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Patrick Findeling, président de Plastivaloire : « nous visons une amélioration de la marge brute cette année »

Patrick Findeling, président de Plastivaloire, groupe de plasturgie diversifié, revient sur les raisons de l’érosion des marges sur la dernière année fiscale, tout en se montrant optimiste sur les perspectives d’amélioration de la rentabilité pour 2019-2020 et au-delà, grâce à la dynamique favorable sur les contrats dans l’automobile.

Patrick Findeling - Plastivaloire
Patrick Findeling, President du directoire et directeur general de PVL , Plastivaloire

La Lettre de la bourse : L’exercice 2018/2019 a été marqué par une décroissance organique de 2,1% du chiffre d’affaires pour le groupe Plastivaloire. Comment s’explique ce coup de frein ?

Patrick Findeling : Le ralentissement a surtout été constaté sur le premier semestre, avec un environnement défavorable dans le secteur automobile. Sur les douze mois de l’exercice, les immatriculations de voitures en Europe ont baissé à dix reprises ce qui a eu une conséquence sur les cadences de production et donc sur notre chiffre d’affaires. Le rebond du marché de 14,5% observé en septembre mérite confirmation. Nous avons aussi été impacté par une latence plus importante entre la fin et le démarrage de programmes sur certains sites (le Portugal, par exemple). La tendance générale s’est toutefois améliorée progressivement puisque nous avons retrouvé une légère croissance organique sur le second semestre. Signalons également que hors automobile, nous avons délivré une croissance organique solide en Industries de près de 8%.

L’intégration de la société américaine TransNav a toutefois permis une hausse de 10,5% du chiffre d’affaires. Etes-vous satisfaits de cette acquisition ?

PF : Nous avons indiqué que si l’on veut jouer dans la cour des grands, il faut être présent sur les trois continents. Nos grands clients premium allemands ont tendance à lancer de plus en plus simultanément leurs modèles sur tous leurs marchés. Nous étions très présents en Allemagne et en Europe. Grâce à TransNav, nous sommes désormais bien positionnés outre-Atlantique avec deux usines dans la région de Detroit et deux autres au Mexique. Désormais, nous nous tournons vers la Chine, où nos clients sollicitent notre présence. L’intégration de TransNav se déroule bien. La société a perdu deux points de croissance à cause des grèves survenues chez General Motors pendant un mois et demi, ce qui ne l’a pas empêché de générer une marge brute de 15% et d’améliorer le niveau de rentabilité globale de notre groupe de 0,7 point. Avec TransNav, nous avions à l’origine seulement 6 clients en commun. Cette société nous apporte de nouveaux marchés et de nouveaux clients. Nous devrions par exemple monter en puissance avec Tesla en Europe.

Contrairement à la partie automobile, les activités dédiées aux autres industries se sont bien comportées sur le dernier exercice et représentent désormais 19,8% du chiffre d’affaires contre 17,8% un an plus tôt. D’où vient cette croissance ?

PF : j’ai toujours dit que l’idéal serait de réaliser 70% de nos ventes avec l’automobile et 30% en dehors. Nous nous inscrivons donc dans cette tendance qui va s’accentuer grâce à un important contrat remporté avec Airbus dans le domaine des sièges d’avions. La production démarre maintenant pour au moins cinq ans. Cela devrait générer environ 5 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. L’an dernier, l’activité hors automobile a été tirée par les marchés des compteurs gaz et eau. Nous intervenons sur une multitude de produits, de l’ameublement aux décodeurs, en passant par des sièges en polycarbonate.

D’où vient l’érosion de la rentabilité sur le dernier exercice ?

PF : L’essentiel du recul de 2,1 points de notre marge d’EBITDA à 8,9% du chiffre d’affaires, hors application des nouvelles normes comptables IFRS, vient de la baisse des volumes. Par ailleurs, nous avons dû gérer une performance industrielle insuffisante sur des sites basés en Grande Bretagne et en Allemagne. En Allemagne, il a fallu en outre modifier la structure du site pour absorber le niveau de charge. Nous avons remis à plat certains process et mis en œuvre les mesures correctives qui s’imposaient. Ces problèmes de qualité sont désormais derrière nous. Il faut aussi signaler les coûts de démarrage de notre usine mexicaine qui est en pleine croissance. Un phénomène observable également sur l’usine de Pilsen, en République Tchèque, dont la montée en puissance s’effectuera tout au long de l’année.

