajustements sont en cours à l’initiative de nos filiales qui vont très probablement réviser leurs prix dès le début de l’année 2020.
Le groupe accorde une attention toute particulière à sa politique de distribution. Pouvez-vous nous en rappeler les grands principes ?
Effectivement, Thermador Groupe n’a jamais baissé son dividende en un peu plus de trente années de cotation en Bourse. Il a toujours au moins été maintenu ou augmenté et nos actionnaires personnes physiques, qui détiennent 34% du tour de table, y sont attachés. Cela constitue, pour l’essentiel d’entre eux, un complément de retraite. Nous n’avons pas défini de ratio de distribution. L’an dernier, le coupon de 1,75 euro par action a représenté 54,7% du résultat net. Le business modèle de Thermador Groupe génère des flux nets de trésorerie et il nous apparaît important d’en reverser une partie à nos actionnaires et d’apporter de la visibilité à cette distribution sur la durée.
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