François Feuillet, président du directoire de Trigano: sur le marché des campaings-cars « nous assistons à des phénomènes de mode qui soutiennent le marché »
Le patron de Trigano, le leader européen du camping-car, revient sur les performances de l’exercice 2018/2019 et livre sa vision du marché. Il explique pourquoi il reste optimiste pour le nouvel exercice.
La lettre de la bourse : Trigano a connu un exercice 2018/2019 plus compliqué que prévu qui s’est soldé par une stagnation du chiffre d’affaires. Quelles en sont les raisons ?
François Feuillet : Nous avons assisté à une réaction très inattendue de notre réseau de distribution en Europe qui a préféré réduire ses stocks dans la perspective de l’arrivée d’un nouveau châssis moins polluant et susceptible de les contraindre à accorder des remises sur les anciens modèles. Ensuite, le phénomène du diesel a continué d’avoir un impact psychologique sur l’acte d’achat. Heureusement, l’attentisme n’est que provisoire et nos clients ont continué de s’équiper faute d’alternative. Enfin le nouveau durcissement des normes anti-pollution a provoqué des perturbations dans notre approvisionnement en bases roulantes à la fin de l’exercice. J’ajoute enfin le fait que nous avons réorganisé deux usines, à Sprendlingen en Allemagne et surtout à Tournon en France, ce qui a généré dans un premier temps une baisse de productivité et des volumes disponibles à la vente.
Concernant le sujet du diesel, des évolutions sont-elles envisageables au niveau des motorisations de vos camping-cars ?
Toutes nos gammes et celles de nos concurrents sont équipées exclusivement de moteurs diesels aujourd’hui. Malheureusement l’offre électrique est limitée par le poids considérable des batteries, de l’ordre de 500 kilos. Cela représente autant de place en moins dans l’habitacle du véhicule et pose un problème de poids de l’ensemble du véhicule sachant que la limite autorisée pour le permis de conduire B est de 3,5 tonnes actuellement. Je ne désespère pas voir cette limite augmentée à 4,25 tonnes avec l’accord des autorités européennes. Il semblerait à cet égard que Bruxelles soit prêt à ouvrir la discussion.
Quelle est l’exposition de Trigano au Royaume-Uni et comment analysez-vous la situation dans ce pays ?
Le Royaume Uni est un pays important qui représente plus de 15% de notre chiffre d’affaires, avec des marges supérieures à celles réalisées sur le continent européen compte tenu de la spécificité des produits et de l’impossibilité de s’approvisionner ailleurs. Les concessionnaires ont commencé à souffrir au cours du dernier exercice en réduisant leurs marges pour limiter leur stock dans un contexte politique très incertain, tandis que les consommateurs se posent des questions sur les conséquences d’un Brexit, notamment au niveau d’éventuels changements de réglementation incitant à l’attentisme. L’exercice 2019/2020 s’annonce donc plus compliqué au Royaume-Uni et il nous faudra retrouver de la croissance dans les autres pays.
L’an dernier, la marge opérationnelle du groupe a diminué de 0,9 point pour revenir à 9,03% du chiffre d’affaires. Quelles sont les leviers d’amélioration pour le nouvel exercice ?
Nous devrions déjà renouer avec une progression de nos volumes qui permettra de mieux absorber les frais fixes. Par ailleurs, la productivité de nos deux usines de Sprendlingen et de Tournon va continuer de s’améliorer pour atteindre son rythme de croisière avant la fin du premier semestre. Globalement, nous avons beaucoup investi au cours des trois dernières années. Il serait logique que nous en récupérions les fruits. Nous pouvons aussi compter sur des prix des matières plus favorables, comme sur l’acier.
On a parfois évoqué une situation de fin de cycle sur le marché des camping-cars. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas tout à fait ce que nous observons. Il a plutôt un renouveau permis par le succès des vans, ces petits camping-cars faciles à garer qui sont prisés par les personnes âgées et les jeunes et qui génèrent une belle rentabilité. D’ailleurs cela se traduit par l’arrivée de nouveaux acteurs spécialisés sur des niches, comme les véhicules vintage ou les véhicules de luxe. Nous assistons à des phénomènes de mode qui soutiennent le marché.
Comment se sont passés les salons d’automne pour Trigano et comment envisagez-vous la nouvelle année ?
Nous étions présents sur tous les grands salons nationaux à Düsseldorf, Paris, Parme, Birmingham, Bruxelles…Le retour a été plutôt positif excepté au Royaume-Uni où nous avons constaté un attentisme très net des clients. Ces salons sont très importants car les camping-caristes veulent tester toutes les fonctionnalités et les nouveautés pour bénéficier du meilleur confort. Par rapport à l’an dernier, les prises de commandes sont un peu meilleures. En ce qui concerne l’exercice 2019/2020, je suis plutôt optimiste compte tenu du succès des modèles de type van et de la non récurrence des éléments qui nous ont pénalisé l’an dernier comme la réduction des stocks des distributeurs, l’introduction des nouveaux châssis ou les restructurations de sites industriels.
Malgré l’érosion de ses marges, Trigano a renforcé son bilan l’an dernier. De nouvelles acquisitions sont-elles envisageables ?
Le bilan à fin août fait ressortir un endettement net limité à 14 millions d’euros et si l’on exclue les dettes liées aux options d’achats sur les intérêts minoritaires de nos filiales, la trésorerie nette du groupe serait positive. Notre situation financière reste perfectible avec l’optimisation encore possible du fonds de roulement via la réduction des stocks. Cela nous laisse donc une belle marge de manœuvre pour des acquisitions. Malheureusement, il ne nous est plus possible de réaliser des opérations de taille importante au risque d’enfreindre les règles de la concurrence. Bruxelles intervient à partir de 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé entre l’acquéreur et la cible et nous dépassons déjà 2,3 milliards d’euros de facturations. Nous nous intéresserons donc à des entreprises de petite taille, dans l’espoir de les faire grandir.
Conseils sur Trigano
Tous les conseilsTrigano, la crainte du haut de cycle
Malgré un chiffre d'affaires du troisième trimestre meilleur que prévu, le titre de ce leader européen du camping-car baisse fortement en bourse. Si l'exercice 2023/2024 clos fin août s'annonce d'excellente facture, la tendance paraît plus incertaine pour l'année prochaine. Une perspective qui semble déjà en grande partie intégrée dans la faible valorisation du titre sachant que l'abondante trésorerie de cette entreprise familiale représente à elle-seule près de 16% de la capitalisation boursière.
Stéphane Gigou, président du directoire de Trigano : « Notre carnet de commandes donne une bonne visibilité pour la saison 2023/2024 »
Ce leader européen des véhicules de loisir a dévoilé des comptes semestriels d'excellente qualité. Son patron nous livre les secrets de cette réussite et reste confiant sur les perspectives du groupe.
Trigano, toujours excellent
Une nouvelle fois, ce leader européen des véhicules de loisir a surpris positivement le marché en dévoilant au deuxième trimestre de son exercice décalé une très forte croissance de son chiffre d’affaires. Pas seulement puisqu’il annonce d’ores et déjà une amélioration sensible de sa marge au premier semestre et confirme le maintien d’une bonne visibilité du marché du camping-car malgré le renchérissement du coût de l’argent. La valorisation du titre reste raisonnable.
Trigano, un dossier pas cher avec de la trésorerie
Alors que la Bourse de Paris est au plus haut, le titre Trigano est en léger repli de 2% depuis le début de l'année. Une bonne occasion de revenir sur ce leader européen du camping-car très bien géré et doté d'une abondante trésorerie nette à son bilan qui représente à elle-seule 17% de la capitalisation boursière.