De quelle visibilité disposez-vous pour les prochains trimestres et les prochaines années ? Comment va évoluer la rentabilité ?

PF : Nous avons annoncé pour l’exercice 2019/2020 un objectif de chiffre d’affaires de 750 millions d’euros sur lequel nous avons un degré de confiance élevé compte tenu de la bonne dynamique observée au premier trimestre. Cet objectif peut paraitre prudent mais je préfère avoir à le relever en cours d’exercice plutôt que l’inverse. L’an dernier, nous avons pris pour 918 millions d’euros de commandes en automobile, dont l’équipement de presque toutes les pièces du cockpit de la nouvelle Zoé de Renault qui sortira dans un an et demi. A partir de 2022 ce marché sera très important pour nos usines françaises. Nous avons pris aussi des marchés à certains de nos confrères grâce à nos innovations techniques, notamment sur des véhicules premium. En ce qui concerne la rentabilité, nous attendons pour la nouvelle année une amélioration de la marge d’EBITDA liée à la progression des ventes. Celle-ci devrait accélérer dans les deux ans à venir avec la montée en puissance de plusieurs gros contrats aux Etats-Unis. Dans notre industrie, tout chiffre d’affaires supplémentaire génère une marge importante.

Le groupe Plastivaloire va-t-il continuer d’investir autant à l’avenir ?

PF : Nous allons ralentir notre effort. L’an dernier, les investissements ont encore porté sur une soixantaine de millions d’euros, mais comme la production ne va pas croitre de façon exponentielle, nous avons prévu pour le nouvel exercice de revenir à un budget plus normatif de 25 à 30 millions d’euros. Notre outil industriel est dimensionné pour des marchés plus dynamiques qu’aujourd’hui et le taux d’utilisation de nos machines n’est aujourd’hui que de 70%. Nous pouvons donc accroitre notre production sans avoir à réinvestir dans l’immédiat.

De quelle marge de manœuvre financière disposez-vous aujourd’hui ?

PF : Notre endettement net a logiquement augmenté pour atteindre 261 millions d’euros après l’acquisition de TransNav pour 90 millions d’euros. Le ratio d’endettement remonte ainsi à 87% des fonds propres. C’est la raison pour laquelle nous ferons une pause dans les acquisitions au cours de deux à trois prochaines années. Ceci étant, nous avons toujours pour objectif de hisser notre chiffre d’affaires à 1 milliard d’euros à l’horizon 2025, ce qui nous amènera sans doute à reconsidérer les opportunités de croissance externe vers 2023/2024, lorsque nous aurons renforcé nos équilibres financiers.

Comment comptez-vous vous implanter en Asie dans ces conditions ?

PF : Nous avons choisi d’y aller à travers une petite co-entreprise pour servir nos clients internationaux et non le marché local. En effet un accord avec un équipementier chinois de rang 1 pourrait nous mettre à terme en position concurrentielle difficile avec ce dernier. L’idée est donc de nous associer avec un acteur de rang 2 ne disposant pas des moyens d’étude et du niveau capitalistique que nous avons. L’opération envisagée nécessitera de notre part un engagement limité à 1 ou 2 millions d’euros. En aucun cas nous ne prendrons un risque financier sur la Chine. Nous n’irons qu’avec l’assurance de nos clients premium allemands qu’ils nous confient des commandes sur un plan mondial. Cela pourrait intervenir rapidement.

Dans quelle mesure le groupe peut-il profiter des enjeux sur la voiture de demain ?

PF : nous sommes relativement peu sensibles au thème de l’électrification des véhicules car nous n’intervenons que très peu sur les pièces de moteurs et certaines sont communes aux différentes motorisations. Il y aura en revanche toujours un habitacle dans une voiture et celui-ci sera de plus en plus sophistiqué. Le plastique a toujours un rôle à jouer pour alléger le poids des voitures et réduire leur niveau d’émission de CO2.

Que peut changer la fusion entre PSA et Fiat Chrysler pour vous ?

PF : Nous avons déjà profité de notre présence chez PSA pour entrer pleinement chez sa nouvelle filiale Opel. De la même manière, PSA devrait avoir la main sur les achats du nouvel ensemble constitué avec Fiat Chrysler. C’est une bonne occasion de conforter notre coopération avec les marques américaines du groupe comme Dodge, mais aussi de développer des relations en Europe avec Fiat qui ne fait pas encore partie de notre portefeuille client.

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