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Pascal Imbert, président du directoire de Wavestone : « l’ambition est de faire progresser de plus de 8% l’activité en 2019/20 »

Pascal Imbert, président du directoire de Wavestone, cabinet de conseil en transformation des entreprises, revient sur les résultats décevants du premier semestre et présente avec conviction les perspectives de l’activité pour 2019 et 2020.

Crédit : Wavestone

La lettre de la Bourse : Quelle analyse faites-vous du premier semestre ?

Pascal Imbert : La croissance organique du chiffre d’affaires de 1% est décevante mais des effets de périmètre liés à nos dernières acquisitions, Metis Consulting et WGroup, nous ont permis de muscler la progression de l’activité qui ressort finalement à un niveau très correct de 7% sur le semestre écoulé. La faiblesse de la dynamique interne témoigne d’un marché en ralentissement et de notre difficulté dans ce contexte à optimiser le taux d’utilisation de nos consultants. Mais la grosse satisfaction de ce semestre demeure la très belle résistance de notre marge opérationnelle courante en modeste recul de 0,3 point à 10,6%, ce qui témoigne de la résilience du business modèle de Wavestone et nous rend confiant vis-à-vis de notre objectif d’au moins 13% de rentabilité opérationnelle courante sur l’ensemble de l’année fiscale.

Comment expliquez-vous cette bonne résistance de la marge du groupe ?

P. I : Nous avons bénéficié d’un effet prix positif, avec une bonne fermeté des conditions tarifaires de nos prestations et l’intégration de notre nouvelle filiale américaine, WGroup, dont les prix sont plus élevés. Parallèlement, nous nous sommes montrés prudents dans nos dépenses avec une stabilité du budget par rapport à l’an dernier.

A quoi attribuer la faiblesse du taux d’utilisation des consultants ?

P. I : Dès la fin 2018, un ralentissement du marché était perceptible sur le secteur des services financiers et il s’est étendu au cours du premier semestre à d’autres domaines d’activité comme l’industrie ou la grande distribution. Nos clients font davantage preuve d’attentisme ou s’engagent sur des budgets plus petits et les efforts d’investissement dans nos équipes commerciales n’ont pas encore généré le retour attendu, ce qui a logiquement pesé sur l’utilisation de nos consultants. Nous sommes néanmoins confiants sur les retombées positives de nos efforts commerciaux. Par ailleurs, nous maintenons le cap d’une stratégie volontariste en matière de recrutements en conservant l’objectif de 600 embauches (en brut) sur l’exercice pour préparer la croissance de demain.

Quels sont les secteurs d’activité qui résistent le mieux ?

P. I : Nous enregistrons une forte demande dans l’énergie, le transport et surtout les services publics, avec l’objectif d’offrir des solutions digitales adaptées aux usagers et un meilleur service.

Vos objectifs pour cette année sont maintenus ?

P. I : Nous avons introduit une marge de prudence, de l’ordre de 1 point sur la croissance du chiffre d’affaires en raison du retard pris au premier semestre, mais comme dans l’intervalle nous sommes parvenus à conclure début août l’acquisition du cabinet de conseil américain, WGroup, l’ambition sur l’exercice est de faire progresser au final de plus de 8% l’activité en 2019/20, contre une hausse de 5% précédemment. L’objectif d’une rentabilité opérationnelle courante supérieure à 13% est confirmée.

Vous attendez-vous à une remontée du taux d’utilisation des consultants au second semestre ?

P. I : Oui. Le point bas a vraisemblablement été atteint pendant l’été, et depuis le taux d’emploi des consultants s’améliore graduellement malgré l’arrivée depuis le mois de septembre de nombreux collaborateurs. Mais il convient de rester prudent quant au rythme de rétablissement de cet indicateur puisque l’inflexion de tendance est toute récente.

Comment se déroule l’intégration de la nouvelle filiale américaine, WGroup ?

P. I : Très bien et rapidement puisque les synergies sont déjà déployées entre les activités existantes de Wavestone aux Etats-Unis et WGroup racheté début août. L’intégration est facilitée par la qualité des fondamentaux de cette nouvelle société, et il est d’ores et déjà prévu qu’elle bascule sous la marque Wavestone début 2020. Sa dynamique est excellente et reste alimentée par une forte demande des grandes entreprises américaines pour le conseil en matière de transformation numérique et digitale et d’efficacité opérationnelle. Nous sommes très confiants dans le potentiel d’amélioration de la marge opérationnelle courante de WGroup dès l’an prochain (contre 15% en 2018).

Restez-vous à l’affût de nouvelles opportunités de croissance externe ou donnez-vous la priorité au redressement du taux d’emploi des consultants ?

P. I : Le plus important à ce jour demeure bien évidemment de faire progresser en interne l’indicateur d’utilisation de nos collaborateurs mais nous restons également opportunistes. L’objectif est de continuer à consolider nos positions aux Etats-Unis, à travers la réalisation de petites acquisitions sélectives et complémentaires sur le digital. Aucune ne devrait être annoncée d’ici à la fin de l’exercice fiscal clos fin mars 2020, mais de nouvelles acquisitions pourraient être réalisées dès l’exercice prochain. D’autres dossiers nous sont proposés dans d’autres pays, y compris en France, et nous ne nous interdisons pas d’y donner une suite favorable mais de façon beaucoup plus opportuniste. Car la région privilégiée reste les Etats-Unis. Et la solidité de notre bilan est un atout puisque, malgré le financement de l’acquisition de WGroup, nous devrions terminer l’année fiscale avec un endettement net comparable à celui de l’an dernier et limité à moins d’une fois l’excédent brut d’exploitation.

Présent en Grande-Bretagne, comment le groupe se prépare au Brexit ?

P. I : Jusqu’à présent, la conjoncture était plutôt robuste mais la tendance est plus incertaine depuis le mois de juillet. Nous redoublons donc d’efforts commerciaux pour maintenir une dynamique de chiffre d’affaires et éviter une rupture au moment de la mise en place du Brexit. Les modalités du Brexit demeurent encore très incertaines et notre priorité est de conserver de la fluidité au sein de nos équipes de consultants pour pouvoir nous adapter rapidement à un changement d’environnement économique. Nous savons que nos collaborateurs européens pourront continuer de travailler en Grande-Bretagne pendant une période de transition mais le reste est flou. Et donc cela va nécessairement entraîner des perturbations. Pour autant, la taille de Wavestone outre-manche est assez modeste avec une centaine de consultants sur un effectif total de près de 3 300 collaborateurs et une dizaine de millions de livre sterling de chiffre d’affaires.

Quelles peuvent être les conséquences de l’OPA de Capgemini sur Altran pour le secteur du conseil ?

P. I : C’est une très belle opération, qui donnera naissance à un leader mondial des services informatiques et de la recherche & développement externalisée pour les grandes entreprises, mais elle ne concerne pas vraiment notre métier du conseil.

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